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L'existence a-t-elle un sens ?

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Pour analyser la question, c’est à dire dégager ses présupposés et ses implications, il faut mettre de côté, au moins au début, le caractère affectif de la question, les joies et les tristesses du moment qui pourraient empêcher l’analyse de se développer.  

  • Sens : orientation, ordre, but ultime, finalité

 

  • Existence : vie. Tout être vivant par définition vit, mais seul l’être humain existe parce qu’il est le seul à se rapporter à lui même.

   La problématique qui s’impose est de savoir si l’existence humaine a un sens, une orientation, ce qui fait l’objet d’une première partie, puis il faut savoir si l’existence a un but ultime. Dans l’affirmative, il faudra préciser lequel. Dans la négative, il faudra savoir si l’on peut dire que l’existence n’a pas de sens.

« Pour analyser la question, c'est à dire dégager ses présupposés et ses implications, il faut mettre de côté, au moins au début, le caractère affectif de la question, les joies et les tristesses du moment qui pourraient empêcher l'analyse de se développer. Sens : orientation, ordre, but ultime, finalité Existence : vie.

Tout être vivant par définition vit, mais seul l'être humain existe parce qu'il est le seul à se rapporter à lui même. La problématique qui s'impose est de savoir si l'existence humaine a un sens, une orientation, ce qui fait l'objet d'une première partie, puis il faut savoir si l'existence a un but ultime.

Dans l'affirmative, il faudra préciser lequel.

Dans la négative, il faudra savoir si l'on peut dire que l'existence n'a pas de sens. L'existence a-t-elle un ordre, une orientation ? Si nous supposons momentanément que l'existence a un ordre, il faudrait tenter de chercher lequel.

On peut considérer, par exemple, à l'instar des stoïciens ou des épicuriens, et comme les philosophes l'ont souvent considéré jusqu'au moyen-âge, que l'ordre de la nature ou plus précisément le Cosmos a un ordre qu'il faut suivre afin de vivre en accord avec lui. Bien plus, pour les épicuriens ou les stoïciens, il faut suivre les commandements de la nature afin d'atteindre le but ultime de toute existence, à savoir pour les épicuriens, l'ataraxie, pour les stoïciens, la vertu.

En même temps, le fait que ce but ultime ne soit pas unique peut sembler en contradiction avec l'idée d'un seul sens de l'existence. Mais quel est exactement cet ordre de la nature dont perlent les anciens ? cet ordre renvoie à une téléologie de la nature, cad à une intention de la nature.

L'idée d'intention suppose une volonté originelle, une transcendance, un être suprême.

Or, le lien entre la nature et l'idée d'un être suprême est une présupposition indémontrable.

O n pourra penser au contraire que la nature n'a pas d'ordre indépendamment de celui q u e n o u s lui donnons et qui renvoie davantage aux lois d e l a perception humaine qu'à la nature dans son essence plénière. Mais, peut-on voir un ordre en dehors de celui de la nature.

Y-a-t-il un ordre dans l'existence même ? certes, nous naissons, nous vivons, nous mourrons.

Il y a un enchaînement chronologique qui évoque un ordre, mais nullement une orientation de l'existence.

Les religions y verront u n e orientation après l'existence, mais cette idée cherche précisément à s e soustraire à la détermination d e l'idée d'une orientation de l'existence. En réalité, si l'existence avait un ordre précis, une orientation déterminée, cet ordre apparaîtrait évident, de sorte que tout le monde vivrait de la même façon.

Force est de constater qu'il faut répondre négativement à la question. L'existence a-t-elle un but ultime ? Au premier abord, il apparaît que l'existence ait un but ultime.

Le bonheur, en effet, peut apparaître c o m m e le « telos » d e toute existence.

Etre heureux est u n e formule qui se conjugue bien au pluriel.

Néanmoins, nommer un but n'est pas le définir et il faut s'attacher à savoir si le bonheur n'est pas un mot creux, un de ses mots qui a selon l'expression de P.

