l'Etat doit-il chercher à satisfaire les désirs des citoyens ?
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«
Discussion :
Une telle formulation ne manque pas de rappeler ce que le discours politique ordinaire ne cesse de mentionner parlant de « l'Étatprovidence » et des risques de celui-ci : mettant les individus dans une forme d'attente, l'État empêcherait la dynamique personnelle ou
collective en pourvoyant à des besoins auxquels les citoyens ne seraient plus en mesure de répondre par eux-mêmes.
L'État-providence
est une conception du rôle de l'État, qui lui attribue le devoir de jouer un rôle actif dans la promotion de la croissance économique, de
fournir une protection sociale aux citoyens mais aussi de corriger les injustices sociales.
L'État-providence s'oppose à la vision d'un État
gendarme, dans laquelle l'intervention publique se limite aux fonctions que sont la police, l'armée et la justice.
I.
Un État, pourquoi ?
L'État selon Rousseau est le représentant de la volonté générale.
Prenons le système démocratique :
voter c'est élire un représentant, c'est-à-dire un représentant du peuple au sein d'un État.
Dans ce
cas, ce représentant ayant été élu par une certaine population, qui exprime certains désirs, se doit de
les satisfaire.
Car si la population vote pour un représentant c'est qu'elle attend de lui ce qu'elle sait
qu'elle n'obtiendra pas des autres : ses désirs particuliers.
Dans cet exemple précis, l'État en sa
fonction de représentant d'une majorité de la population a le devoir de satisfaire les demandes qu'on
lui adresse.
L'État est au service des citoyens puisque c'est à eux qu'il doit cette place.
« Ce n'est pas seulement en vue de vivre, mais plutôt en vue d'une vie heureuse qu'on s'assemble en
une cité ».
Ainsi, selon Aristote, la création même d'un État découle de la volonté générale d'être
heureux.
Il ne s'agit donc plus de savoir si l'État doit satisfaire le désir des citoyens mais plutôt
d'affirmer que c'est là son seul et unique devoir.
L'État doit assurer l'équilibre général et doit
représenter le bien-être des citoyens.
L'histoire du rôle de l'État depuis la révolution industrielle pourrait se résumer à un lent passage d'un
statut d'État gendarme à celui d'État-providence.
Certains ont vu dans cette longue évolution la
réalisation de la prophétie énoncée par Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique.
Il y
annonçait que l'individu tendrait à remettre sa liberté au pouvoir collectif, garant de la sauvegarde de
l'égalité.
De là naîtrait une servitude consentie où l'individualité tend à disparaître au profit d'un
pouvoir qui ne cesse de s'accroître pour mieux protéger.
Ainsi Tocqueville finit par se demander : « Cet État se veut si bienveillant envers
ses citoyens qu'il entend se substituer à eux dans l'organisation de leur propre vie.
Ira-t-il jusqu'à les empêcher de vivre pour mieux les
protéger d'eux-mêmes ? »
II.
L'État, incarnation de « tous » les désirs ?
Cependant si l'État représente la volonté de la majorité de la population, une autre partie n'est donc pas satisfaite.
Ainsi l'État ne
représente pas la volonté individuelle particulière.
Il s'identifie à un groupe d'individus.
Ainsi l'État essaye de satisfaire le désir des
citoyens pris dans une majorité, mais qu'en est-il de ceux qui ne sentent pas représentés dans cet État ? Qu'en est-il de la volonté
particulière ? Chaque citoyen pris individuellement a des exigences et des désirs qui lui sont propres, ainsi comment l'État pourrait-il
satisfaire toutes ces volontés ?
Si les désirs des particuliers ne sont pas assouvis on peut dire que le général est pourtant fait du particulier.
Ainsi pour que l'universalité
incarnée par un État soit en mesure de prendre forme il faut bien que certaines particularités puissent se retrouver dans l'État.
« Tout homme est capable de faire du bien à un homme; mais c'est ressembler aux dieux que de contribuer au bonheur d'une société
entière.
» Lettres persanes, Montesquieu.
III.
Bien public ou désir individuel ?
Malgré tous les problèmes que l'État peut rencontrer dans ses efforts pour satisfaire les désirs des citoyens, est-ce bien son rôle ? Si
Aristote disait que l'État était en lui-même la vie des citoyens et les rendait heureux, à quel genre de société faisait-il allusion ? On sait
bien que la liberté des anciens était bien différente de celle des modernes.
Il n'existait pas d'individu, il n'existait qu'une cité et chacun
devait se sacrifier à son service.
Aujourd'hui chacun se sacrifie à son propre service et la notion d'intérêt général a disparu alors l'État ne
devrait plus avoir à s'en préoccuper.
« Nul ne veut le bien public que quand il s'accorde avec le sien.
» Rousseau, Jean-Jacques.
On
comprend donc que le danger consiste dans le fait de détourner l'intérêt général à son profit exclusif.
Conclusion :
Friedrich Nietzsche, Aurore :« À l'individu, dans la mesure où il recherche son bonheur, il ne faut donner aucun précepte sur le chemin qui
mène au bonheur : car le bonheur individuel jaillit selon ses lois propres, inconnues de tous, il ne peut être qu'entravé et arrêté par des
préceptes qui viennent du dehors.
»
L'État, s'il a une indéniable vocation de conservation, et s'il joue un rôle déterminant dans la protection des individus, n'est pas là pour
résoudre à leur place les questions d'ordre privé.
Toutes les réponses qu'il pourrait d'ailleurs y apporter seraient inadéquates.
Le désir se
perd à devenir une question sur laquelle on légifère..
»
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