L'expérience de la beauté passe-t-elle nécessairement par l'oeuvre d'art ?
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POUR DÉMARRER
L'appréhension immédiate de ce qui est beau, de ce qui suscite en nous spontanément admiration et enthousiasme
avant toute réflexion, doit-elle avoir inévitablement pour intermédiaire un ensemble de matériaux et de signes qu'un
esprit créateur a organisé pour produire la beauté ? En d'autres termes, ne trouve-t-on le beau que dans l'oeuvre
d'art ? Cette restriction paraît excessive et la nature, comme notre vie, semblent contenir une beauté dont nous
pouvons faire l'expérience.
CONSEILS PRATIQUES
L'analyse minutieuse des termes du sujet joue ici un rôle déterminant pour orienter le travail.
C'est d'ailleurs en
cherchant à clarifier la notion de beauté que vous pourrez organiser un plan progressif, qui va successivement
analyser le beau dans l'oeuvre d'art, dans la nature, dans l'existence.
BIBLIOGRAPHIE
Michel FoucAULT, Le souci de soi, NRF-Gallimard.
HEGEL, Esthétique.
Textes choisis, PUF.
KANT, Critique de la faculté de juger, Vrin.
Jean LACOSTE, La philosophie de l'art, « Que sais-je? PUF.
NIETZSCHE, La volonté de puissance, deux tomes,
Gallimard.
0.
WILDE, Le portrait de Dorian Gray, Éditions de poche.
Intentions, Éditions de poche.
Introduction
• Voici un intitulé qui nous questionne sur l'expérience de la beauté, ce contact plus ou moins originaire du sujet
avec la qualité de ce qui est beau, qualité immédiatement perceptible et suscitant une réaction d'admiration et
d'enthousiasme antérieure à la réflexion.
L'expérience de la beauté est d'un type tout à fait spécial.
Elle consiste en
la saisie d'une unité et d'une forme, en un certain éclat et en une juste proportion, en l'appréhension d'une
perfection esthétique, donnant lieu à une satisfaction universelle, ou requise comme devant être universelle.
• Très précisément, et tel est le sens de l'intitulé de sujet, il s'agit de savoir si ce contact avec la qualité de ce qui
est beau prend inévitablement comme moyen terme et intermédiaire l'oeuvre d'art, à savoir un ensemble organisé de
signes et de matériaux mis en forme par un esprit créateur.
• Quelle est la problématique ? À côté de l'oeuvre d'art, la beauté de la nature ne joue-t-elle pas un rôle majeur
dans notre expérience esthétique ? Faut-il vraiment l'écarter de notre saisie globale du beau ? N'est-il pas, aux
côtés de la nature elle-même, de certains paysages, des types de conduites qui peuvent également manifester
l'expérience de la beauté ? Ne peut-on même parler d'une « esthétique de l'existence », présente dans toute notre
vie ?
Le problème est, en définitive, de savoir si le beau artistique est ou non supérieur au beau naturel ou existentiel.
La
supériorité du beau artistique s'impose-t-elle à nous ?
• On perçoit, du même coup, l'enjeu de l'intitulé, son importance décisive.
Car il enveloppe toute une série de choix
pratiques, dont il est gros.
S'il n'est pas de privilège de la beauté artistique, alors peut-être s'agit-il d'élargir la
beauté à toute l'existence, d'en faire une oeuvre d'art.
La question posée enveloppe un choix de vie et de conduite.
D'où l'enjeu décisif.
A) L'expérience de la beauté passe nécessairement par l'oeuvre d'art
L'expérience de la beauté passe-t-elle nécessairement et obligatoirement par l'oeuvre d'art ? On peut, en première
analyse, répondre affirmativement à cette question.
Il y a, dans l'expérience de la beauté, la notion d'une présence
spirituelle, d'une forme organisatrice apportée par l'esprit.
Est laid ce qui n'est pas dominé par une forme, par une
raison, par l'esprit.
Au contraire, l'expérience de la beauté présuppose toujours plus ou moins l'idée d'une unité
spirituelle, d'un éclat issu de l'esprit, d'une juste proportion reflétant ce dernier.
Si telle est l'expérience de la
beauté, ne passe-t-elle pas nécessairement par l'oeuvre d'art, par l'ensemble de matériaux structurés par l'esprit
humain ? Dès lors, la beauté des fleurs sauvages ou celle des cimes montagneuses ne sauraient réellement être
prise en compte.
L'oeuvre d'art, le tableau, la symphonie, etc., sont les véhicules nécessaires et suffisants de la
beauté.
La beauté artistique, beauté spirituelle, est l'authentique saisie, par opposition aux beautés naturelles..
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