l'expérience nous apprend-elle quelque chose ?
Extrait du document
«
Introduction
A l'intérieur du mot même d'expérience il existe une tension conceptuelle entre les adjectifs.
L'expérimental c'est
l'observation artificiellement provoquée qui prélève du quantitatif.
En revanche l'empirique est un constat qui
implique le corps dans une relation spontanée avec le donné qui l'environne.
Dans l'écart entre ces notions apparaît
un paradoxe : l'expérimental est fait pour nous apprendre les relations entre les phénomènes alors que l'empirique
met en valeur un fait.
L'expérience nous apprend-t-elle quelque chose ? C'est-à-dire l'expérience joue-t-elle un rôle théorique et cognitif ?
L'expérience nous apprend-t-elle quelque chose de la nature ? Ce qui reviendrait à expliquer la nature grâce à
l'expérience.
Ou bien au contraire, l'expérience nous apprend-t-elle quelque chose sur l'homme qui la vit ?
L'expérience est-elle enfin ce qui nous permet de connaître, c'est-à-dire de sortir de la croyance et d'atteindre le
savoir ?
I- L'expérience nous permet de comprendre la nature
Chez Aristote l'expérience, au sens d'une observation de la nature, est le point de départ de toute méthode
scientifique.
L'observation des faits, c'est-à-dire l'expérience proprement dite permet de répondre à la question
quoi : c'est la connaissance sensible.
De cette observation Aristote organise une rationalisation sous forme de
syllogisme des causes qui répond à la question pourquoi.
La méthode aristotélicienne de rationalisation des
observables est donc un moyen de formulation des causes du fait donné à l'expérience.
C'est donc que l'expérience nous apprend deux choses sur la nature ; d'abord elle permet de comprendre le fait,
mais elle permet aussi d'en comprendre les causes et donc d'expliquer la nature.
II- L'expérience ne nous apprend rien sur elle-même mais sur l'esprit
qui la pense HUME
Tout commence par l'expérience.
Le domaine de l'expérience sensible c'est l'ici
et maintenant.
La présence est le critère le plus intense de la réalité par la
vivacité des impressions.
Dans l'instant d'après il nous reste des idées de la
perception, des images : c'est la rémanence.
De la rémanence découle
l'accoutumance.
En effet chaque perception est singulière et ne peut donc
rien nous apprendre sur les relations des choses entre elles.
La répétition de
la vivacité des impressions entraîne une accoutumance.
Il y a donc un écart
entre l'image d'une expérience vécue et le fait que nous reconnaissons dans
l'idée plus de contenu que l'expérience n'en propose.
L'expérience étant toujours singulière elle ne peut rien nous apprendre sur la
nature et les relations des choses entre elles mais elle nous apprend comment
fonctionne la structure de notre entendement.
Pour Hume, sont données à l'esprit d'abord des impressions, à savoir des
perceptions vives, et en second lieu les idées qui en sont les copies affaiblies
(Traité de la nature humaine).
Au point de départ de sa philosophie, nous
rencontrons donc, non seulement des données élémentaires, mais encore des
données qui ne se distinguent que par la manière dont nous en faisons
l'expérience.
Il n'y a pas d'extériorité, celle des choses* dont nous instruisent
les sens, ni d'intériorité, celle de l'esprit quand il réfléchit sur lui-même : il n'y a que l'expérience et ses critères, la
vivacité ou la faiblesse du senti.
Toute la pensée relève alors des relations entre ces données et de la manière dont nous les éprouvons.
C'est dire
qu'il n'y a aucune relation, si ce n'est celles que l'esprit établit.
Ainsi, l'idée de causalité, qui signifie qu'il y a une
connexion nécessaire entre deux choses, la cause et l'effet, n'est pas perçue dans les choses mêmes, mais vient de
ce que l'esprit prend l'habitude de les lier (Enquête sur l'entendement humain).
C'est une simple tendance de l'esprit,
une association spontanée entre ses idées, qui nous fait croire à une causalité que nous n'observons jamais.
III- Kant voit dans cette thèse un oubli : l'a priori
L'expérience ne nous apprend pas quelque chose en tant que telle mais elle est un matériau aux idées pures de
l'entendement : les catégories.
En effet, la structure transcendantale de l'entendement, c'est-à-dire la condition de
possibilité du savoir, est constituée de 12 catégories qui sont les idées qui permettent de penser, les idées
conditionnelles de la pensée.
Cependant, si ces idées fonctionnent seules c'est-à-dire hors de l'expérience dans le
champ spéculatif de la métaphysique, elles ne peuvent aboutir qu'à des idées et jamais à des connaissances, à des
savoirs.
C'est véritablement ce qu'apporte l'expérience elle permet de savoir et pas seulement de croire.
L'expérience à donc
un rôle cognitif pour l'entendement..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Une théorie sans expérience nous apprend-elle quelque chose ?
- Une théorie sans expérience nous apprend-elle quelque chose?
- Une théorie sans expérience nous apprend-elle quelque chose ?
- A l'aide d'exemples tirés de votre expérience de lecteur, de spectateur, d'auditeur, commentez cette opinion d'Alexandre Soljenitsyne : « Les artistes peuvent surmonter la faiblesse caractéristique de l'homme qui n'apprend que de sa propre expérience tan
- L'expérience peut-elle démontrer quelque chose ?