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L'héritage chrétien en philosophie (Saint Augustin, Saint Thomas d'Aquin) ?

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Durant toute l'Antiquité, l'homme imaginait des dieux à sa mesure, humble tentative de lutte contre la fatalité et l'arbitraire qui paraissaient la loi du monde : c'était la mythologie. Mais voilà que Dieu crée les hommes à son image, retournement immense apporté par la révélation chrétienne : c'est l'apparition de la métaphysique. A travers les persécutions et les martyrs, le christianisme a gagné tout l'Empire romain entre les IIIe et Xe siècles, et par là même il a christianisé l'héritage grec. Le christianisme occidental devient ainsi la composante majeure de la pensée de la civilisation qui nous précède, y compris la pensée rationaliste, dans la mesure même où elle s'est constituée contre lui. Le christianisme ne cessera plus d'être au coeur de l'histoire humaine qu'il anime de sa chaleur vitale et de la force dilatante et communicative dont le Sermon sur la Montagne donne le meilleur exemple. Athée, un européen est encore prisonnier d'une éthique, de comportements psychiques, puissamment enracinés dans la tradition chrétienne (Fernand Braudel). Le devoir ancien de justice tel qu'il apparut chez Cicéron et fut célébré par Rome est bouleversé par le nouvel idéal de charité qui le transfigure. Le christianisme fait appel à l'amour pour établir dès ici-bas le règne de Dieu, et chacun dans cette oeuvre est égal aux autres hommes : tous égaux devant Dieu.

Un seul commandement entraîne tous les autres : aimer Dieu. Comment aimer Dieu ? en aimant son prochain. Mutation prodigieuse, si l'on songe qu'Aristote lui-même pensait l'esclavage nécessaire, et étendait l'incapacité d'être vertueux à tous ceux qui avaient une activité manuelle ou lucrative. Or voici que Dieu se fait homme et menuisier! La pensée grecque affirmait l'intelligibilité du monde et le pouvoir de l'homme de régler rationnellement sa conduite, mais souffrait d'un déséquilibre profond, car elle voyait cruellement en même temps le péché humain et cherchait un sauveur. Cette opposition est l'une des clefs de la tragédie grecque. Origène (185-254) d'Alexandrie offre la première synthèse : Bonté de Dieu. Création des âmes. Libre révolte des âmes s'opposant à leur père. Rédemption de ces âmes par jésus-Christ. Sanctification des âmes par l'esprit. Tout cela s'enchaîne dans un système harmonieux qui rassemble l'essentiel de la doctrine de la jeune Église. C'est en vain que Plotin veut riposter. Origène accélère la conversion des grecs à l'Évangile. Plus tard, et après des batailles autour de la filiation du Dieu-homme et de Dieu-le-Père, saint Augustin reprend l'effort d'Origène et de saint Athanase; il établit vigoureusement les fondations de la doctrine de l'Église.

« Durant toute l'Antiquité, l'homme imaginait des dieux à sa mesure, humble tentative de lutte contre la fatalité et l'arbitraire qui paraissaient la loi du monde : c'était la mythologie.

Mais voilà que Dieu crée les hommes à son image, retournement immense apporté par la révélation chrétienne : c'est l'apparition de la métaphysique. A travers les persécutions et les martyrs, le christianisme a gagné tout l'Empire romain entre les IIIe et Xe siècles, et par là même il a christianisé l'héritage grec. Le christianisme occidental devient ainsi la composante majeure de la pensée de la civilisation qui nous précède, y compris la pensée rationaliste, dans la mesure même où elle s'est constituée contre lui.

Le christianisme ne cessera plus d'être au coeur de l'histoire humaine qu'il anime de sa chaleur vitale et de la force dilatante et communicative dont le Sermon sur la Montagne donne le meilleur exemple. Athée, un européen est encore prisonnier d'une éthique, de comportements psychiques, puissamment enracinés dans la tradition chrétienne (Fernand Braudel). Le devoir ancien de justice tel qu'il apparut chez Cicéron et fut célébré par Rome est bouleversé par le nouvel idéal de charité qui le transfigure.

Le christianisme fait appel à l'amour pour établir dès ici-bas le règne de Dieu, et chacun dans cette oeuvre est égal aux autres hommes : tous égaux devant Dieu. Un seul commandement entraîne tous les autres : aimer Dieu.

