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Lévinas: La technique, asservissement ou libération ?

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Il serait urgent de défendre l'homme contre la technologie de notre siècle. L'homme y aurait perdu son identité pour entrer comme un rouage dans une immense machinerie où tournent choses et êtres. Désormais, exister équivaudrait à exploiter la nature ; mais dans le tourbillon de cette entreprise qui se dévore elle-même, ne se maintiendrait aucun point fixe. Le promeneur solitaire qui flâne à la campagne avec la certitude de s'appartenir, ne serait, en fait, que le client d'une industrie hôtelière et touristique livré, à son insu, aux calculs, aux statistiques, aux planifications. Personne n'existerait pour soi. Il y a du vrai dans cette déclamation. La technique est dangereuse. Elle ne menace pas seulement l'identité des personnes. Elle risque de faire éclater la planète. Mais les ennemis de la société industrielle sont la plupart du temps des réactionnaires. Ils oublient ou détestent les grands espoirs de notre époque. Car jamais la foi en la libération de l'homme n'était plus forte dans les âmes. Elle ne tient pas aux facilités que les machines et les sources nouvelles d'énergie offrent à l'enfantin instinct de la vitesse ; elle ne tient pas aux beaux jouets mécaniques qui tentent la puérilité éternelle des adultes. Elle ne fait qu'un avec l'ébranlement des civilisations sédentaires, avec l'effritement des lourdes épaisseurs du passé, avec le pâlissement des couleurs locales, avec les fissures qui lézardent toujours ces choses encombrantes et obtuses auxquelles s'adossent les particularismes humains. Il faut être sous-développé pour les revendiquer comme raisons d'être et lutter en leur nom pour une place dans le monde moderne. Le développement de la technique n'est pas la cause - il est déjà l'effet de cet allègement de la substance humaine, se vidant de ses nocturnes pesanteurs.

« évinas: Il serait urgent de défendre l'homme contre la technologie de notre siècle.

L'homme y aurait perdu son identité pour entrer comme un rouage dans une immense machinerie où tournent choses et êtres.

Désormais, exister équivaudrait à exploiter la nature ; mais dans le tourbillon de cette entreprise qui se dévore elle-même, ne se maintiendrait aucun point fixe.

Le promeneur solitaire qui flâne à la campagne avec la certitude de s'appartenir, ne serait, en fait, que le client d'une industrie hôtelière et touristique livré, à son insu, aux calculs, aux statistiques, aux planifications.

Personne n'existerait pour soi. Il y a du vrai dans cette déclamation.

La technique est dangereuse.

Elle ne menace pas seulement l'identité des personnes.

Elle risque de faire éclater la planète.

Mais les ennemis de la société industrielle sont la plupart du temps des réactionnaires.

Ils oublient ou détestent les grands espoirs de notre époque.

Car jamais la foi en la libération de l'homme n'était plus forte dans les âmes.

Elle ne tient pas aux facilités que les machines et les sources nouvelles d'énergie offrent à l'enfantin instinct de la vitesse ; elle ne tient pas aux beaux jouets mécaniques qui tentent la puérilité éternelle des adultes.

Elle ne fait qu'un avec l'ébranlement des civilisations sédentaires, avec l'effritement des lourdes épaisseurs du passé, avec le pâlissement des couleurs locales, avec les fissures qui lézardent toujours ces choses encombrantes et obtuses auxquelles s'adossent les particularismes humains.

Il faut être sous-développé pour les revendiquer comme raisons d'être et lutter en leur nom pour une place dans le monde moderne.

Le développement de la technique n'est pas la cause - il est déjà l'effet de cet allègement de la substance humaine, se vidant de ses nocturnes pesanteurs. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 En quoi la technique est-elle asservissante et dangereuse ? 2 Qu'est-ce qui disqualifie habituellement les contempteurs du progrès technique ? 3 Peut-on voir dans la technique l'instrument d'une libération ? Réponses: 1 - Car elle menace l'identité même de l'homme, elle l'aliène et il n'apparaît plus comme un sujet autonome, libre et existant pour soi, mais comme un rouage d'un système qu'il ne contrôle pas, qui pourrait faire éclater la planète. 2- Le fait qu'ils n'ont rien d'autre à proposer, en réalité, que le pur et simple retour au passé, une crispation passéiste sur la tradition, avec ses lourdeurs et ses points aveugles. 3- Certainement, en ce que le progrès technique moderne nous arrache à tout ce qui peut figer notre identité, la river à sa particularité.

L'homme se libère, il peut échapper à la pure coïncidence avec soi-même qui est souvent synonyme d'abrutissement. Introduction : Le thème qu’aborde Levinas dans ce texte est celui de la technique.

Levinas y soutient la thèse selon laquelle, en dépit des inconvénients de la technique, celle-ci correspond à une libération de l’humanité.

Levinas prend bien le temps de rappeler les problématiques classiques qui tournent autour de la technique, exposant les doctrines d’après lesquelles celle-ci accaparerait l’homme dans des directions qui le perdraient.

Mais il essaye également de montrer que les choses ne sont peut-être pas si simples, et que cette technique à qui l’on impute d’être la cause de tant de maux n’a peutêtre pas été analysée de la manière qu’il convenait.

Nous avons découpé ce texte en deux moments.

Dans un premier temps, Levinas nous remet en mémoire les théories classiques ayant trait au problème de la technique.

Ensuite, dans un deuxième temps, le philosophe nous expose son propre point de vue sur la technique dont il vante les mérites. Plan détaillé : 1.

Du début du texte jusqu’à « …Elle risque de faire éclater la planète.

» : Levinas expose la doctrine d’après laquelle il faudrait se méfier de la technique. a) Du début du texte jusqu’à « …Personne n'existerait pour soi.

» : Levinas nous rappelle la thèse que soutiennent les penseurs qui critiquent la technique : pour eux, la technique fait perdre à l’homme son identité.

Cette thèse s’est incarnée principalement dans le discours de deux philosophes qui sont Heidegger et Rousseau.

La référence à Heidegger est ici tacite mais inévitable, car la thèse d’après laquelle la technique ferait perdre à l’homme son identité est une des thèses principales de ce philosophe. D’après Heidegger, l’homme perdrait le sens de l’existence en se livrant à une course effrénée dans la technique.

La technique, c’est dans la philosophie heideggérienne le moyen par lequel l’homme impose sa subjectivité au monde, le moyen par lequel il transforme le monde pour lui et dans une action vide de sens.

Or, faire cela, c’est perdre l’identité de l’homme, car si l’homme est au monde, c’est – nous dit Heidegger - pour être « le berger de l’Être ».

L’Être est quelque chose qui vient au monde et que l’homme doit recevoir pour trouver du sens à vivre.

S’il ne fait pas cela, il perd le « dévoilement de l’Être » et dès lors perd le sens même de l’existence.

La technique incarne cette perte de. »

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