L'exigence de justice a-t-elle sa place dans les échanges économiques ?
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«
[Introduction]
L'inégalité des échanges économiques existant entre pays « riches » et pays «pauvres », telle que l'analysent
périodiquement les commentateurs et théoriciens, a de quoi choquer.
Pourquoi des pays sont-ils ainsi défavorisés,
ne pouvant exporter que des produits sans grande valeur mais devant importer des produits qui valent beaucoup
plus ? Cette inégalité, que l'on déplore, semble renvoyer à une absence de justice, dont on est prêt à admettre
qu'elle devrait trouver sa place dans les échanges.
Mais est-ce possible ?
[I.
L'échange initial]
a.
Proprement humain par définition, l'échange implique initialement la volonté d'échapper au rapt et à la violence.
Il
suppose un accord, la mise en place d'une relation entre interlocuteurs se respectant, et la définition d'une
équivalence entre des objets différents.
On n'échange en effet que des choses de valeur égale, ce qui suppose que
l'on apprécie d'abord cette dernière — au départ par l'usage attendu de l'objet.
b.
L'introduction de la monnaie comme valeur universelle d'échange facilite les transactions et confirme qu'elles se
situent dans un cadre où une exigence de justice intervient.
Elle rend également possible une dissociation nette
entre valeur d'usage et valeur d'échange : celle-ci suppose qu'un premier acquéreur achète, non pour son usage
personnel, mais pour revendre à une troisième personne.
Il semble logique que son rôle d'intermédiaire soit rétribué.
c.
Mais la monnaie ouvre de multiples possibilités : le prêt et l'usure, le stockage de marchandises qui les rend plus
désirables et en augmente artificiellement la valeur, l'enrichissement, la transmission de capital non périssable.
À
long terme, l'échange s'intègre dans une organisation capitaliste où le souci d'égalité et de justice semble avoir du
mal à trouver quelque efficacité.
[II.
Les avantages de l'échange]
a.
Quoi qu'il soit, la pratique de l'échange détermine une évolution positive.
Elle confirme notamment la notion de
contrat, qui suppose la possibilité d'une relation abstraite entre individus, en même temps que le respect des
promesses.
b.
L'échange instaure d'autre part une égalité de statut entre les hommes qui y participent : c'est parce que ceux
qui le pratiquent ont besoin l'un de l'autre que leur condition sociale peut ne pas être prise en considération.
Ce qui
invite à reconnaître que tout homme, en principe, peut acheter ou vendre.
c.
En troisième lieu, l'échange économique, pour fonctionner au mieux, doit pouvoir faire intervenir n'importe quel
individu.
S'il n'exclut ainsi personne, il est un facteur incontestable de tolérance, et de reconnaissance de l'autre
comme humain.
On peut donc affirmer que, dans ses principes, l'échange économique participe de la mise en place des conditions
d'existence de la justice..
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