L'histoire des hommes résulte-t-elle de leur liberté ou d'une nécessité ?
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Sujet : L'histoire des hommes résulte-t-elle de leur liberté ou d'une nécessité ?
Discussion : A regarder le passé, deux grandes interprétations en ont toujours été proposées : ou que les hommes avaient depuis l'origine été
soumis à des processus nécessaires, liés à l'évolution, ou qu'au contraire, les accidents de l'histoire s'expliquaient par la volonté des différents
groupes et qu'ils répondaient à des désirs et des besoins circonstanciels.
Suggestion de plan :
Première partie : L'histoire comme progrès
L'idée de nécessité s'accompagne du sentiment que les hommes sont partis d'une situation initiale, primitive, et sont allés vers le perfectionnement
de leurs conditions de vie.
Ils se sont donc employés à mettre en valeur la nature qui les entoure et à domestiquer le monde sauvage.
Il ne s'agirait
pas d'un choix d'existence mais d'une exigence de survie :
« Si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l'histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique
constante de l'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens, mais Homo faber.
» Bergson, L'Évolution créatrice, 1907.
L'histoire ne se comprendrait alors que comme un enchaînement presque inéluctable de faits qui viseraient à sortir les hommes du danger et de la
souffrance.
Les institutions politiques résulteraient d'un même constat, que les rapports entre les individus d'un même groupe doivent être régis
par des lois afin de maintenir la cohésion du tout :
"L'État est la forme historique spécifique dans laquelle la liberté acquiert une existence objective et jouit de son objectivité." Hegel, La Raison dans
l'histoire, 1830.
Deuxième partie : Histoire et domination
Cependant, il ressort clairement de l'évolution des sociétés que celles-ci ne se sont jamais contentées d'assurer leur propre bien-être mais qu'une
volonté hégémonique l'a souvent emporté sur le maintien de la paix intérieure :
"Il (l'homme) abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables; et, quoique, en tant que créature raisonnable, il souhaite une loi qui limite
la liberté de tous, son penchant animal à l'égoïsme l'incite toutefois à se réserver, dans toute la mesure du possible, un régime d'exception pour lui
même." Kant, Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique.
Dans cette mesure, l'on peut dire que l'histoire qui est l'histoire des guerres, des affrontements, des rivalités, est une histoire consciente, issue de la
volonté de puissance et de la volonté de monopoliser les privilèges :
« La vie est [...] la liberté s'insérant dans la nécessité et la tournant à son profit.
» Bergson, L'Énergie spirituelle, 1919.
Troisième partie : La liberté nécessaire
En réalité il n'y a jamais d'un côté la nécessité et de l'autre la liberté ; il n'y a toujours que la tension d'un rapport dialectique.
La liberté est d'abord
une réalité politique et sociale, avant de prendre une dimension psychologique et métaphysique.
La liberté se conquiert :
« L'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté ; - progrès que nous avons à reconnaître dans ce qui en fait la nécessité.
»
Introduction à la Philosophie de l'Histoire, Hegel.
Il n'y a de liberté que dans l'acte de liberté.
Ce qui par contre est là, toujours déjà-là, massivement substantif, c'est la nécessité.
Tout individu entre
dans l'être sous l'impérieuse loi de la nécessité qui régit l'ensemble de l'espace physique et métaphysique.
Ce qui est donc 'naturel', c'est l'ordre de
la nécessité.
L'acte de liberté est 'contre-nature'.
C'est là pourtant qu'émerge le spécifique humain.
La liberté ne peut surgir qu'au creux de la
nécessité.
De même qu'une négation ne peut être qu'à partir d'une affirmation.
Pierre Macherey écrit, commentant Auguste Comte que « la liberté doit jouer un rôle de plus en plus important dans l'évolution humaine, ce qui du
même coup rend injustifiable de ne pas exploiter cette possibilité, en laissant passer l'occasion d'assister le mouvement de l'histoire (c'est-à-dire de
l'empêcher de ralentir ou de rétrograder, deux risques qui menacent en permanence).
C'est pourquoi il y a une responsabilité historique du savant et
du philosophe, qui tient au fait que celui-ci est le mieux placé pour comprendre qu'on ne peut pas changer le cours global de l'histoire, ce qui lui
permet de prendre en charge, pour une part, son développement (sans pouvoir prétendre cependant le diriger).
» Comte pose donc que l'histoire
est emportée dans un cours qui participe de sa vérité, et que ce dynamisme propre ne peut totalement être l'effet d'un calcul.
Conclusion :
L'histoire des hommes est donc une composition étroite des deux termes de liberté et de nécessité ; elle est, par définition ancrée dans une
nécessité originelle mais elle se tisse progressivement de revendications nouvelles qui chaque fois montrent la particularité d'une culture, d'une
civilisation, d'une époque..
»
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