l'Etat doit il éduquer le citoyen ?

« Le problème posé est celui du rôle de l'Etat et sur les limites de ce rôle.

Peut-on considérer que, parmi les prérogatives d'un Etat, celui de l'éducation soit légitime ? L'Etat peut-il s'arroger le droit de cette éducation ? A priori oui, mais tout dépend de deux conditions en particulier : de quelle forme d'Etat peut-il s'agir pour que cela soit effectivement légitime et ensuite, quel type d'éducation doit-il viser ? En effet, éduquer les citoyens, ne revient-il pas à formater les cervelles ? En fait, l'analyse du sujet nous apprend que ces questions sont intimement liées.

En effet, l'éducation qui est prise en charge par l'Etat correspond à ce que l'Etat lui-même attend de ses membres, une certaine conduite, une certaine idéologie.

S'il voit ces derniers comme des sujets, on parlera moins d'éducation que l'endoctrinement ou d'asservissement moral.

En revanche, s'il existe dans sa forme par la volonté des citoyens, on peut parler d'éducation, d'apprentissage à la liberté.

Mais jusqu'où s'arrête cette éducation ? S'agit-il de gouverner les esprits ou de les conduire à l'autonomie ? L'Etat peut-il ou doit-il se substituer à la famille, à la religion ? [Tout État qui prétend éduquer le citoyen sert immanquablement une cause politique.

L'éducation étatique est un puissant instrument permettant à la classe dominante de s'assurer le pouvoir.] Dans tous les totalitarismes, les écoles d'État ont toujours servi une cause idéologique.

Les enseignants n'avaient pas la liberté de dispenser un savoir permettant aux esprits de penser par eux-mêmes. Identiquement, dans les écoles démocratiques, une discipline comme l'économie a pour seule fonction de justifier le capitalisme sans le critiquer. L'Etat est toujours partial lorsqu'il s'agit d'éducation.

Que l'on songe ici aux récents débats sur l'interprétation donnée à la colonisation française dans les pays africains.

L'Etat français, pour des raisons idéologiques, a voulu réécrire l'histoire dans les manuels scolaires. Nietzsche pense que l'éducation étatique a toujours été et sera toujours médiocre.

Elle ne permet pas aux esprits exceptionnels de se révéler.

On pourrait ici parler d'une éducastration nationale ! Elle dispense une culture qui s'adresse au «plus grand nombre», une culture qui endort les esprits, les incitent à se conformer à l'opinion dominante.

Le processus de massification de l'école française pourra servir d'illustration à cette idée d'une médiocratie véhiculée par le système scolaire. [L'homme ne peut devenir un citoyen sans éducation.]. »