L'État a-t-il pour but de maintenir l'ordre ?
Extrait du document
«
Ce sujet invite à réfléchir sur la finalité de l'État.
L'erreur serait ici d'énumérer les différents rôles de l'État, en
disant, par exemple, que l'État n'a pas pour seul but de maintenir l'ordre, mais qu'il a aussi pour but de faire ceci puis
cela...
L'État ne peut maintenir l'ordre sans la justice
L'ordre ne peut se maintenir longtemps s'il n'est pas légitime, autrement dit s'il n'est fondé que sur la violence du
plus fort.
Comme le souligne Rousseau, « le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne
transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir » (Rousseau, Du contrat social, I, 3).
Il n'y a donc pas d'ordre
sans justice.
Seules les lois qui émanent de la volonté générale et qui garantissent la liberté des sujets sont dignes
et donc susceptibles d'être respectées.
On ne saurait donc supprimer toute liberté au nom de la sécurité.
L'État ne peut faire régner la justice sans ordre
Mais s'il n'y a pas d'ordre sans justice, il n'y a pas non plus de justice sans ordre.
Il appartient donc à l'État de faire
respecter l'ordre, autrement dit d'avoir recours à la répression quand la loi est bafouée.
La répression doit être ellemême juste.
Il s'agit non pas de se venger, mais de restaurer la loi.
Il n'y a d'ordre véritable que dans le cadre d'une
législation juste qui permette l'accord de la liberté de chacun avec celle de tous - législation qui doit être respectée
par tous.
L'État doit veiller â favoriser une plus grande justice sociale
Reste que bâtir la justice, cela signifie aussi veiller à une répartition équitable des richesses produites.
L'État doit
donc favoriser une plus grande justice sociale, en évitant toutefois la logique du totalitarisme.
On pourra bâtir cette
partie sur les travaux de J.
RAWLS.
« Le voile d'ignorance »
Neutralité des principes de justice.
Sa théorie de la justice se situe dans le courant de pensée de l'individualisme libéral.
L'individu libéral est celui qui se
fixe librement ses objectifs et qui tente, selon un « calcul des plaisirs et des peines », de les atteindre.
Cependant, contrairement au libéralisme téléologique dont l'utilitarisme est un bon exemple, le libéralisme de Rawls
est, à l'instar de celui de Kant, un libéralisme déontologique : il donne la priorité au juste sur le bien.
La société
étant composée d'individus - chacun avec ses propres fins et ses propres intérêts - doit pouvoir être organisée
selon des principes qui ne présupposent aucune conception particulière du bien.
Ici, c'est le juste qui, défini d'une
façon indépendante, va imposer des contraintes au bien et le limiter.
La conduite de l'individu, si elle est régulée par
des principes ne reposant sur aucune fin particulière, peut poursuivre des objectifs particuliers tout en étant
compatible avec les autres libertés individuelles.
Mais comment est-il possible de dégager ainsi des principes de
justice qui soient neutres sur un plan moral ou métaphysique?
Pour le résoudre, Rawls modifie le problème posé par la recherche des principes de justice.
Il ne s'agit plus désormais
d'analyser et de fonder les contenus de ces principes (tâche infinie) mais de décrire la situation qui préside au choix
de ces principes.
Comme souvent, une bonne façon de résoudre une question difficile est de la reposer d'une autre
manière.
Rawls opère ici une «révolution copernicienne»: l'analyse ne porte pas sur l'objet mais sur les sujets de la
justice.
Que se passerait-il en effet si les individus étaient amenés à choisir les principes de justice ordonnant la
communauté en ignorant tout de leur position respective à l'intérieur de cette communauté?
« La position originelle »
Imaginons une situation dans laquelle les membres d'une société débattent sur les principes de justice qui régulent
la structure sociale.
Si chacun se présente avec ses conditionnements sociaux et historiques, prêt à user de force
ou de ruse pour mieux profiter de la négociation, l'accord unanime est impossible.
Les individus sont soumis à
l'hétéronomie* de leur détermination sociale et n'agissent pas comme des êtres libres: ils sont enclins à défendre
leurs intérêts privés.
Il faut donc imaginer une autre procédure qui les empêche de tourner le débat à leur profit.
Rawls imagine donc une «position originelle» hypothétique, dans laquelle chacun ignore tout de sa place dans la
société
«Je pose que les partenaires sont situés derrière un voile d'ignorance.
Ils ne savent pas comment les différentes
possibilités affecteront leur propre cas particulier et ils sont obligés de juger les principes sur la seule base de
considérations générales » (Théorie de la justice, p.
168).
L'individu qui délibère ne sait rien de son statut social, de ses capacités physiques ou intellectuelles, de ses
inclinations, de sa psychologie; rien
non plus de son idée du bien, de son projet rationnel de vie.
Il juge donc placé sous ce « voile » en situation de
stricte égalité avec les autres partenaires.
Cette fiction permet de représenter l'égalité des êtres humains en tant.
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