L'expérimentation consiste-t-elle à forcer la nature à répondre aux questions qu'on lui pose ?
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On a coutume d’attribuer à la science la nécessité d’une méthode expérimentale, c'est-à-dire de ne considérer comme vérité scientifique que ce qui a été confirmé par une expérience rigoureusement conduite et en mesure d’être répétée à l’identique. La méthode expérimentale fait partie de la démarche scientifique, car elle vient terminer et confirmer le résultat obtenu par le calcul scientifique. Une vérité peut être adoptée quand elle a été validée ultimement par l’expérience. L’expérience scientifique justifie donc la vérité d’un énoncé scientifique. Parce que l’expérience scientifique vient simplement confirmer un énoncé, il semble qu’elle ne participe pas de la découverte scientifique, et l’on peut voir dans cette démarche scientifique davantage un désir de valider des prémisses posées a priori plutôt qu’une recherche désintéressée de la vérité à travers l’expérience offerte. L’expérience scientifique consiste-t-elle à forcer la nature à répondre aux questions qu’on lui pose ?
1ère partie : L’expérience scientifique n’est pas une réponse de la nature mais une confirmation d’une réponse scientifique.
2ème partie : Mais l’expérience scientifique consiste aussi à provoquer la nature et à la faire parler comme on l’entend.
3ème partie : L’expérience scientifique peut être une réponse inattendue : il s’agit de forcer la nature à se révéler telle qu’elle est.
«
THÈMES DE RÉFLEXION
• Le Vocabulaire de la philosophie de Lalande.
Expérience :
« A) Le fait d'éprouver quelque chose, en tant que ce fait est considéré non seulement comme un phénomène
transitoire, mais comme élargissant ou enrichissant la pensée : « Faire une dure expérience ».
B) Ensemble des
modifications avantageuses qu'apporte l'exercice à nos facultés, des acquisitions que fait l'esprit par cet exercice,
et d'une façon générale, de tous les progrès mentaux résultant de la vie.
C) L'exercice des facultés intellectuelles,
considéré comme fournissant à l'esprit des connaissances valables qui ne sont pas impliquées par la nature seule de
l'esprit, en tant que pur sujet connaissant.
Il est usuel de distinguer en ce sens l'expérience externe (perception) et
l'expérience interne (conscience).
D) Expérimentation : Une expérience est le fait de provoquer, en partant de
conditions bien déterminées, une observation telle que le résultat de cette observation, qui ne peut être assigné
d'avance, soit propre à faire connaître la nature ou la loi du phénomène étudié...
On discute sur la question de savoir si l'observation doit être opposée à l'expérience uniquement par l'intervention
active de l'expérimentateur dans cette dernière ou si, pour qu'il y ait vraiment expérience au sens propre, l'on doit
lui adjoindre l'intention soit de vérifier par son moyen une hypothèse déjà formulée, soit de faire naître une idée : «
expérience pour voir ».
• C'est avant tout le sens D qui doit retenir notre attention.
Mais les trois premiers sens ne sont pas à dédaigner;
d'une
part parce qu'ils nous amènent à considérer que (au moins) certaines connaissances ne peuvent pas être données a
priori et qu'ils posent le problème du lien unissant de telles connaissances à la réalité sensible; d'autre part parce
qu'ils nous amènent à penser qu'il ne suffit pas de dire que lorsqu'il y a activité de l'esprit pour penser et agir sur le
monde il y a expérience scientifique...
et qu'il faut donc déterminer les conditions spécifiques de cette activité.
• Admettons que nous appelions « expérience » toute intervention (pratique (et) ou mentale) volontaire du
chercheur dans l'étude des phénomènes naturels et humains.
• L'observation peut-elle être une « expérience » scientifique...? à quelles conditions ? Elle peut être spontanée,
fortuite (en ce cas peut-on dire que c'est une expérience scientifique ?).
Elle peut être provoquée : Le chercheur
peut modifier un phénomène naturel ou créer un dispositif expérimental destiné à « voir ce qui va se passer » et à lui
suggérer une hypothèse.
(C'est ce qu'on a appelé l'expérience « pour voir »).
Il faut cependant remarquer ici que
sans un certain savoir scientifique il ne saurait y avoir expérience « pour voir » scientifique...
(Pour que l'expérience
« pour voir » s'inclue dans le processus de « la » science, encore faut-il qu'elle s'inscrive dans un certain « champ
théorique » à un certain moment donné, même si, dans l'expérience « pour voir », il ne s'agit pas précisément de
confirmer ou d'infirmer une hypothèse précise.)
• Le critère activité-passivité peut-il suffire pour distinguer l'observation de la vérification ?
On peut remarquer d'une part que l'observation provoquée consiste à faire naître une hypothèse au moyen d'un
dispositif volontairement et « activement » créé.
D'autre part il peut exister dans « la nature » ou dans les «
sociétés humaines » des faits identiques à de véritables modifications « expérimentales ».
« L'expérimentation » dans ce cas consiste à éprouver, à vérifier certaine(s) hypothèse(s) au moyen de ces faits.
• On est ainsi amené à se demander si l'expérience peut être dite scientifique dans la mesure où elle « questionne »
selon des « champs théoriques » (quitte à ce que ceux-ci soient remis en cause ultérieurement par le
questionnement) en mettant à l'épreuve de la vérification ce questionnement.
Cette vérification n'incluant pas
nécessairement la production, la reproduction du phénomène à comprendre (c'est-à-dire à prendre ensemble, à
prendre dans un champ théorique — quitte à modifier celui-ci).
Introduction :
On a coutume d'attribuer à la science la nécessité d'une méthode expérimentale, c'est-à-dire de ne considérer
comme vérité scientifique que ce qui a été confirmé par une expérience rigoureusement conduite et en mesure
d'être répétée à l'identique.
La méthode expérimentale fait partie de la démarche scientifique, car elle vient terminer
et confirmer le résultat obtenu par le calcul scientifique.
Une vérité peut être adoptée quand elle a été validée
ultimement par l'expérience.
L'expérience scientifique justifie donc la vérité d'un énoncé scientifique.
Parce que
l'expérience scientifique vient simplement confirmer un énoncé, il semble qu'elle ne participe pas de la découverte
scientifique, et l'on peut voir dans cette démarche scientifique davantage un désir de valider des prémisses posées
a priori plutôt qu'une recherche désintéressée de la vérité à travers l'expérience offerte.
L'expérience scientifique
consiste-t-elle à forcer la nature à répondre aux questions qu'on lui pose ?
1ère partie : L'expérience scientifique n'est pas une réponse de la nature mais une confirmation d'une
réponse scientifique.
L'expérience est seconde.
On ne peut dire qu'elle est une exigence de réponse, puisque c'est par le raisonnement
scientifique que les savants trouvent les réponses.
L'expérience vient seulement confirmer la réponse première.
Elle
n'est qu'une validation.
L'expérience ne donne donc pas une réponse mais la garantit.
L'expérience scientifique est
une confirmation de l'explication scientifique de la nature.
- L'expérimentation scientifique permet de valider une démonstration, de confirmer un résultat, mais n'est pas à.
»
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