L'histoire dépend-elle en partie du hasard ?
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«
AIDE ENVOYEE PAR L'ELEVE: Le terme d'histoire a deux sens différents, il désigne à la fois le devenir historique et l'enquête sur le passé, sa connaissance.
Ici, c'est dans son premier sens
qu'il faut prendre le terme, l'histoire renvoyant au devenir des sociétés humaines considérées dans le mouvement et dans l'unité des trois dimensions du temps, passé, présent, avenir.
L'histoire nous apparaît ainsi d'abord comme une suite d'événements que l'historien essaye de comprendre.
Il s'attache alors à déterminer les causes de ces événements et à en saisir le sens.
Mais au premier abord, ces événements nous apparaissent dans leur multiplicité et dans leur diversité et lorsque nous nous attachons à mieux saisir un événement, nous remarquons alors bien
souvent que des circonstances hasardeuses sont intervenues.
Nous pouvons alors nous dire que si telle ou telle chose ne s'était pas produite, le cours de l'histoire aurait été différent.
On peut
alors penser à la célèbre formule de Pascal : « Si le nez de Cléopâtre… ».
Nous pourrions alors en quelque sorte faire l'histoire « avec des si… » et à chaque fois remarquer que le hasard entre
en ligne de compte.
Si on saisit alors chaque événement dans sa particularité, on est tenté de penser que l'histoire est le règne du hasard.
Pourtant, si une cohue bigarrée se présente ainsi à
notre regard, comment le récit historique est-il possible, comment la compréhension de l'histoire est-elle possible ? Ici, nous sommes renvoyés au deuxième sens du mot histoire entendu au
sens de récit.
Hegel, dans la Raison dans l'histoire, fait la remarque suivante : « Là, un immense déploiement de forces ne donne que des résultats mesquins, tandis qu'ailleurs, des causes
insignifiantes produisent d'énormes résultat.
Partout, c'est une mêlée bigarrée qui nous emporte, et dès qu'une chose disparaît, une autre aussitôt prend sa place ».
En rester à ce constat, c'est
rendre impossible tout discours sur l'histoire.
Or, si une pensée de l'histoire est possible, n'est-ce pas parce qu'elle n'est pas simplement une suite de hasards ? Si nous pouvons penser l'histoire,
n'est-ce pas parce que l'histoire est pensable ? C'est ce que va montrer Hegel dans la Raison dans l'histoire : sous les apparences du hasard et de la contingence, du singulier et de l'individuel,
il y a un sens total de l'histoire qui explique le passé de l'humanité et commande son avenir.
A travers le jeu des intérêts et des passions se réalise ce que Hegel nomme l'Idée c'est-à-dire la
rationalité profonde de l'histoire universelle.
D'étape en étape, l'histoire ne cesse ainsi de se simplifier et de s'unifier : chaque moment est préférable au précédent et offre le spectacle
d'améliorations spirituelles.
Sans cette notion de progrès, le cours de l'histoire serait incompréhensible.
C'est ainsi que Hegel peut dire que la raison gouverne le monde même si, en apparence
nous croyons que l'histoire n'est que le jeu des passions et des intérêts particuliers.
L'histoire des hommes prise comme totalité connaîtrait un ordre profond, un but et une fin.
Mais quelles sont
les implications d'une telle conception de l'histoire ? Peut-on ainsi encore concevoir l'histoire après les événements tragiques qui ont marqué le 20ème siècle ? Une telle approche ne conduit-elle
pas à délaisser l'importance des événements de la vie quotidienne ? Plutôt que de saisir l'histoire comme une totalité, ne peut-on pas dire qu'il y a des histoires multiples ?
L'avenir n'est pas calculable
Henri Bergson, dans L'Évolution créatrice, critique l'idée de Pierre Simon de Laplace, qui pense que «nous devons envisager l'état présent de l'univers comme
l'effet de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre» (cf.
Essai philosophique sur les probabilités).
La totalité du réel n'est pas déterminée
une fois pour toutes.
L'avenir n'est pas entièrement contenu dans le passé.
« L'état présent du système de la nature est évidemment une suite de ce qu'il était au moment précédent, et, si nous concevons une intelligence
embrasse tous les rapports des êtres de cet Univers, elle pourra déterminer pour un temps quelconque pris dans le passé ou dans l'avenir la position re
généralement les affections de tous ces êtres.
