L'expérience peut-elle nous fournir des connaissances certaines ?
Extrait du document
«
Introduction :
La certitude est un critère de vérité concernant un fait ou une connaissance.
L'expérience est l'ensemble
de mes sensations.
Plus exactement, par expérience, on entend l'ensemble des vécus, et a un rapport à
l'immédiateté et aux sens.
La question « l'expérience peut-elle nous fournir des connaissances certaines ? » porte
donc sur la valeur et la fécondité cognitive et gnoséologique de l'expérience, autrement dit sur sa possibilité ou non
à produire un savoir positif sûr.
En creux se dessine la question d'un modèle épistémique paradigmatique.
Or si l'expérience semble bien nous fournir des connaissances certaines, dont il semble que l'on ne pourrait
douter (1ère partie), il n'en reste pas moins, que l'expérience relativement à son lien avec les sens peut parfois être
trompeuse, ou douteuse (2 nd partie) et dans ce cas, les connaissances n'auraient pas alors le degré de certitude
nécessaire pour être considérées comme sûres et s'intégrer dans une science.
Pourtant, il faut sans doute bien se
garder de révoquer unanimement l'expérience du champ de la connaissance, et c'est bien là que le sujet prend toute
son acuité ; en effet, la question implicite porte sur la place de l'expérience dans le champ de la connaissance.
Et
c'est donc bien ce qu'il nous faudra finalement étudier (3 ème partie) en montrant sans doute que si l'expérience est
par elle-même insuffisante elle reste quand même la base de connaissance en tant qu'elle a rapport à la réalité,
c'est-à-dire qu'elle peut valider ou non un modèle théorique.
I – L'expérience comme certitude : l'empirisme
a) Locke dans son Essai sur l'entendement humain nous dit que « rien n'est dans l'entendement qui n'ait d'abord
été dans les sens.
» Et cela signifie comme il le dira au paragraphe 2 du Livre II que notre connaissance se fonde
sur l'expérience elle est sa source.
Autrement dit l'expérience peut nous fournir des connaissances certaines.
Elle
porte en elle un degré de certitude indéniable, notamment la sphère pratique.
En effet, lorsque je vois une table,
l'expérience, constituée par l'ensemble de mes sensations, me dit bien qu'il s'agit d'une table, et de cela je ne peux
en douter.
Et c'est d'ailleurs ce que l'on retrouvera chez l'ensemble du courant empiriste.
b) C'est bien chez Hume notamment que se montrera avec le plus d'assurance cette valeur de l'expérience comme
source de nos connaissances.
En effet pour Hume dans son Enquête sur
l'entendement humain, la connaissance de la relation de causalité procède de
l'expérience : « les causes et les effets peuvent se découvrir non par la
raison, mais par l'expérience.
» et Hume ajoute « J'oserai affirmer, comme une
proposition générale qui n'admet pas d'exception, que la connaissance de
cette relation ne s'obtient, en aucun cas, par des raisonnements a priori :
mais qu'elle naît entièrement de l'expérience, quand nous trouvons que des
objets particuliers sont en conjonction constante l'un avec l'autre […]
Personne n'imagine qu'on ait jamais pu découvrir l'explosion de la poudre ou
l'attraction de la pierre de la pierre magnétique par des arguments a priori.
»
Le problème que pose Hume est en fait très simple, il remarque que dans les
liaisons de causalité, comme dans tous les raisonnements, sont sujets à des
spéculations qui font la part belle à l'imagination de leurs auteurs et à des
déterminations psychologiques.
En ce sens, la raison et l'entendement n'ont
jamais la pureté à laquelle ils voudraient prétendre.
c) Et c'est bien ce que l'on peut tirer de la section 4 de l'Enquête sur
l'entendement humain de Hume : « Toute les lois de la nature et toutes les
opérations du corps sans exception se connaissent seulement par
expérience ».
Et cela est d'autant plus perceptible dans les sciences de la
nature comme la botanique qui semblent ne reposer que l'expérience comme
nous le montrer un Buffon.
Or même dans l'astronomie, l'expérience est
encore source de la vérité comme le précise Newton dans le Scolium
generale en définissant sa méthode lui ayant permis de découvrir la loi de l'attraction, dans ses Principia, selon la
formule célèbre « je ne forge pas d'hypothèse », c'est-à-dire que la connaissance peut être le fruit de l'expérience,
et qu'elle peut atteindre un haut degré de certitude.
Transition :
L'expérience peut donc fournir des connaissances certaines comme le montre l'empirisme.
Néanmoins, le cas des
illusions d'optiques, des mirages peuvent nous faire douter de l'élévation de l'expérience au rang de paradigme sûre
de la connaissance.
Si elle est en effet utile et nécessaire, il n'en reste pas moins, que la sensation qui constitue
l'expérience peut toujours être suspecte.
En effet, cela pose le problème de la valeur de la sensation dans sa valeur
gnoséologique.
Or s'il arrive que l'expérience soit porteuse de connaissances, il n'en reste pas moins qu'elle est
entachée du doute.
II – Défaut de l'expérience : le rationalisme.
»
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