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L'étude du cerveau permet-elle d'expliquer la pensée humaine ?

Extrait du document

« [Des phénomènes tels que le sommeil, l'hallucination ont une base neurologique connue.

On peut modifier des processus mentaux à l'aide de substances chimiques.

La pensée est produite par les neurones.] La pensée est le fruit de l'activité d'un organe: le cerveau Jean-Pierre Changeux, afin d'asseoir cette thèse, se réfère à un grand nombre d'expériences prouvant qu'une lésion organique accidentelle peut modifier, altérer, voire supprimer, des fonctions psychiques telles que la mémoire, la conscience, le langage.

Cela montre que la pensée n'a rien d'immatériel.

Elle dépend entièrement de l'intégrité organique du cerveau. Changeux: « L'identité entre états mentaux et états physiologiques ou physico-chimiques s'impose en toute légitimité.

» Jean-Pierre Changeux est neurobiologiste, il étudie les processus chimiques et endocrinologiques qui permettent de comprendre le fonctionnement du système nerveux central.

Son objectif est de montrer que le dualisme traditionnel entre l'activité mentale et l'activité neuronale n'a pas de pertinence.

A bien des égards, le titre de l'ouvrage d'où la citation est extraite est révélateur de la position qu'il défend, mais aussi des problèmes philosophiques qu'elle induit.

Parler de « l'homme neuronal » revient explicitement à considérer que toute activité intellectuelle se ramène essentiellement au corps et, plus précisément ici, aux mécanismes physico-chimiques à l'œuvre dans et entre les cellules nerveuses.

La pensée n'est donc rien d'autre qu'une sorte de sécrétion du cerveau et toute tentative visant à lui attribuer une nature autonome est absurde. Changeux revendique donc la réduction de l'esprit à des conditions strictement matérielles en estimant qu'une telle identification s'impose.

Ne pas le reconnaître revient à construire un obstacle épistémologique à la connaissance de l'homme.

Pourtant, sa thèse repose sur des arguments contestables et présente même un parti pris idéologique, bien qu'il s'en défende.

S'il est évident que sans le cerveau la pensée ne peut exister, est-ce à dire pour autant qu'elle n'est qu'une émanation de la matière cérébrale ? Ne suppose-t-elle pas d'autres conditions ? L'homme n'est pas seulement la somme de ses gènes ou le simple effet des échanges entre ses neurones.

Si c'était le cas, alors il faudrait totalement exclure l'hypothèse de la liberté et revendiquer un déterminisme généralisé.

A cet égard, la neurobiologie pourrait remplacer l'anthropologie, mais que deviendraient alors ces autres conditions de la pensée que sont la culture, l'éducation, le langage, les sentiments et les affects ? Par ailleurs, comment continuer à faire sa place à la morale si notre esprit se réduit à nos cellules nerveuses et à leurs combinaisons ? Faut-il estimer que l'adhésion à des principes éthiques ne s'explique que par les courants électriques qui parcourent les neurones ou les effets de la chimie ? On ne saurait trouver le fondement de l'engagement moral dans ce type de causalité mécanique, ni l'explication du génie de Beethoven, ni de l'amour de deux êtres sans ruiner la dignité et la spécificité de l'esprit humain. La chimie du cerveau rend compte des phénomènes psychiques Il existe des drogues hallucinogènes, dont on connaît l'action sur les neurones, qui modifient les comportements.

On sait que l'un des effets de l'aspirine est de bloquer la synthèse d'une substance chimique - la prostaglandine E2-, substance qui joue un rôle dans la perception de la douleur.

Il n'y a pas à chercher en dehors de la chimie du cerveau l'origine et l'explication des mécanismes mentaux.

La chimie explique les comportements amoureux.

Les neurosciences permettent de créer des médicaments (Prozac, Ritaline, etc.) permettant d'influer sur l'humeur et sur les comportements humains. La conscience elle-même résulte de processus neurochimiques L'assemblage des neurones, constituant des réseaux d'informations en «boucle», permet d'expliquer comment la conscience «émerge» du cerveau.

Pour Jean-Pierre Changeux, «le devenir conscient correspond donc à une régulation d'ensemble de l'activité des neurones du cortex (...).» (L'Homme neuronal.) [Si l'on connaît de façon de plus en plus précise les neurones, on ne sait à peu près rien sur le cerveau.

On. »

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