L'étude du vivant donne-t-elle un sens à la vie ?
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Nietzsche fait l'apologie de la vie
On sait que Nietzsche, tout comme son premier grand maître, Schopenhauer, s'est beaucoup intéressé à la biologie.
L'un et l'autre y voyaient là la preuve de la vérité de leur philosophie.
Nietzsche propose une philosophie de l'existence
qui se fonde sur la reconnaissance et l'affirmation des instincts vitaux qui nous gouvernent.
Ces instincts vitaux ne
sont rien d'autres que la volonté de puissance.
De même, Schopenhauer montre que le vouloir-vivre est à la source de
toute existence, et ce, du brin d'herbe à l'homme.
Les instincts animaux, les pulsions vitales gouvernent notre
existence.
La sélection naturelle vaut aussi pour l'homme
C'est à Charles Darwin que l'on doit la théorie de la sélection et de l'évolution des espèces.
Appliquée à l'homme, cette
théorie peut justifier le sens de l'existence de ceux qui sont nés sous le régime capitaliste.
La liberté des marchés, la
libre concurrence ne sont que des expressions d'un ordre naturel nécessaire fondé sur la lutte pour la vie, la
suppression sélective des individus les plus faibles.
En effet, le concept central du darwinisme est celui de sélection naturelle.
Les conditions de possibilité de la sélection
sont :
· L'existence d'une matière à sélection, à savoir l'existence de variations individuelles.
· Le fait que les individus varient imperceptiblement d'une génération à l'autre.
La variation ne concerne pas seulement
les individus mais également les générations.
· Ces variations en s'accumulant peuvent produire à long terme une espèce nouvelle.
Les caractères innés sont donc
héréditaires.
· L'existence d'une concurrence vitale.
Le milieu (milieu physique et milieu biologique) ne peut sélectionner les
individus que s'il existe entre eux une lutte.
Survivre est difficile et seuls les plus aptes y parviendront.
Comment s'effectue la sélection naturelle ? L'évolution des espèces est l'effet de deux causes qui sont - le milieu et la variabilité c'est à dire l'existence de
variations individuelles congénitales, innées et donc indépendantes du milieu.
Pour Darwin, l'être vivant ne s'adapte pas à son milieu.
Il est adapté ou ne
l'est pas.
Ceux qui sont de fait adaptés vivent plus longtemps, se reproduisent davantage et transmettent à leurs descendants leurs caractères innés
favorables à la survie (cf.
exemple du Loup dans le texte photocopié).
Il faut bien retenir l'idée selon laquelle cette sélection naturelle est un mécanisme
aveugle.
Aucune fin ne vient régler cette sélection allant de la bactérie à l'homme.
C ette sélection est le résultat du hasard au sens où : 1° Les espèces
actuellement existantes, l'homme compris, ne sont pas l'effet d'un plan de la Nature et d'une finalité à l'oeuvre dans la nature.
2° Les espèces actuelles ne
sont pas nécessaires mais contingentes.
Elles auraient pu ne pas être.
Par exemple, le changement de climat donnant lieu à l'extinction des dinosaures
aurait pu ne pas se produire (phénomène volcanique intense ou chute d'un météorite) et les mammifères auraient pu ne pas se développer à leur place.
"Aurai(en)t pu" signifie que le contraire n'implique pas contradiction.
Ceux qui ont survécu sont ceux étaient les mieux adaptés à ce milieu là.
Dans un autre
milieu, leurs différences individuelles auraient été nuisibles.
Ils ne sont pas en soi "les meilleurs".
Leur aptitude à survivre est la rencontre hasardeuse d'un
milieu et de caractères innés.
Telle est la définition du hasard : intersection de deux séries de causes et d'effets indépendantes c'est à dire dont
l'intersection n'est pas nécessaire.
La théorie de Darwin explique l'évolution à partir du hasard (intersection) et de la nécessité (séries de causes et d'effets) sans recourir aux causes finales.
Ainsi l'adaptation n'est pas un but mais un résultat.
Tout vivant obéit à un «élan vital»
L'essentiel de la philosophie d'Henri Bergson repose sur une sorte de métaphysique du vivant.
Bergson a lui aussi été influencé par les progrès de la
biologie de son temps.
Selon lui, comme pour Schopenhauer, il n'existe pas de différences profondes entre cette vie qui anime la cellule, les organismes
complexes et la vie de l'esprit.
Il s'agit, dans tous ces cas, d'une même force, d'un même « élan vital».
Chaque individu est la concrétion de l'élan vital, cette unique force créatrice, riche et imprévisible, qui se divise dans sa poussée ; chaque espèce est le
résultat d'une direction qui s'est solidifiée dans un échec.
En effet, le pouvoir créateur perd sa créativité dans la routine de l'instinct ; l'élan vital n'a de
succès que dans la création d'un être créateur.
Au bout de ce progrès par tentatives qu'est l'histoire de la vie, se tient donc l'homme.
Il n'y a aucun rapport entre code génétique et pensée
Une des grandes conquêtes de la biologie moléculaire a été la découverte de l'alphabet génétique.
Le vivant se résume à la combinaison de quatre «lettres»,
c'est-à-dire quatre éléments nommés l'adénine (A), la cytosine (C), la guanine (G) et la thymine (T).
Cependant, il est parfaitement impossible d'expliquer la
pensée à partir de ces quatre éléments fondamentaux.
De même, la musique de Mozart n'est pas réductible à la somme de ses neurones.
Le propre de l'homme est d'être un être de culture, qui, par définition, s'affranchit de la nature animale
L'homme n'est plus soumis, comme l'animal, aux instincts.
Ils sont refoulés ou mieux sublimés.
L'homme est capable d'initiative, de liberté, contrairement à
l'animal.
Ce que l'on sait du vivant ne peut donc pas s'appliquer à lui.
Si tel était le cas, cela signifierait que l'on ne distingue pas l'être de la conscience du
primate ou de l'amibe.
Comme le dit Rousseau, l'homme est un être perfectible, cad un être qui a rompu avec la nature.
La biologie n'est pas une philosophie
La biologie n'est pas une réflexion sur l'homme, mais la science qui étudie le vivant, ses caractéristiques et son évolution.
La biologie ne nous dit rien sur le
sens à donner à notre existence.
Or, donner un sens à l'existence humaine, c'est considérer tout ce qui appartient en propre aux êtres humains (désirs,
passions, conscience, liberté, etc.), et non ce qui constitue la spécificité de la vie, au sens biologique du terme.
La biologie n'est que la science des
phénomènes de la vie..
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