l'histoire de l'humanité justifie-t-elle une réflexion philosophique ?
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«
Analyse du sujet: C'est le devenir de l'humanité, cad de l'ensemble des hommes considérés comme formant un
tout, qui est interrogé dans cet intitulé.
Relève-t-il d'une réflexion portant sur l'homme et sur son destin dans le
monde ?
Adaptez bien des connaissances développées et explicitées durant l'année (Kant, Hegel, etc.).
INTRODUCTION
Le fait de justifier peut prendre plusieurs acceptions.
La première tend à rapprocher la justification de
l'explication, il s'agit alors dans notre sujet de nous poser la question suivante : l'histoire est-elle à l'origine de la
pensée philosophique ? Le deuxième sens est plus fort que le premier et identifie la justification au fondement, ou
encore à la condition de possibilité.
Une différence importante doit être soulignée entre la philosophie et l'histoire.
La
première est le domaine stable de la pensée, la seconde le domaine fluctuant de l'être.
Cependant l'histoire comme
réservoir des événements passés semble être une matière possible pour la pensée philosophique, elle s'offre comme
une occasion pour la pensée de s'exercer.
En ce sens elle justifie la pensée philosophique dans la mesure où elle
attend d'elle un éclaircissement du chaos qui la caractérise.
L'ambivalence propre au rapport entre l'histoire et la
philosophie doit être résolue afin de décider si oui ou non la première peut être considérée comme une justification
de la seconde.
Pour résoudre cette difficulté il faudra répondre successivement à ces trois questions : y a-t-il
opposition entre l'histoire et la philosophie ? Et si oui pourquoi ? Y a-t-il un sens à l'histoire ? L'histoire fonde-t-elle
la pensée philosophique ?
PLAN DETAILLE
Première partie : Distanciation voire opposition entre l'histoire et la philosophie.
1.1 Histoire et mémoire, philosophie et jugement.
« Nous ne serons jamais philosophes si nous avons lu tous les raisonnements de Platon et d'Aristote, et qu'il
nous est impossible de porter un jugement ferme sur une question donnée, et nous paraîtrons avoir appris non des
sciences, mais de l'histoire.
» DESCARTES, Règles pour la direction de l'esprit, III.
Descartes souligne ici le contraste existant entre la philosophie et l'histoire.
En effet la pensée philosophique
est avant tout jugement et de ce fait se distingue de l'histoire conçue comme réservoir d'événements passés.
En ce
sens l'histoire ne peut être conçue comme un terrain propice à la réflexion philosophique.
1.2 L'opposition entre la philosophie et l'histoire réside dans la différence existant entre leurs
objets : la première porte sur la pensée, la seconde sur l'être.
«Il semble qu'il y ait opposition entre philosophie et histoire : celle-ci se tient au fait et au donné et est
d'autant plus vraie qu'elle s'y tient ; la philosophie au contraire n'a affaire qu'à sa propre pensée, elle produit
d'elle-même la spéculation sans avoir égard à ce qui est.
Qu'elle se tourne vers l'histoire, et elle la traitera comme
une matière qu'elle reconstruira à son gré et a priori.
» HEGEL, Histoire de la philosophie.
Transition : si la distanciation entre la philosophie et l'histoire semble bien remettre en cause la possibilité
pour la seconde d'être une justification de la première, pour autant est-ce que toute relation est exclue ? Si la
différence est indéniable pour autant on ne peut nier que la philosophie peut être une matière pour la pensée
philosophique.
Deuxième partie : Y a-t-il un sens à l'histoire ?
2.1 Le dépassement de la singularité.
«On se demande quelle est la fin de toutes ces réalités individuelles.
Elles ne s'épuisent pas dans leurs
buts particuliers.
Tout doit contribuer à une œuvre.
A la base de cet immense sacrifice de l'Esprit doit se trouver
une fin ultime.
La question est de savoir si, sous le tumulte qui règne à la surface, ne s'accomplit pas une œuvre
silencieuse et secrète dans laquelle sera conservée toute la force des phénomènes.
» HEGEL, La raison dans
l'histoire.
Le sens de l'histoire n'est accessible qu'à partir du moment où l'on dépasse la singularité des événements
pour accéder à une forme d'universalité.
2.2 Un plan derrière ce chaos.
Dans l'Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique Kant souligne que l'on ne doit pas
s'arrêter au chaos apparent des événements.
En effet au sein de l'histoire se réalise un plan de la nature qui vise
notamment le progrès de l'humanité rendu possible par le développement progressif des dispositions naturelles de
l'homme..
»
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