Comment aimer Dieu ? en aimant son prochain. Mutation prodigieuse, si l'on songe qu'Aristote lui-même pensait l'esclavage nécessaire, et étendait l'incapacité d'être vertueux à tous ceux qui avaient une activité manuelle ou lucrative.

Or voici que Dieu se fait homme et menuisier! La pensée grecque affirmait l'intelligibilité du monde et le pouvoir de l'homme de régler rationnellement sa conduite, mais souffrait d'un déséquilibre profond, car elle voyait cruellement en même temps le péché humain et cherchait un sauveur.

Cette opposition est l'une des clefs de la tragédie grecque. Origène (185-254) d'Alexandrie offre la première synthèse : Bonté de Dieu.

Création des âmes.

Libre révolte des âmes s'opposant à leur père.

Rédemption de ces âmes par jésus-Christ.

Sanctification des âmes par l'esprit.

Tout cela s'enchaîne dans un système harmonieux qui rassemble l'essentiel de la doctrine de la jeune Église.

C'est en vain que Plotin veut riposter.

Origène accélère la conversion des grecs à l'Évangile. Plus tard, et après des batailles autour de la filiation du Dieu-homme et de Dieu-le-Père, saint Augustin reprend l'effort d'Origène et de saint Athanase; il établit vigoureusement les fondations de la doctrine de l'Église. Saint Augustin (354-430) Né dans le paganisme, saint Augustin est d'abord manichéen, (Maries avait enseigné en Iran au IIIe siècle qu'il existe dans l'univers deux principes opposés et égaux en force.

Un principe du bien et un principe du mal : un principe lumineux, Ormuze, et un principe ténébreux, Arhiman, qui ne cessent de se combattre.

L'homme tient des deux : de par son corps qui est pesanteur, il appartient au monde des ténèbres.

De par son esprit qui est grâce, il appartient au monde lumineux.

Mais, il est incapable de dépasser cette opposition désespérante entre le bien et le mal faussement identifiés à l'esprit et à la matière.

Un avatar du manichéisme sera, bien plus tard, l'hérésie Cathare). Saint Augustin ignorait encore la Rédemption.

Il découvre l'Évangile et la conciliation du corps et de l'esprit : le besoin d'incarnation de l'homme et sa soif de transcendance. Devenu évêque d'Hippone en 396, saint Augustin luttera contre le manichéisme et contre ceux qui, avec Pélage, pensaient que l'homme n'a pas besoin de la grâce de Dieu pour accéder à Dieu (La Cité de Dieu.

Les Confessions). Pour saint Augustin l'homme peut entrevoir Dieu parce que, par sa nature, il le reflète : plus il deviendra saint, mieux il reflétera son père, et mieux il le comprendra. Mais l'effort vers la sainteté est rendu difficile par le péché hérité de la révolte d'Adam.

(Le premier homme avait reçu tous les pouvoirs de Dieu, et jouissait de la disposition instantanée et universelle du monde.

Mais, créé et participant à la création, il ne pouvait créer lui-même.

Il céda à la tentation suprême : fais-toi Dieu! Par là même il se coupait de son créateur, perdait ses pouvoirs, et se retrouvait corps confronté à l'hostilité du monde, et entaché, lui et sa descendance, du péché originel.

Le monde n'est pas seulement hostile : il contient des sujets de convoitise, donc le péché.) Tout homme naît ennemi de Dieu.

Mais la grâce du Christ permet à chacun de s'arracher au péché originel et à la convoitise qui en est issue : c'est une lumière et une force qui découlent de jésus et de sa mort. Homme-Dieu, jésus apaise Dieu en répandant son sang.

Dieu-Homme, il convertit l'homme en touchant son coeur par le spectacle de son anéantissement, en l'attirant à lui par l'Église qu'il a fondée, et par les sacrements qu'il a institués pour restaurer dans le pécheur la ressemblance divine. Le christianisme assimile le monde antique et prépare le monde moderne.

Il englobe, comme dira Péguy, sa terreur et sa pitié, tout l'effort humain. Il allait hériter de la terreur tragique, Il allait hésiter de la pitié tragique, Il allait en tirer l'ardente charité. (Suite d'Ève). Primauté de la personne humaine Le christianisme, c'est pour l'humanité l'idéal de la personne humaine.

La personne a une nature religieuse et morale. »

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