L'expérience est-elle le seul mode de connaissance ?
Extrait du document
«
Introduction :
On a coutume d'attribuer à la science la nécessité d'une méthode expérimentale, c'est-à-dire de ne considérer
comme vérité scientifique que ce qui a été confirmé par une expérience rigoureusement conduite et en mesure
d'être répétée à l'identique.
Et pourtant, si la science est liée à l'expérience, elle n'a pas toujours été
expérimentale, d'où il s'ensuit que les vérités établies scientifiquement ne sont pas la conséquence nécessaire
d'une validation par l'expérience.
Si la vérité scientifique, n'est pas du seul ressort de l'expérience scientifique,
on peut alors penser que l'expérience peut n'être pas toujours un critère fiable de vérité.
Dans quelle mesure
l'expérience scientifique dans le cadre de l'expérimentation offre-t-elle une condition d'accès à la vérité, et
peut-elle être à l'inverse, source d'erreur et de fausseté ?
[On ne peut connaître que ce que l'on peut voir, sentir, toucher ou mesurer.
L'expérience est donc bien
l'origine de toute connaissance.]
L'empirisme affirme qu'il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait été auparavant dans les sens, cad que
l'expérience est la source de toutes nos connaissances.
Toutes nos idées ne sont jamais, comme dit Hume,
que des « copies de nos impressions sensibles ».
Non seulement l'expérience est la source de nos idées mais
encore elle explique l'association de ces idées entre elles, cad le fonctionnement de notre esprit.
Qu'il s'agisse
d'association par ressemblance (deux idées s'appellent l'une l'autre quand leurs objets ont été donnés de
nombreuses fois soit l'un à côté de l'autre, soit l'un après l'autre).
C'est toujours dans des expériences
antérieures et répétées que se trouve la raison de ces associations.
Une autre solution consiste à affirmer que toutes les connaissances de l'homme, y
compris les principes de la raison dérivent de l'expérience.
C'est ainsi que pour Locke, il n'existe ni connaissance ni principe inné.
Dans « Essai sur
l'entendement humain », critiquant l'innéisme de Descartes, Locke avance la thèse de
la « table rase » : l'esprit de l'être humain, avant toute expérience et éducation (celui du
nouveau-né par exemple), est comme une tablette de cire, vierge de toute écriture.
Nos
idées simples viennent de la sensation et de la réflexion.
Les idées complexes et en
particulier les catégories de substance, de mode et de relation sont le produit de la
combinaison des idées simples.
Pour Hume aussi les principes de la raison ne sont pas innés
mais acquis par l'expérience.
Comme philosophie générale, l'empirisme affirme avec Locke que nos idées ne sont pas,
comme le pensait Descartes, innées, mais qu'elles proviennent de l'expérience.
On peut
décomposer la philosophie empiriste de la connaissance en trois moments.
1.
L'origine des idées.
L'esprit, dit Locke, est d'abord une page blanche, une
« table rase » (tabula rasa).
« Comment vient-il à recevoir des idées ? Par quels
moyens en acquiert-il cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme,
toujours agissante et sans borne, lui présente avec une variété presque infinie ?
D'où puise-t-il tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements
et de toutes ses connaissances ? A cela je réponds d'un mot : de l'expérience.
C'est
le fondement de toutes nos connaissances, c'est de là qu'elles tirent leur première
origine.
» (« Essais sur l'entendement humain »).
L'expérience est donc d'abord
pour l'empirisme une réponse à la question de l'origine des idées.
Ainsi, un certain
nombre d'idées naissent dans l'âme des « observations que nous faisons sur les
objets extérieurs et sensibles » (idem).
C'est le cas d'idées comme « dur », « mou »,
« blanc », « jaune »...
Locke les appelle des « idées de sensations » : nous nous les
représentons que parce que nous avons eu l'expérience sensible du mou, du blanc,
du jaune....
Pour un empiriste, un aveugle de naissance ne saurait avoir aucune idée.
»
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