Aide en Philo

L'histoire a-t-elle pour objet l'événement ?

Extrait du document

« Sujet : L'histoire a-t-elle pour objet l'événement ? [L'événement constitue la matière première de l'histoire. L'historien identifie d'abord les grands événements, puis cherche à les relier dans un ensemble cohérent.] L'événement se mesure à ses effets On ne demande pas à l'historien de rapporter tous les faits du passé.

La mort d'un homme quelconque est certes un drame pour ses proches, mais elle n'affecte pas la collectivité.

En revanche, la mort d'un roi ou d'un tyran peut entraîner des bouleversements à l'échelle d'un pays.

Seront considérés comme «événements» les faits qui retentissent sur le destin des peuples, des nations, voire de l'humanité tout entière. L'histoire se fait dans les batailles et les traités Parmi les faits qui méritent d'être étudiés par l'historien, les événements politiques, diplomatiques et militaires tiennent une place prépondérante.

En effet, leur influence est telle que s'ils n'avaient pas eu lieu, on peut raisonnablement penser que la face du monde en aurait été changée.

Tel est le cas, par exemple, de la révocation de l'Édit de Nantes ou, plus près de nous, de la chute du Mur de Berlin. L'historien relie et ordonne les événements Repérer les événements déterminants du passé ne suffit pas.

Pour que la science historique s'élève au-dessus de la simple narration, il faut, selon Cournot, que l'historien puisse discerner parmi ces événements des «faits généraux» et montrer comment ces faits commandent tous les autres.

Ainsi, l'histoire apparaît comme une suite ordonnée d'événements qui découlent les uns des autres. [L'histoire événementielle n'aperçoit que l'aspect le plus superficiel des choses.

Aussi l'historien doit-il privilégier une approche plus globale du passé.] L'histoire ne se réduit pas à la diplomatie A ne considérer que la chronique des événements «historiques», on pourrait croire que l'histoire est faite exclusivement par les rois et les généraux.

Mais c'est négliger la masse agissante des humbles et des anonymes, qui font tout autant l'histoire que les grands de ce monde.

Ainsi, dans l'étude que Braudel consacre au monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, l'oeuvre de ce dernier est volontairement reléguée au second plan. C'est la civilisation qui façonne les hommes L'historien ne peut se contenter de faire le récit des événements; il doit, pour comprendre le passé, s'intéresser également aux institutions, aux moeurs, aux idées, aux arts, aux techniques, aux échanges, etc.

D'où l'importance que Braudel accorde à l'étude des civilisations, lesquelles déterminent le destin des hommes plus sûrement que n'importe quel traité. Le temps historique est pluriel Au temps bref de l'individu et de l'événement, «agitation de surface» éminemment trompeuse, Braudel ajoute le temps social et économique, au rythme plus lent, et le temps géographique, durée «quasi immobile» qui régit les rapports des hommes avec leur milieu naturel.

Il revient donc à l'historien de sortir du cadre étroit de l'événement pour étudier les phénomènes de plus longue durée. [] On peut, comme le fait Braudel, reprocher à l'histoire purement «événementielle» d'être à la fois élitiste et superficielle.

Élitiste, parce qu'elle considère que les seuls acteurs de l'histoire sont ceux qui sont sur le devant de la scène; superficielle, parce qu'elle ne retient que l'«écume» de la réalité historique.

L'historien, cependant, ne saurait se passer complètement de l'événement, à moins de ne tenir pour rien l'action des hommes qui ont tenté, à leur niveau et avec leurs moyens, d'influer précisément sur le cours de leur histoire.

Réhabiliter l'événement, c'est donc affirmer avec force que l'avenir n'est pas déjà écrit et que, par le jeu politique, les hommes peuvent prendre en main leur destin.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles