Leurs passions divisent-elles les hommes ?
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«
VOCABULAIRE:
PASSION:
* Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.
Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que le corps fait subir à l'âme.
Son origine
n'est pas rationnelle ni volontaire.
* Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse).
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ».
Ce serait en effet pour qu'il puisse
s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage.
Introduction :
Un homme qui vit sous le règne de ses passions est fondamentalement incohérent par ce que les passions sont elles mêmes incohérentes.
Il s'oppose à
l'homme raisonnable qui gouverne sa vie par la cohérence de la raison.
Cependant, l'homme passionné peut être passionné pour une seule chose ; la passion sera alors ce qui donne une cohérence à sa vie.
Étrange dynamique des passions qui tendent autant à diviser l'homme qu'à l'unir avec lui-même.
Entre les hommes, la passion tend aussi à unir et à diviser,
des hommes partageant la même passion peuvent aussi bien devenir amis que concurrents.
Problématique :
La passion semble être le moyen d'unifier une vie, cependant, les passions qui s'engendrent continuellement dans le coeur humain tendent à briser cette
unité.
I : Les passions nous portent en tous sens
1)
Les passions sont multiples, elles nous poussent dans des directions contradictoires en nous portant vers des objets qui ne peuvent coexister en
même temps dans la vie d'un homme.
Un homme peut tomber amoureux d'une femme, l'épouser, puis la délaisser pour une autre.
2)
Les passions naissent en nous sous forme de pulsions.
La première caractéristique des passions, c'est qu'elles naissent en nous par génération
spontanée et qu'elles nous poussent en tous sens.
Elles vont donc contre l'unité d'un moi, c'est pour cela que Freud nomme « ça » le chaos
pulsionnel qui se distingue du moi.
En ce sens, les passions menacent sans cesse de diviser l'être humain.
3)
Les stoïciens disent de l'homme qui se laisse gouverner par ses passions qu'il est un esclave.
Etre un esclave, cela signifie être
fondamentalement aliéné, avoir le principe de ses actes hors de soi, être étranger à soi même.
C'est ce qui arrive à celui qui vit sous le règne de ses
passions : il s'éparpille à travers des forces contradictoires, son existence lui échappe ;
II : Les passions et la passion
1) Il faut distinguer, « les » passions de « la » passion.
Les passions sont des tendances hétéroclites qui divisent le moi, la passion au contraire a la
capacité d'unifier le moi.
Le moi se construit dans la sublimation des passions au service d'une passion qui l'unifie et le porte vers des valeurs.
2) La passion est une forme et non un contenu, en effet comme le dit Hegel, le contenu particulier de la passion est « tellement un avec la volonté de
l'homme qu'il en constitue toute la détermination et en est inséparable.
» La passion est donc en même temps une volonté forte.
3) La passion peut ainsi être le moteur pour unifier l'existence.
Si les passions divisent l'être humain, en revanche, la passion l'unifie.
III : Les passions divisent les hommes entre eux
1)
Guidés par leurs passions, les hommes arrivent irrésistiblement à la « guerre de tous contre tous ».
C'est la thèse de Hobbes, dans un état de
nature supposée où l'homme vit sous le règne de ses passions, une des passions naturelles de l'homme, le désir de dominer, l'emporte sur toutes les
autres.
Les hommes vivent alors dans la méfiance des uns envers les autres.
2)
La raison peut servir de remède aux maux qu'engendrent les passions.
On peut développer une théorie rationaliste de l'Etat : les hommes
s'unissent sous la souveraineté rationnelle d'un Etat pour sortir de l'état de guerre de tous contre tous.
3)
Cependant, les théoriciens du libéralisme pensent que c'est en laissant chacun suivre passionnément son intérêt égoïste que se crée le meilleur
bien commun ; c'est la théorie de la « main invisible » d'Adam Smith, tout se passe comme si chacun suivant son intérêt particulier, il oeuvrait pour
le bien général, comme si une main invisible organisait le jeu économique pour qu'il soit équitable.
Comment expliquer que, malgré la compétition généralisée, une harmonie se dégage entre les hommes ? Pour Smith, tout se passe comme si une "main
invisible" dirigeait l'ensemble des égoïsmes dans l'intérêt de tous: tout en ne cherchant que son intérêt personnel, l'individu oeuvre souvent d'une manière
efficace pour l'intérêt de la communauté toute entière.
En effet, n'est-ce pas la quête de l'enrichissement personnel qui concourt à fonder la prospérité d'un
pays ?
Cette fiction de la main invisible - hypothèse providentialiste à souhait - est le symbole de l'optimisme libéral qui croit en l'harmonie des règles spontanées
du marché et à l'agrégation des intérêts individuels en intérêts collectifs.
L'explication de cette surprenante main invisible est que le conflit entre des intérêts opposés oblige les partenaires de l'échange à limiter leurs prétentions,
à s'accorder sur des compromis, à réaliser un équilibre correspondant à l'affectation optimale des ressources.
Au XXe siècle, Hayek proposera une
explication supplémentaire : l'interaction des pensées de tous les acteurs de l'activité économique l'emporte en connaissances et en capacités d'invention
sur n'importe quelle instance centrale.
Le meilleur ordre possible est donc celui qui résulte de la régulation opérée par des millions d'individus qui prennent
des décisions rationnelles en fonction de leur intérêt.
Conclusion :
Les passions divisent les hommes, au niveau individuel, elles menacent l'unité du moi et au niveau des sociétés, elle pousse les hommes à la guerre.
Néanmoins, la passion par opposition aux passions, peut soutenir un engagement positif..
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