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L'histoire enseigne-t-elle la relativité des valeurs ?

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« VOCABULAIRE: VALEUR: Du latin valor, « mérite », « qualités ». (1) Propriété de ce qui est jugé désirable ou utile (exemple : la valeur de l'expérience).

(2) En morale, norme ou idéal orientant nos choix et nos actions (exemple : le bien, la justice, l'égalité).

(3) En économie politique, on distingue la valeur d'usage d'un objet, qui est relative au degré d'utilité que chacun lui attribue, et sa valeur d'échange (son prix), qui résulte du rapport de l'offre et de la demande. HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). En quoi pourrait-il y avoir un lien entre valeurs et leçons tirées du passé ? Pourquoi l'histoire permettrait-elle de relativiser des valeurs ? Et quelles valeurs ? Ne permet-elle pas au contraire de placer par-dessus tout des valeurs morales telles que l'héroïsme, l'honneur ? Est- ce que relativité signifie un relativisme, une indifférence aux valeurs, une dévalorisation des valeurs ? Pour que l'histoire enseigne quelque chose, il faut croire à l'idée qu'elle délivre un message, donc qu'elle a un sens : faut-il alors penser forcément l'histoire et le progrès comme allant ensemble ? N'est-ce pas l'idéologie du progrès qui est à relativiser et donc en ce sens, les valeurs relativisées sont bien celle du progrès lui-même ? N'est-ce pas aussi la diversité culturelle qui nous permet de penser que les valeurs ne sont pas les mêmes partout ? Est-ce que pour autant, certaines d'entre elles n'ont pas une universalité que d'autres n'ont pas (exemple : la question des droits de l'homme) ? Finalement, est-ce que l'histoire enseigne des valeurs, ou enseigne-t-elle autre chose ? Est-ce que l'histoire peut être une morale ? Est-ce sa fonction ? Ce sujet laisse supposer que la succession des événements passés, à savoir l'histoire, ne serait, sans cesse, qu'apparition de la nouveauté.

En effet, aucune valeur ne parvient à perdurer dans le cours de l'histoire, c'est que sans cesse, de nouvelles valeurs viennent s'imposer.

Chaque époque serait donc porteuse de ses propres valeurs, des valeurs différentes des époques précédentes: chaque époque serait en somme une nouveauté morale.

Mais alors, nous sommes bien en mal avec une autre notion contenu dans le sujet: celle d'enseignement.

En effet, qu'est-ce qu'enseigner si ce n'est transmettre un savoir? Or, un savoir, c'est avant tout un corps cohérent de propositions vraies.

Par exemple, une discipline comme la chimie ne contient pas une addition d'éléments sans rapport entre eux: chaque proposition est prise dans une chaîne de proposition plus large comme élément d'un ensemble logiquement tenu.

En ce sens, si l'histoire nous apprend la relativité des valeurs, elle ne nous enseigne pour ainsi dire rien, puisqu'au lieu d'un savoir organisé, nous n'avons qu'un ensemble incohérent de nouveauté qui se suivent, une addition d'éléments hétéroclites. D'un autre côté, si l'histoire nous permet de saisir une relativité des valeurs, cela signifie qu'aucune valeur ne perdure dans le cours de l'histoire.

Dans cette perspective, s'il est impossible de tirer du joug de l'histoire un dénominateur commun à toutes les périodes, si aucune valeur n'est capable de dépasser le cours d'une époque, c'est qu'aucune de ces dites valeurs n'est donc transcendantes.

En d'autres termes, l'histoire nous enseignerait l'idée que rien ne lui échappe, que tout est soumis, relatif, à l'espace et au temps d'une époque.

En ce sens, l'histoire serait donc l'endroit où tout se passe, tout se déroule, et à la fois, l'endroit où rien ne se sait, un passé qui ne peut rien nous enseigner.

Ne voyons-nous donc dans l'histoire qu'un amas de valeurs sans rapport entre elles, réductibles aux époques où elles ont émergé? En somme, n'y a-t-il de valeur qu'historique? I.

Platon: quitter l'histoire pour trouver l'en soi Dans la République, Thrasymaque évoque la légende de l'anneau de Gygès afin de démontrer à Socrate, qu'au fond, tout homme n'a d'intérêt non pour le juste, mais que pour ce qui l'arrange, même si cela est d'ailleurs contraire au juste.

Cette légende lui permet de sonder habilement l'âme humaine, et de retenir que la vertu n'est qu'un masque que nous nous efforçons de garder sur le visage.

L'homme n'accorde aucune importance à ce qui est légitime: il a seulement peur de la sanction légale et du jugement d'autrui.

L'idée est ici effroyable, puisqu'elle signifie que, si nous ne pouvons pas trouver de valeur morale méta-historique, c'est-à-dire qui dépasse la simple histoire (son temps et son espace), nous pouvons cependant trouver une constante dans le comportement humain: soit une proprension à n'être juste que par convention, chaque homme, et de tous temps, ne souhaitant en vérité en son for intérieur que suivre son simple plaisir (un plaisir transgresseur).

L'instinct est en ce sens en dehors de l'histoire, il est le même chez tout homme et à toute époque. Alors qu'il menait ses bêtes, Gygès, un berger Lydien, vît soudainement la terre s'ouvrire devant lui dans un bruit effroyable.

Une fois le tonnerre passé, il se précipita dans la brêche et put y découvrir, entre mille trésors, un anneau délicatement posé sur une des roches souterraines.

Il la passa au doigt et retrouva la surface ainsi que sa vie quotidienne.

Un jour, alors qu'il participait à une assemblée entre berger, il fît tourner le châton de sa bague et put alors s'apercevoir que les autres berger parlaient comme s'il n'était pas là: il était devenu invisible.

Il rentra chez lui, et s'assura de se pouvoir en faisant pivoter à de multiple reprises l'anneau autours de son doigt: l'effet était confirmé: à chaque tours, il devenait invisible.

Il profita de ce formidable pouvoir pour accompagner dans le plus parfait anonymat des messagers du roi qui passaient par ses terres, et put ainsi se rendre au palais.

Sur place, il séduisit la reine, puis assassinat le roi pour enfin prendre le pouvoir du royaume où il ne vivait auparavant qu'en berger. Par cette argumentation, Thrasymaque entend montrer que, si l'on donne cet anneau à un homme réputé bon et à. »

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