« L'habitude est un facteur essentiel du comportement, le plus intelligent, le plus plastique. Tout comportement intelligent aboutit sans cesse à de nouvelles habitudes. Savoir monter des mécanismes, c'est faire économie d'effort et c'est créer l'outil n
Extrait du document
«
« L'habitude est un facteur essentiel du comportement, le plus intelligent, le plus plastique.
Tout
comportement intelligent aboutit sans cesse à de nouvelles habitudes.
Savoir monter des mécanismes,
c'est faire économie d'effort et c'est créer l'outil nécessaire au travail.
» Analyser et apprécier cette
formule d'un psychologue.
INTRODUCTION.
- Il est commun de considérer l'habitude comme un obstacle à l'activité intelligente.
Contre cette
conception du vulgaire la pensée contemporaine réagit avec force, témoin ces affirmations d'un psychologue
contemporain : « L'habitude est un facteur essentiel...
».
I.
Analyse.
— Ces quelques lignes sont pleines d'idées, mais d'idées jetées sans ordre : tâchons de les ordonner et
de préciser le contenu de ces phrases.
1° L'intelligence, tout comme les autres facultés et comme les organes, ne peut pas s'exercer sans contracter des
habitudes que renforce la répétition des actes : « Tout comportement intelligent aboutit sans cesse à de nouvelles
habitudes.
»
2° Loin de constituer une régression, ces habitudes marquent un progrès : elles sont nécessaires, en effet, aux
formes supérieures de l'activité intellectuelle, à raison même de leur supériorité; c'est lorsqu'elle doit s'adapter ou se
mouler aux circonstances les plus particulières (être « plastique ») que l'intelligence a le plus besoin d'habitudes.
3° C'est pourquoi quiconque est appelé à vivre de la vie de l'esprit doit, tout comme celui qui apprend un métier
manuel, monter des automatismes intellectuels, condition de rendement meilleur et à moindres frais.
II.
Appréciation.
— Les réflexions que nous venons d'analyser ne sont pas discutables mais elles doivent être bien
comprises si on ne veut pas se faire une fausse idée des rapports de l'habitude et de l'intelligence.
1° Toute activité, du moins chez le vivant, tend à créer une habitude qui facilite la répétition de l'acte primitif ou
même en suscite le besoin.
Mais l'activité habituelle est d'un ordre inférieur : les habitudes intellectuelles ne mettent
en jeu que des formes inférieures de la vie mentale.
2° Par suite, l'habitude peut être un instrument indispensable au service de l'intelligence quand celle-ci s'applique à
la solution de problèmes complexes.
Mais elle ne saurait la remplacer sans aboutir un jour ou l'autre à des
comportements inintelligents, tout comme la machine la plus perfectionnée ne saurait dispenser de la surveillance du
mécanicien nécessaire pour faire face aux situations imprévues.
3° Néanmoins, l'effort constant de l'esprit pour s'adapter aux circonstances et réprimer la routine naissante crée,
non plus seulement des habitudes intelligentes, c'est-à-dire conformes à ce que l'intelligence a choisi ou choisirait si
elle intervenait, mais encore une habitude d'intelligence, c'est-à-dire l'habitude de s'abandonner de moins en moins
au pur automatisme, les automatismes passant de plus en plus sous le contrôle de l'intelligence : c'est là l'habitude
la plus précieuse, celle qui conditionne toute activité supérieure.
CoNcLusion.
— La vraie valeur est constituée par ce qu'on est, non par ce qu'on a, et les habitudes font partie de
l'avoir, tandis que l'intelligence appartient à l'être.
Mais ce que nous sommes ne nous est pas donné dès notre
naissance et pour réaliser ce qu'on est virtuellement un certain avoir est nécessaire.
Il faut donc acquérir des
habitudes, en veillant, toutefois, à les maintenir à leur rang d'avoir, c'est-à-dire à en rester le maître : le jour où
elles constitueraient notre être, tout progrès nous serait devenu impossible et nous ne pourrions même plus
augmenter notre avoir..
»
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