L'Etat est-il une communauté illusoire ?

« Termes du sujet: COMMUNAUTÉ: Fait d'avoir quelque chose en commun.

Une communauté de sentiments, de points de vue, de biens.

En sociologie, groupe dont les membres partagent les mêmes valeurs culturelles, tout en ayant entre eux de profonds liens affectifs et de solidarité. ÉTAT: 1) Avec une minuscule, manière d'être, disposition (un état d'esprit). 2) Avec une majuscule, un ensemble d'individus soumis à une même autorité politique, ou plus précisément cette autorité politique elle-même.

L'État c'est le gouvernement et l'ensemble des structures par lesquelles il manifeste son autorité. 3) État de droit: tout État qui s'applique à respecter la personne et à garantir les libertés individuelles. 4) Raison d'État: motif d'intérêt public invoqué par l'État pour justifier une action contraire à la loi ou à la morale. Analyse - On interroge ici le caractère illusoire de quelque chose.

Or, l'illusion renvoie non pas à une erreur qu'il suffirait de connaître pour la voir détruite, mais à une sorte de désir dont on peut dénoncer la vanité sans pour autant arriver à le supprimer.

En effet, l'erreur demeure soumise à la raison et ne peut, par définition, être une vérité.

Alors que l'illusion, qui est de l'ordre du désir, peut devenir réalité.

- L'énoncé s'attache au caractère illusoire de cette communauté que constitue l'État.

Il part donc de l'État compris comme l'ensemble des institutions qui garantissent l'ordre social et le droit sur un territoire géographiquement déterminé.

Il en interroge la légitimité. - L'État peut-il correspondre réellement à la société dont il est censé émaner ? Reflète-t-il les habitudes, la langue, la religion, les valeurs de la société/communauté dont il est l'État ? Ou bien constitue-t-il une sorte de fiction ? Et, si cette dernière hypothèse l'emporte, cette fiction est-elle destinée à leurrer la société ? Ou bien exprime-t-elle un désir de la société elle-même ? Plan détaillé À l'exception des sociétés que l'on dit « primitives », on ne connaît pas de société sans Etat.

Pour garantir les lois et le droit sans lesquels il faudrait renoncer à la paix sociale et à la liberté, toute société se dote d'un État.

Ce dernier paraît donc aussi réel que nécessaire.

Cependant, l'État n'échappe pas à la critique des philosophes. Ensemble d'institutions, l'État dispose de la force armée et de la police qui pourraient fort bien servir les intérêts de certains en réduisant d'autres personnes à l'obéissance.

Dès lors, on peut se demander dans quelle mesure l'État, présenté comme garant des lois et du droit, ne repose pas sur une sorte de leurre, la fiction illusoire d'une société qui continue d'évoluer sous les traits d'une communauté unie autour du partage d'habitudes, de langue, de religion...

Tout le problème serait alors de comprendre ce qui forge cette illusion et à quelle fin. Partons de la distinction société/communauté.

En effet, si une société s'entend comme un groupe fondé sur les échanges et la division du travail, elle se distingue d'une communauté parce que, l'intérêt de chacun n'étant pas confondu avec l'intérêt de tous, des conflits ne manqueront pas d'apparaître.

Si toute société se distingue d'une communauté, comment l'État pourrait-il se confondre avec une communauté ? L'ethnologie nous montre que si les sociétés dites primitives sont en réalité des communautés dépourvues d'État, c'est que les sociétés vont de pair avec des institutions étatiques qui n'ont plus de rapport avec le chef des sociétés primitives.

Dotées d'une force spécifique, et non plus de la simple parole, ces institutions se distinguent de la société dont elles émanent.

Comment incarneraient-elles la (les) communauté (s) constitutive (s) d'une société ? Si l'État est compris comme une communauté, il s'agit d'une illusion.

Il nous faut alors analyser de quelle illusion il s'agit.. »