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L'histoire de l'humanité obéit-elle à une finalité supérieure ?

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« [Sans même le vouloir, les hommes suivent un projet naturel dont la finalité est de les conduire à réaliser une société fondée sur la raison.

L'histoire est la réalisation de ce projet.] L'humanité progresse, même si les individus demeurent les mêmes Les hommes, pris en eux-mêmes, sont toujours aussi égoïstes et vaniteux.

Cela ne signifie pas que le monde reste ce qu'il a toujours été.

Au-delà des actes individuels, la nature conçoit pour l'humanité une finalité supérieure qui ne dépend ni de la volonté de chacun, ni de celle des peuples. Les actes humains libres sont aussi des phénomènes déterminés de la nature (cf.

fiche 45).

Le cours en est brouillé dans le détail, visible dans l'ensemble : c'est un développement continu bien que lent.

Le progrès est moral.

Les progrès de l'histoire ne portent cependant pas sur la moralité de la volonté (dans l'intimité de la conscience), mais sur la moralité du comportement (extérieurement conforme à ce qu'il faut faire) : c'est donc bien vers une société où les lois seraient parfaites et parfaitement respectées, et non une communauté angélique, que l'histoire s'achemine. Si le cours de l'histoire est rationnel, donc prévisible, il y a trois cas possibles : ou bien l'histoire est en perpétuelle régression, ou bien elle est en perpétuelle progression, ou bien elle est en perpétuelle stagnation, perdant toujours les progrès qu'elle gagne (histoire cyclique).

Il semble que l'histoire est en progrès continu vers une société juridique parfaite, sans pouvoir accomplir le saut final dans une société morale parfaite. Cependant, rien ne prouve qu'un progrès est perpétuel : l'expérience des hommes ne nous permet pas de savoir s'ils feront toujours bon usage de leur liberté, puisqu'ils sont précisément libres.

Il faut donc chercher un signe historique qui indique que le progrès est inévitable. L'intérêt désintéressé que chacun montre pour les grands événements publics témoigne de ce que nous ne sommes pas enfermés dans l'intérêt particulier, mais que nous nous soucions aussi du bien de l'espèce en général.

Le sentiment d'où l'homme des Lumières tire sa certitude du progrès du genre humain, c'est l'enthousiasme, jubilation pour la réalisation d'un idéal de droit auquel on n'a pas immédiatement et individuellement intérêt. L'insociable sociabilité est-elle le moteur de l'Histoire ? "J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société.

L'homme a un penchant à s'associer car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par le développement de ses dispositions naturelles.

Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher, car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens ; et de ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de tous côtés, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres.

C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse et, sous l'impulsion de l'ambition, de l'instinct de domination ou de cupidité, à se frayer une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer.

[...] Remercions donc la nature pour cette humeur peu conciliante, pour la vanité rivalisant dans l'envie, pour l'appétit insatiable de possession ou même de domination.

Sans cela, toutes les dispositions naturelles excellentes de l'humanité seraient étouffées dans un éternel sommeil." Emmanuel Kant, La Philosophie de l'histoire (1784). Ce que défend ce texte: L'homme est un être contradictoire : deux principes antagonistes le dirigent et apparaissent chez lui sous la forme de « penchants » ou « inclinations ». D'abord celui de s'associer, car il sent que c'est dans l'union avec autrui qu'il peut davantage développer ses dispositions naturelles, en particulier grâce à la division du travail qui favorise dans l'État toutes les activités qui l'épanouiront.

Ce premier penchant, Kant le nomme sa « sociabilité ». Mais il existe en même temps, chez lui, un second penchant : celui de se détacher des autres en recherchant uniquement la satisfaction de son intérêt privé.

Cette tendance à s'isoler, en ne considérant que soi et son bien propre, ce penchant à « vouloir tout diriger dans son sens », Kant le nomme « insociabilité ».. »

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