l'existence du mal remet-elle en cause vos croyances ?
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INTRODUCTION
Définitions des termes et problématisation : L'existence du mal peut prendre différentes formes.
La souffrance par exemple correspond au mal physique, la faute au mal moral et l'imperfection humaine au mal métaphysique.
Or ces trois maux prennent sens dans un contexte religieux.
Le mal moral évoque le péché, le mal physique, la punition ou le châtiment qui l'accompagne et enfin le mal métaphysique est l'indice du caractère créé et fini de l'homme.
Loin d'être une
objection aux fondements de la religion, l'existence du mal semble tirer son sens d'elle.
La religion tend à expliquer la présence du mal en ce monde par l'imperfection humaine, alors que l'absence de croyances rend difficilement justifiable la perversité humaine.
Cependant si le mal prend sens dans la religion, ou du moins si la religion tente d'y répondre, il n'en reste pas moins que le mal reste aussi une objection contre l'existence de Dieu.
Face au meurtre, à la torture, aux atrocités
de guerre une sempiternelle question nous vient à la bouche : comment Dieu a-t-il pu laisser faire cela ? La religion confère à l'existence du mal une raison d'être mais elle se trouve dans l'impasse face à l'excès du mal, celui-ci remettant en cause la justice divine.
Afin de répondre à la question du rapport entre la croyance et l'existence du mal nous analyserons successivement trois hypothèses.
La première tend à étudier le traitement qui est fait de l'existence du mal dans la
religion.
La deuxième dresse les objections que l'on peut faire à ce traitement.
Enfin la troisième hypothèse considère le mal comme trouvant en l'homme sa manifestation, ce qui a des répercussions sur la croyance en l'homme.
PLAN DETAILLE
Première partie : L'explication religieuse du mal.
1.1 L'interprétation religieuse des trois maux.
La désobéissance adamique correspond à la première expression du mal moral et prend sa source dans la liberté humaine.
Au mal moral est inhérent un mal physique, conçu comme punition ou châtiment divin ; c'est ainsi qu'après avoir péché l'homme devient mortel et corruptible.
Enfin le mal métaphysique prend sens par le biais de la nature créée de l'homme, qui en fait un être dépendant et imparfait.
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1.2 L'existence du mal ne contrevient pas à la règle du meilleur.
Le mal selon Leibniz a sa place dans le monde créé par Dieu, celui-ci ne pouvant être parfait doit comporter des zones d'ombre.
Cependant même si ce monde n'est pas parfait il est le meilleur des mondes possibles, Dieu suivant, lors de la constitution de son ouvrage, la règle du meilleur.
« On peut dire du mal physique que Dieu le veut souvent comme une peine due à la coulpe [faute], et souvent aussi comme un moyen propre à sa fin, c'est-à-dire pour empêcher de plus
grands maux ou pour obtenir de plus grands biens.
La peine sert aussi pour l'amendement et pour l'exemple, et le mal sert souvent pour mieux goûter le bien, et quelque fois aussi il contribue à une plus grande perfection de celui qui le souffre.
» Essais de Théodicée.
1.3 L'imperfection humaine.
Le mal métaphysique est à comprendre comme imperfection humaine.
C'est parce que l'homme est créé et donc fini qu'il est imparfait.
Or cette imperfection suppose que l'homme limité puisse s'égarer.
« Les imperfections et les défauts des opérations viennent de la limitation originale que la créature n'a pu manquer de recevoir avec le premier commencement de son être par les raisons idéales qui la bornent.
» LEIBNIZ,Essais de théodicée, I §31
Transition : L'existence du mal de prime abord ne bouleverse pas nos croyances religieuses.
Au contraire c'est à travers elles qu'elle trouve une explication.
Cependant les manifestations excessives du mal tendent à affaiblir cette explication religieuse du mal.
Deuxième partie : La remise en cause de la justice divine.
2.1 Les massacre des innocents : tout est-il permis ?
Peut-on admettre que les crimes soient rachetés par l'espérance d'une harmonie éternelle ? « A la fin du drame quand apparaîtra l'harmonie éternelle, une révélation se produira, précieuse au point d'attendrir tous les cœurs, de calmer toutes les indignations, de racheter tous les crimes et le sang versé ; de sorte qu'on pourra, non seulement pardonner, mais justifier tout ce qui s'est passé sur la terre.
Que tout cela se réalise, soit, mais je ne l'admets pas et ne veux pas
l'admettre.
» DOSTOIEVSKI, Les Frères Karamazov.
2.2 L'injustifiable.
Jean Nabert dans son Essai sur le mal utilise le terme d'injustifiable pour qualifier le mal, ce choix de l'homme de choisir le pire tout en sachant le meilleur.
Le mal est une transgression irrationnelle.
Si le mal peut à terme servir le bien il ne peut être justifié par lui parce qu'il n'est pas possible de le légitimer.
2.3 Le concept de justice divine après Auschwitz.
Dans Le Concept de Dieu après Auschwitz Hans Jonas s'interroge sur la conciliation entre le concept de Dieu et l'holocauste.
La perpétuation de ce massacre remet en cause l'existence de Dieu.
Comment a-t-il pu laisser faire cela ? Comment cette horreur peut-elle être justifiée ?
Transition : Les manifestations contemporaines du mal tendent à ébranler la religion et ses fondements.
L'injustifiable défie les croyances.
Mais de quelles croyances s'agit-il ? Certes les croyances religieuses sont visées mais à travers elles c'est surtout la croyance en l'homme et à son humanité qui est visée.
Troisième partie : L'existence du mal remet-elle en cause la croyance en l'humanité ?
3.1 De l'existence à la possibilité.
L'existence du mal ne doit pas être conçue comme une fatalité, ce serait une solution facile qui tendrait à trouver dans l'imperfection humaine un prétexte aux mauvaises actions de l'individu.
Il ne faut pas envisager le mal comme existence mais comme possibilité.
« Toute mauvaise action, quand on en recherche l'origine rationnelle, doit être considérée comme si l'homme y était arrivé directement, de l'état d'innocence.
» KANT,La religion dans les limites de la simple raison.
3.2 Le mal propre de l'homme.
L ' o r i g i n e d u m a l n ' e s t pas à rec herc her en Dieu mais e n l ' h o m m e .
« L e p é c h é e s t jus tement c ette trans c e n d a n c e, c e d i s c rimen rerum d a n s l e q u e l l e p é c hé entre dans l'individu parc e q u ' i n d i v i d u .
C ' e s t s a s e u l e f a ç on d'entrer dans le monde et il n'y es t jamais entré autrement.
Quand donc l'individu a le front de faire des q u e s tions s ur le péc hé c o m m e d ' u n e c h o s e ne le c o n c ernant pas , il n'es t qu'un s ot ; c ar ou il ignore du tout au tout de quoi il s 'agit et l'ignorera toujours , ou il le s a
3.3 Doute.
La croyance se différencie de la certitude en ce que le doute n'est pas exclu.
Une croyance peut certes être ferme mais il n'en reste pas moins que le croyant fait l'expérience du doute.
La conviction, qui habite le croyant, est d'autant plus remarquable que les raisons qui la sous-tendent sont faibles.
La croyance en l'homme, tout comme la croyance en Dieu, s'accompagne de doute.
CONCLUSION
Nos croyances, en Dieu et en l'homme, sont bouleversées par le mal mais ne sont pas détruites par lui.
Le mal reste un possible que l'homme choisira ou non.
La possibilité du mal est certes une raison du doute, mais elle n'est pas une fatalité.
Elle s'avère être une épreuve, mais les croyances se nourrissent de ces épreuves..
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