L'histoire a-t-elle un sens ?
Extrait du document
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RAPPEL DE COURS: HISTOIRE SENS
Remarquons d'abord que la conception de l'histoire dépend de la représentation du
temps, selon qu'elle est linéaire ou cyclique.
La conception moderne et optimiste
d e l'histoire comme progrès suppose un temps linéaire, orienté ou finalisé.
Au
contraire, la représentation cyclique du temps, inspirée des rythmes de la nature,
induit plutôt un fatalisme et un pessimisme historique, où prédomine l'idée d'une
décadence et d'une mort des civilisations (Montesquieu).
Chercher un sens à l'histoire, c'est d'abord vouloir lui donner une unité rationnelle,
par-delà le désordre apparent des événements.
C'est ensuite pouvoir distinguer
l'essentiel de l'accidentel : en effet, on dira qu'un événement historique est celui
qui va dans le sens d e l'histoire, ou qui marque une étape importante dans le
cours de l'histoire.
Ainsi l'assassinat d'un seul homme peut avoir une importance
historique (l'attentat d e Sarajevo, à l'origine d e la Première Guerre mondiale),
alors que des famines ou des guerres meurtrières peuvent n'avoir aucune
incidence historique.
L'importance morale ou humanitaire ne doit pas se confondre
avec l'importance historique ou politique.
Les grandes philosophies de l'histoire, celles de Kant ou Hegel (La Raison dans
l'histoire), considèrent que la liberté est « la fin de l'histoire » ; c'est-à-dire que
l'histoire est orientée vers ce but, et qu'une fois une société libre réalisée, l'histoire
est « finie » : non que le temps s'arrête, mais qu'aucun nouveau progrès n'est
possible.
Pour Marx, la fin d e l'histoire est une société sans classes, le
communisme, le « moteur » de l'histoire étant la lutte des classes.
Alors que Hegel
développe un idéalisme historique (l'histoire universelle est la réalisation de l'idée
de liberté), Marx défend un « matérialisme historique », selon lequel les conditions
matérielles de production (l'économie) déterminent chaque époque historique.
Analyse du sujet
·
Eléments de définition
Histoire = du grec historia, qui signifie recherche, chercher à savoir, rapporter ce qu'on sait.
1Transformation dans le temps des sociétés humaines ; succession des états par lesquels passe une réalité
(individu, pays, civilisation, théorie, champ culturel, etc.)
2Discipline scientifique qui est l'étude de l'histoire en ce premier sens et qui a pour objet sa reconstitution
et son explication.
Sens = Il s'agit là d'un synonyme de signification.
La direction d'un mouvement, l'orientation d'un processus ; la
destination des êtres humains et d e leur histoire, la raison d'être d e leur existence et des leurs actions, le
principe conférant à la vie humaine sa valeur.
Nietzsche, La généalogie de la morale, 3 e dissertation, §28.
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 3 e partie, ch.
3 + Humanisme et terreur, 2 e partie, ch.
1.
·
Angles d'analyse
Il s'agit ici de s'interroger sur la nature même de l'histoire au travers de la double signification du mot « sens » : on peut en effet
entendre la proposition « l'histoire a un sens » selon deux dimensions fondamentales, dont la première est sa signification, et la seconde
son orientation.
Il s'agit donc d'étudier l'histoire à l a fois dans sa dimension statique (comme ensemble des faits passés) et dans sa
dimension dynamique afin de voir si elle tend vers quelque chose, et si oui quel est-il.
On comprend, dans cette perspective, que c'est aussi le rôle de l'historien qui est en jeu ici : si l'histoire a un sens, en tant que ce
dernier lui apparaît comme propriété intrinsèque, alors l'historien est celui qui est capable de découvrir ce sens.
Mais si l'histoire n'a pas
de sens en elle-même et pour elle-même, que vaut l'interprétation historique en tant qu'elle ne se contente pas de conserver le passé
mais aussi qu'elle cherche à en rendre raison, à l'expliquer (et donc à lui donner du sens) ?
C'est le statut de l'histoire comme discipline, tout comme sa nature, qui sont, au fond, ici mis à la question.
De la m ê m e manière, si l'histoire possède un sens, au sens d'orientation, vers quoi tend-il asymptotiquement ? Est-il cette
condition du progrès ?
Problématique
Peut-on donner à l'histoire un sens de telle sorte que non seulement une signification véritable puisse être donnée aux
événements passés, mais encore qu'une orientation puisse être révélée, qui plus est une orientation vers un mieux, un progrès de
l'humanité ? L'histoire possède-t-elle à titre de propriété intrinsèque un sens, c'est-à-dire encore à la fois une signification et une
direction ? Il s'agira donc, a fortiori, d e définir quel est le rôle d e l'historien : découvre-t-il, ou au contraire, fabrique-t-il le sens de
l'histoire ? S'emparer du sens tapi au fond du passé, voilà ce que veut l'historien.
Mais qui peut nous assurer que, lassé de poursuivre une
proie invisible, il ne fabrique pas en secret un simulacre de sens ?
On comprend en ce sens que la question engage d'une part la nature même de l'histoire, mais aussi, et plus profondément peut-être, le
statut de l'historien lui-même.
Plan.
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