L'experience de l'oeuvre d'art modifie-t-elle la vision que nous avons du monde ?
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Introduction
L'expérience de l'oeuvre d'art modifie-t-elle la vision que nous avons du monde ? Pour répondre à cette
question, d'autres questions doivent être préalablement posées.
En effet, qu'est-ce que « l'expérience de l'œuvre
d'art » ? Qu'est-ce qu'une œuvre d'art ? Qu'est-ce que la vision que nous avons du monde ? La vision du monde
qu'offre l'artiste est-elle nécessairement différente de celle que nous avons ? Si l'art modifie notre vision du monde,
est-ce son but ? L'art a-t-il un but ou est-il une fin en soi ?
Ces questions nous mènent à la problématique suivante : l'art a-t-il ou non un impact ?
On peut considérer qu'une œuvre d'art a toujours un impact, quel qu'il soit.
Néanmoins, l'artiste ne cherche pas à
produire un impact unique et précis.
En revanche, l'œuvre d'art est en elle-même une modification de la vision
ordinaire du monde.
I-
L'œuvre d'art a toujours un impact
Une œuvre d'art a toujours un impact sur son « public ».
Ce dernier peut la trouver belle, laide, ou encore y
être indifférent.
Il peut reconnaître le grand savoir-faire qu'il y a dans telle œuvre sans qu'elle lui plaise ou qu'il la
trouve belle, par exemple.
Avant de nous demander si l'art modifie notre vision du monde, demandons-nous d'abord si tel est son but, et plus
généralement si l'art a un but.
On ne peut pas dire que l'art serve à quelque chose.
Dans La Critique de la faculté de
juger, Kant fait la distinction entre l'art au sens esthétique et l'art de l'artisan.
Ce dernier, grâce à son savoir-faire,
produit des objets utiles, ce qui n'est pas le cas de l'artiste.
L'œuvre d'art ne sert pas à rien.
C'est pourquoi elle
suscite une émotion désintéressée.
L'art n'a pas de but, mais il a toujours un impact.
II-
L'artiste ne cherche pas à ce que son œuvre ait un impact précis
Ainsi que nous venons de l'affirmer, l'œuvre d'art n'a pas de fonction précise.
Aussi n'a-t-elle pas de
message unique à délivrer.
L'artiste ne cherche pas à faire voir le monde de telle manière.
Une œuvre d'art est
pleine de sens.
Chaque personne y est plus ou moins réceptive et c'est en fonction de cette réceptivité que l'œuvre
d'art peut modifier notre vision du monde.
La façon dont une œuvre est reçue dépend de plusieurs paramètres : qui
est son public ? Parmi ce public, quels sont les désirs de telle personne ? De quoi se compose l'imaginaire de telle
autre personne ? L'expérience de l'œuvre d'art est différente pour chacun.
La nature de l'impact d'une œuvre
dépend de la personne à qui elle se présente.
Aussi ne peut-on pas affirmer ou nier catégoriquement que
l'expérience de l'œuvre d'art modifie notre vision du monde, car cela est aléatoire et subjectif.
Et pourtant il semble
bien que l'œuvre d'art ne soit pas une approche quelconque du monde tel que nous le voyons ordinairement.
Que
peut-on dès lors affirmer de l'expérience de l'œuvre d'art ?
III-
L'œuvre d'art est en elle-même une modification de la vision commune que nous avons du
monde
L'art n'est pas une imitation du monde, de la nature.
En effet, comme l'écrit Hegel, dans son Introduction à
l'esthétique : « (...) quel besoin avons-nous de revoir dans des tableaux ou sur la scène, des animaux, des
paysages ou des événements que nous avons dans nos jardins, dans nos intérieurs (...) ? ».
Réduire l'art à de
l'imitation, « c'est priver l'art de sa liberté, de son pouvoir d'exprimer le beau ».
L'artiste doit justement donner à voir (ou à entendre, toucher, etc.) ce qu'il y a au-delà de l'ordinaire et du sens
commun.
En cela, son œuvre est une modification de la vision ordinaire du monde.
C'est par exemple ce que l'on
peut observer chez le peintre Cézanne.
Celui-ci voulait revenir à l'objet et l'éclairer « sourdement de l'intérieur »,
d'après la formule de Merleau-Ponty dont la démarche phénoménologique consistant à « revenir aux choses
mêmes », semble proche de celle de Cézanne.
Pour ce dernier, il ne s'agissait pas de figurer le monde dans ses
tableaux mais de peindre le « monde perçu ».
Le monde perçu est un monde d'objets traversé par la perception du
peintre.
Ce dernier doit donc rendre visible sa perception et c'est par la couleur que Cézanne y parvient.
Par la
couleur, Cézanne veut faire sentir jusqu'à l'odeur des choses.
Aussi, lorsque nous faisons l'expérience d'une œuvre
d'art, nous sommes censés accéder à une vision inédite du monde.
Conclusion
Répondre à la question : « L'expérience de l'œuvre d'art modifie-t-elle la vision que nous avons du monde ?
», n'est pas une chose aisée à faire.
Si l'on ne peut nier qu'une œuvre d'art a toujours un impact, on ne peut en
revanche affirmer qu'elle modifie notre vision du monde.
L'expérience de l'œuvre d'art est différente pour chacun.
En
revanche, il est certain que l'œuvre d'art propose une vision différente du monde, que chacun ressent différemment
selon sa subjectivité..
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