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L'exercice de la philosophie contribue-t-il au développement de la démocratie ?

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« VOCABULAIRE: DÉMOCRATIE: Régime politique dans lequel la souveraineté est exercée par le peuple. PHILOSOPHIE La philosophie, selon Pythagore, auquel remonte le mot, ce n'est pas la sophia elle-même, science et sagesse à la fois, c'est seulement le désir, la recherche, l'amour (philo) de cette sophia.

Seul le fanatique ou l'ignorance se veut propriétaire d'une certitude.

Le philosophe est seulement le pèlerin de la vérité.

Aujourd'hui, où la science constitue tout notre savoir et la technique, tout notre pouvoir, la philosophie apparaît comme une discipline réflexive.

A partir du savoir scientifique, la visée philosophique se révèle comme réflexion critique sur les fondements de ce savoir.

A partir du pouvoir technique, la sagesse, au sens moderne se présente comme une réflexion critique sur les conditions de ce pouvoir. Développement: extension, progrès, croissance. Introduction • Le sujet, prenons-y garde, ne nous interroge pas sur la philosophie à proprement parler, mais sur son exercice, à savoir sur un certain mode d'activité, sur une pratique, non point sur une idée en soi de la philosophie, qui n'est pas, en tant qu'idée ou notion, vraiment mise en cause par l'intitulé.

Il s'agit donc de savoir si l'action par laquelle on pratique la recherche de la sagesse et de la vérité des choses aide ou non à l'édification d'un régime politique où le peuple exerce le pouvoir.

Si la démocratie se définit comme un régime où le seul souverain légitime possible est le peuple, peut-on dire que la pratique philosophique puisse concourir à son épanouissement? • N'est-ce pas supposer que la démocratie est liée non seulement à la pratique philosophique, mais aussi à ce que cette dernière implique, un discours, une réflexion, un espace public de discussion? Dès lors, démocratie et langage (à travers la rhétorique, etc..) ne seraient-ils pas en liaison étroite? Tel est le problème essentiel ici soulevé.

D'où l'enjeu, ce que la question posée nous fait gagner: un certain projet politique, une certaine vision de la place de l'homme dans la cité. D'ailleurs, la démocratie se fonde sur la vertu, nous disent fréquemment les spécialistes de la philosophie politique.

Or une des facettes de la philosophie est la recherche de la vertu.

Donc l'exercice de la philosophie et la recherche de la vertu peuvent contribuer au bon fonctionnement de la démocratie.

L' enjeu est ainsi visible et manifeste.

Grâce à l'exercice philosophique, gagnerons-nous la vraie et authentique démocratie, non pas la funeste passion de l'égalité dont nous parle Tocqueville, mais la pratique dynamique des peuples voulant se gouverner eux-mêmes? Discussion A.

Thèse: l'exercice philosophique, lié à un système et â un savoir désintéressé, ne peut contribuer au développement de la démocratie. Qu'est-ce que la philosophie et qu'est-ce que l'exercice philosophique? Sans doute, pour répondre à la question posée, faut-il d'abord se tourner vers l'exercice philosophique.

La philosophie et son exercice correspondent d'abord à un travail critique de la pensée sur elle-même, à un effort pour rendre notre existence intelligible.

Qu'est-ce que la philosophie, sinon une tentative pour édifier une pensée libre, dégagée de tout enjeu de pouvoir et de pratique politique, une interrogation sur le réel? Dans cette perspective, le travail philosophique, mouvement de l'esprit qui questionne et s'interroge librement devant le spectacle du monde pour tenter d'en comprendre le sens et les raisons, ne saurait, en lui-même, contribuer au développement d'une forme politique.

La philosophie ne serait-elle pas une théorie abstraite, une construction systématique destinée à expliquer l'univers, une réflexion théorique sur des problèmes subtils? Telle est la vision courante de la philosophie et de l'exercice philosophique.

Le philosophe serait un être à part, séparé du reste du monde, isolé, etc.. C'est bien ce que nous saisissons à travers la lecture du célèbre portrait du philosophe, dans le Théétète, de Platon : « Ainsi Thalès observait les astres, Théodore, et, le regard aux cieux, venait choir dans le puits.

Quelque Thrace, accorte et plaisante soubrette, de le railler, dit-on, de son zèle à savoir ce qui se passe dans le ciel, lui qui ne savait voir ce qu'il avait devant lui, à ses pieds.

Cette raillerie vaut contre tous ceux qui passent leur vie à philosopher.

C'est que, réellement, un tel être ne connaît ni proche ni voisin, ne sait ni ce que fait celui-ci, ni même s'il est homme ou s'il appartient à quelque autre bétail.

[...] Tel est donc, mon ami, dans le commerce privé, notre philosophe ; tel il est aussi dans la vie publique, je le disais au début.

Quand, dans le tribunal ou ailleurs, il lui faut, contre son gré, traiter de choses qui sont à ses pieds, sous ses yeux, il prête à rire non seulement aux femmes thraces, mais à tout le reste de la foule, de puits en puits, de perplexité en perplexité se laissant choir par manque d'expérience, et sa terrible gaucherie lui donne la figure de sot ». (Platon, Théétète, Budé-Belles Lettres) Dans ces conditions, nulle contribution de la philosophie à une actualisation politique quelconque. D'ailleurs, à prendre les choses par l'autre bout, à savoir l'élucidation du sens du gouvernement du peuple par le peuple, on tend à penser également qu'il n'est pas d'interaction nécessaire entre démocratie et philosophie.

La démocratie est représentative, elle s'appuie sur la majorité et elle respecte la division des pouvoirs.

Donc, d'un côté, une vision théorique (le travail philosophique) et, de l'autre, un régime politique et une forme de gouvernement.

Pourquoi ce régime aurait-il besoin d'un exercice critique de la pensée sur elle-même? Si la philosophie est dégagée de tout enjeu de pouvoir, la question semble connaître une réponse négative. Enfin, on remarquera que l'exercice philosophique vise l'universalité au-delà de la multiplicité changeante des doctrines ou des idéologies.

Or la démocratie rentre dans le cadre des conceptions politiques (mobiles) et, dès lors, il semble que nous nous situons sur deux plans différents. Transition. Toutefois, la question se pose de savoir si la philosophie est système, conception théorique ou bien si elle implique des tâches pratiques.

De nos jours, prévaut l'idée que la philosophie est un exercice engagé dans la vie et l'on peut dès lors tenter de repenser la question des interactions entre philosophie et démocratie.. »

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