l'Etat peut-il mettre fin à la violence ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
L'Etat, c'est l'organisation politique dans son ensemble : il désigne à la fois les institutions qui le composent, mais
aussi l'ensemble des citoyens en tant qu'ils sont soumis à ces institutions ; c'est donc un concept politique très
large.
Permettre, c'est rendre possible ou encore donner une autorisation.
Le premier sens est pertinent ici : il s'agit de
s'interroger sur ce que l'existence de l'Etat rend possible du point de vue de l'existence de la violence.
Mettre fin à une chose, c'est la supprimer totalement, en s'attaquant par exemple à ses causes.
On appelle « violence », enfin, tout usage arbitraire de la force – physique ou morale – pour soumettre un autre, ou
lui nuire.
Il y a peut-être une place cependant pour un concept de violence non arbitraire mais organisée et
officielle, dans le cadre d'un Etat : ce sujet demande par exemple que l'on s'interroge sur le concept de « violence
politique ».
En apparence, la politique étant cette activité humaine chargée d'assurer la co-existence pacifique des hommes
entre eux, il est évident qu'elle a pour finalité d'éliminer le mal que les hommes font à d'autres hommes, la violence
étant préjudiciable aux intérêts mêmes d'une société humaine, en tous cas à l'intérieur de la cité.
En l'absence des
lois et de l'Etat, il semble assez évident que ce soit l'anarchie et le chaos qui se mettent à régner.
Or on peut
d'abord se demander si l'Etat n'est pas parfois source de violence, puisque pour faire respecter la loi, l'Etat use de
violence dont il a le monopole.
Qui plus est, il faut montrer que l'Etat en général n'est pas suffisant pour mettre fin à
la violence et que, plus précisément, certaines formes de l'Etat peuvent elles-mêmes occasionner de la violence,
alors même qu'elle n'est pas là pour faire respecter des loi justes et légitimes, ce qui doit être le cas dans un Etat
dit de droit.
En effet, lorsque l'Etat opprime les citoyens, qu'il défend l'intérêt d'une seule partie de ses membres,
qu'il interdit l'exercice de la liberté, il produit plus ou moins directement de la violence.
Mais bien sûr, ce n'est pas là
sa finalité.
On peut alors considérer que lorsque l'Etat est confronté à une grande violence, c'est qu'il en est
implicitement responsable.
D'où la nécessité, dans un régime démocratique, de définir le rôle de l'Etat et d'éviter, par
l'institution de contre pouvoirs, les abus de pouvoir
Éléments pour le développement
* L'Etat aurait pour vocation d'éradiquer la violence dans les relations entre les hommes
Hobbes, Léviathan
« Nous trouvons...
dans la nature humaine trois principales causes de
discorde : tout d'abord, la Compétition ; en second lieu, la Défiance ; et, en
troisième lieu, la Gloire.
La première pousse les hommes à s'attaquer en vue
du Gain, la seconde en vue de la Sécurité, et la troisième en vue de la
Réputation.
La Compétition fait employer la Violence pour se rendre Maître de
la personne des autres, de leurs femmes, de leurs enfants, de leurs
troupeaux ; la Défiance la fait employer pour se défendre ; la Gloire pour des
riens : en un mot, un sourire, une différence d'opinion, un autre signe
quelconque de dépréciation dirigée directement contre Soi ou indirectement
contre sa Famille, ses Amis, son Pays, sa Profession ou son Nom.
Hors des
États Civils il y a perpétuellement Guerre de chacun contre chacun.
Il est
donc ainsi manifeste que, tant que les hommes vivent sans une Puissance
commune qui les maintienne tous en crainte, ils sont dans cette condition que
l'on appelle Guerre, et qui est la guerre de chacun contre chacun.
La GUERRE
ne consiste pas seulement en effet dans la bataille ou dans le fait d'en venir
aux mains, mais elle existe tout le temps que la volonté de se battre est
suffisamment avérée ; la notion de Temps est donc à considérer dans la
nature de la Guerre, comme elle l'est dans la nature du Beau et du Mauvais
Temps.
Car, de même que la nature du Mauvais Temps ne réside pas seulement dans une ou deux averses, mais
dans une tendance à la pluie pendant plusieurs jours consécutifs, de même la nature de la Guerre ne consiste pas
seulement dans le fait actuel de se battre, mais dans une disposition reconnue à se battre pendant tout le temps
qu'il n'y a pas assurance du contraire »
L'une des caractéristiques de l'Etat est qu'il est un fait de culture permettant de dépasser une nature humaine
primitive supposée violente.
Cette tentative d'éradication de la violence par l'instauration de l'Etat est à la base de
nombreuses théories du contrat social.
Le lien entre l'Etat et la suppression de la violence semble donc être
pertinent : il faut maintenant évaluer l'efficacité de cette suppression.
* La violence de l'homme est-elle contrôlable ?.
»
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