»
Une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces de l'univers et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleur
soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger ato
pour elle et l'avenir comme le passé seraient présents à ses yeux
LAPLACE.
La vie dépend en partie du hasard
Une mutation génétique est le fruit du hasard.
Il s'agit d'un événement imprévisible.
Partant de ce constat, et si l'on considère qu'une société humaine est comparable à un organisme vivant, on doit admettre que son histoire est loin d'être déterminée.
On ne peut pas prévoir
les phénomènes de mode, l'évolution des moeurs, les révolutions politiques et sociales.
L'histoire résulte d'événements fortuits
Le hasard, pour Cournot, est la rencontre fortuite de deux séries d'événements.
Chacune de ces séries obéit à un principe causal.
Qu'il y ait connexion entre elles, voilà qui relève du hasard.
La
trame de l'histoire est à la fois tissée par les hommes et par ces nombreuses rencontres entre séries d'événements n'ayant initialement aucun rapport les unes avec les autres.
a)
On pourrait cependant concilier la contingence et le déterminisme, admettre l'existence d'un véritable hasard qui ne serait pas seulement l'ignorance du déterminisme, tout en continuant
à affirmer le principe du déterminisme.
Il nous suffirait pour cela d'adopter la théorie de Cournot.
Nous pouvons l'exposer très simplement à partir d'un exemple concret.
M.
Dupont se
lève de bon matin et va chez son dentiste ; sa sortie est déterminée : déterminisme pathologique (carie dentaire), déterminisme psychologique (confiance en le dentiste) , déterminisme
social (l'heure du rendez-vous).
Dehors il fait une tempête déterminée par des conditions météorologiques et d'ailleurs prévue.
Conformément aux lois de la mécanique le vent détache
d'un toit une énorme tuile branlante.
La tuile selon la loi de la chute des corps.
Seulement et c'est ici qu'apparaît ce que Cournot nomme le hasard, la tuile tombe juste sur la tête de M.
Dupont.
Le hasard serait donc d'après Cournot le point de rencontre de deux séries de phénomènes dont chacune est déterminée mais qui sont indépendantes l'une de l'autre.
D'autre part
il y a toute la série des événements qui aboutissent à la sortie de M.
Dupont (le mal aux dents, le rendez-vous), d'autre part l'enchaînement des faits qui déterminent la chute de la tuile à
l'instant t.
Le hasard, c'est ici la rencontre d'un déterminisme psycho-patho-sociologique et d'un déterminisme météorologique et mécanique.
b)
Cournot fait donc une place à la contingence sans renier le déterminisme.
Toute la théorie repose sur l'idée que les séries de phénomènes déterminées sont indépendantes les uns des
autres : si vous tombez malade juste le jour de l'examen vous direz que c'est un fâcheux hasard parce que le déterminisme administratif qui a fixé la date du bac et le déterminisme
pathologique par lequel un virus attaque votre organisme sont indépendants l'un de l'autre.
en langage leibnizien, on pourrait dire que dans chaque série causale l'ordre des successions est
déterminé, les parties du temps sont liées entre elles ; les parties de l'espace au contraire, considérées comme l'ordre des coexistences, ne le sont point.
Affirmer le hasard, c'est pour
Cournot nier la solidarité des séries causales.
[L'histoire est soumise à la providence divine.
Dieu, qui est tout-puissant, gouverne le cours des événements.
Rien, dans l'histoire, ne relève d'événements fortuits.
La
providence divine gouverne le destin des individus comme celui des peuples.
Il ne peut qu'en être ainsi.
Telle est la marque de la toute-puissance de Dieu.]
La justice divine est infaillible
Si l'histoire était, en partie, faite d'événements fortuits, cela voudrait dire que certaines choses échappent à la volonté divine.
Or, pense Bossuet, voilà qui est parfaitement inconcevable.
Tout
ce qui arrive a été voulu par Dieu.
Tout concourt à une fin unique, même ce qui peut sembler injuste ou incompréhensible aux yeux de la raison humaine.
L'histoire est l'accomplissement de la
justice divine..
»
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