l'Etat a-t-il pour but de maintenir l'ordre ou d'établir la justice ?
Extrait du document
«
• Ordre et justice paraissent ici opposés ; si la justice implique un ordre, la réciproque n'est pas nécessaire.
• Souligner la différence entre les deux verbes.
• Penser à des exemples historiques.
• Un État semble ne pas pouvoir instaurer la justice s'il est en désordre : la justice implique l'existence d'un
ensemble de lois à respecter par tous alors que le désordre signifie l'absence de règles de vie commune.
• On pourrait en conséquence être tenté d'affirmer que le rôle de l'État est d'abord d'installer l'ordre.
Mais la
question posée concerne son maintien, et non son installation.
Maintenir l'ordre, cela suppose qu'il est contesté.
• Le problème se ramène alors à se demander s'il convient de maintenir l'ordre à tout prix, y compris au prix de la
justice elle-même.
Pour Platon, il ne se pose pas : l'ordre de la Cité (sa hiérarchie) permet précisément l'existence
de la justice.
Mais pour les théories modernes, elle a du sens, dès lors que l'on conçoit qu'un ordre peut être injuste.
• Exemples historiques : tous les régimes totalitaires.
La justice y disparaît, puisqu'elle est soumise au seul pouvoir,
dont l'obsession est précisément de maintenir l'ordre par tous les moyens, notamment en considérant comme
nécessairement coupables ceux qui en contestent le bien fondé.
• Complémentairement, on montrera que l'injustice signifie toujours un désordre (d'abord local ou ponctuel, mais qui
conteste métonymiquement toute l'organisation sociale) : ce dernier apparaît ainsi comme une conséquence, ce qui
donne à l'ordre le même statut.
• Ainsi, ce qui doit être premier, c'est l'instauration de la justice.
1) L'ordre est la finalité de l'Etat.
L'ordre apparaît comme la condition de possibilité même du vivre ensemble.
En effet, là où l'ordre est inexistant,
chaque individu vit dans l'insécurité.
Le désordre semble en effet naître de l'absence d'Etat ou d'un Etat inefficace.
« Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes
vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans
cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de
chacun contre chacun.
»HOBBES
Hobbes vit dans une Angleterre troublée par une guerre civile dont les
causes sont à la fois religieuses et politiques.
Le principe même de la
monarchie est critiqué et le roi atteint dans sa personne.
En Angleterre,
Charles Ier est exécuté en 1649 et Jacques II doit s'enfuir en 1688.
Hobbes va s'atteler à une tâche à la fois pratique et théorique.
Il
s'agit de soutenir la monarchie au pouvoir ; ce soutien prend la forme d'un
ouvrage théorique qui justifie l ‘autorité quasi absolue du pouvoir en place.
L'oeuvre de Hobbes est axée sur le concept de souveraineté (autorité
politique, puissance de l'Etat, pouvoir de commander) dont il affirme qu'elle
est indivisible et quasi absolue.
Avant d'expliquer ce qui fait la spécificité de la pensée de Hobbes,
exprimée principalement dans le « Léviathan » (1651), il est nécessaire de
préciser quelques points de vocabulaire.
Ø
« République » (« Common-Wealth ») correspond à ce que nous appelons l' « Etat ».
Hobbes luimême donne le mot « Stade » comme un équivalent.
Ø
« Souveraineté » (ou souverain) est un mot qui, comme chez Bodin, désigne l'âme de la République,
en ce sens qu'il exprime l'autorité de l'Etat, telle qu'elle existe indépendamment des individus.
Le mot
« souverain » peut donc, comme le mot « personne » étudié ci-après, se rapporter à plusieurs individus.
Ø
« Personne » est employé dans le sens moderne de « personne morale ».
Cette personne qui détient
la souveraineté peut être un individu, une assemblée ou la totalité du peuple.
Quant Hobbes dit que la
souveraineté ne peut pas être divisé et doit être détenue par une « personne unique », il envisage ces
trois situations (un seul, une assemblée, la totalité du peuple).
Le fait que ses préférences aillent à la
monarchie dont le roi détient effectivement le pouvoir (qui s'oppose à la monarchie parlementaire où le
parlement détient une part de la souveraineté) ne l'empêche pas de penser que, dans les trois cas, la
souveraineté doit être quasi absolue et indivisible.
Enfin, dans l'exposé qui précède, nous avons parlé de l'Angleterre, alors qu'en toute rigueur, il aurait fallu parler du
Royaume-Uni.
Nous avons suivi en cela, et continuerons à suivre, l'usage populaire.
A strictement parler, le mot
Grande-Bretagne convient mieux parce qu'en 1603, Jacques VI Stuart, roi d'Ecosse, devient Jacques I er
d'Angleterre.
Même s'il faudra attendre 1707 pour qu'ait lieu la fusion des couronnes, on date de 1603 le début du.
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