Valéry plus de valeur que de sens. Il faut alors chercher si le bonheur est un concept universalisable, c'est-à-dire si l'on peut le considérer c o m m e une réalité univoque, renvoyant au m ê m e objet.

Or force est d e constater q u e par bonheur, nous entendons des choses différentes, disparates et parfois opposées.

Il n'y a qu'une conception du bonheur, de sorte que le bonheur n'existe pas.

Il y a des bonheurs, mais le bonheur ne renvoie à aucune réalité tangible. Si l'existence a un but ultime partagé par tous, seule la mort peut être considérée comme un but ultime, comme une fin.

Mais il y a une difficulté à percevoir la mort comme un but de l'existence.

Luther, par exemple, concevait l'existence comme une déchéance et la mort c o m m e le seul but d e cette dépravation mondaine.

Mais, reconnaissons q u e Luther a une conception négative d e l'existence comme toutes les théories qui se rattachent à l'idée de péché originel.

La mort ne peut être une fin ultime d e l'existence parce qu'elle n'est jamais un achèvement.

Pour qu'elle achève une existence, il faudrait avant tout qu'elle soit délibérée.

Or, même le suicide de Roméo et Juliette ou de Werther n'achève rien et surtout pas une histoire d'amour.

L'existence humaine est par essence absurde c'est-à-dire qu'elle a aucun sens. L'existence n'a aucun sens.

Qu'est-ce à dire ? l'existence a primitivement aucun ordre, aucune orientation, aucune fin.

N'est-ce pas précisément la raison pour laquelle il faut lui en donner une ? L'existence a-t-elle un sens ? Pour éviter une vision tronquée du problème du sens de l'existence, il n'est pas inutile de rappeler que le sens n'est pas dans le monde quelque chose qui existerait indépendamment de toutes choses, comme un en-soi.

Il apparaît au contraire comme un pour-soi, c'est-àdire comme ce qui est inhérent à la conscience.

Telle est précisément l'idée d'Husserl qui nomme cette visée de ma conscience, l'idée que toute conscience est conscience de quelque chose, intentionnalité.

Qu'est-ce à dire ? C'est précisément parce que le sens est lié à la conscience que l'existence a spontanément, immédiatement et intuitivement aucun sens. P a r l à m ê m e on ne peut s'empêcher de voir dans la philosophie, dans la littérature et le théâtre du XXème siècle une confirmation de cette idée qui n'a rien de pessimisme.

Dans le mythe de Sisyphe, Camus affirmera que c'est précisément parce que l'existence n'a aucun sens que la vie vaut la peine d'être vécue, que le destin de l'homme renvoie à sa propre responsabilité. Même la littérature et le théâtre dit « théâtre de l'absurde » ne font que confirmer cette vue.

Dans la Nausée de Sartre, Roquetin nous fait vivre des expériences qui, à proprement parler, n'ont aucun sens parce que le personnage ne leur en donne pas.

Il n'y a rien d'écrit, tout renvoie à la responsabilité de chaque homme.

Telle est la grandeur et la précarité de l'être humain.

L'anti-héros du Désert des Tartares d e Buzatti montre que l'existence est absurde si l'on suppose que les évènements ne dépendent pas d e nous.

Ainsi, le personnage attendra toute sa vie, un événement qui ne viendra pas.

En même temps, il faut reconnaître que l'existence peut s'avérer absurde, non pas parce qu'elle n'a aucun sens, mais parce que ce sens n'est pas à notre portée ou parce qu'il e s t i m p o s é par autrui.

Joseph K. personnage du procès de Kafka est accusé de quelque chose dont il ignore tout, il finira tué, sans raison apparente dans un commissariat. La vie n'a donc d e sens q u e celui qu'on lui donne et la recherche d e valeurs universelles illustre cette volonté d e donner un s e n s à l'existence, sens accessible à tous parce que posé par chacun.. »

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