L'esprit philosophique et la croyance religieuse sont-ils compatibles?
Extrait du document
«
PREMIERE CORRECTION
Problématique:
La philosophie reproche à la religion son dogmatisme, et la religion peut reprocher à la philosophie un dogmatisme
inverse, par son adhésion inconditionnelle à la raison comme critère ultime, à l'exclusion de toute croyance.
Mais, la
raison elle-même condamne tout dogmatisme.
Philosophie et religion
A.
Le paradoxe de la foi
• La philosophie peut opérer une réduction partielle de la religion en ne voyant en elle que l'expression symbolique,
métaphorique de la philosophie elle-même.
Kant, par exemple, réduit la religion à la morale : « La religion est la
connaissance de tous nos devoirs comme commandements divins », écrit-il dans La religion dans les limites de la
simple raison (1793).
« La religion, qui est fondée simplement sur la théologie, ne saurait contenir quelque chose de moral.
On n'y aura
d'autres sentiments que celui de la crainte, d'une part, et l'espoir de la récompense de l'autre, ce qui ne produira
qu'un culte superstitieux.
Il faut donc que la moralité précède et que la théologie la suive, et c'est là ce qui
s'appelle la religion.
La loi considérée en nous s'appelle la conscience.
La conscience est proprement l'application de nos actions
à cette loi.
Les reproches de la conscience resteront sans effet, si on ne les considère pas comme les
représentants de Dieu, dont le siège sublime est bien élevé au-dessus de nous, mais qui a aussi établi en nous un
tribunal.
Mais d'un autre côté, quand la religion ne se joint pas à la conscience morale, elle est aussi sans effet.
Comme on l'a déjà dit, la religion, sans la conscience morale, est un culte superstitieux.
On pense servir Dieu en le
louant, par exemple, en célébrant sa puissance, sa sagesse, sans songer à remplir les lois divines, sans même
connaître cette sagesse et cette puissance et sans les étudier.
On cherche dans ces louanges comme un
narcotique pour sa conscience, ou comme un oreiller sur lequel on espère reposer tranquillement.
»
RELIGION & RAISON CHEZ KANT.
¨
La loi morale est la condition de possibilité du « vrai culte », d'une religion
authentique.
Dans le « faux culte », c'est la théologie (interprétation des
écrits bibliques) qui est le fondement, la condition de possibilité de la morale.
L'homme perd son autonomie rationnelle et devient le jouet des exégèses
théologiques, des prêtres devenus « fonctionnaires » (hétéronomie de la
volonté).
On voit ici le danger que la religion ne sécrète son poison mortel : le
fanatisme et l'impossibilité d'une amélioration de l'homme, assujettis au rang
d'éternel « mineur ».
¨
Les sentiments de « crainte » (« Respecte la loi divine, si tu ne veux pas
être damné ») , d'« espoir » (« Respecte la loi morale, .
si tu veux être
sauvé») ne peuvent fonder que des « impératifs hypothétiques », cad des
maximes conditionnées par l'égoïsme, l'intérêt ou que des moyens en vue
d'une fin plus ou moins louable.
¨
Instrumentalisation des « Ecritures ».
Exemple : le Christ devient exemple
de l'impératif catégorique, de la moralité en acte.
¨
A l'opposé de ces principes de prudence (éviter le malheureux, chercher l'utile) on opposera l'impératif
catégorique («Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la
personne des autres, toujours comme une fin et jamais simplement comme moyen » ) qui commande de
manière inconditionnée ce qu'il s'agit de faire.
C'est lui que Kant invoque sur les termes de « loi » et de
« conscience » moral.
La postulation de l'existence de Dieu apporte consistance et relief à la conscience morale.
L'homme ne pêche plus seulement contre sa conscience et devant l'humanité mais aussi contre la déité.
Si le
remords devenu péché, faute est fortifié par l'existence de Dieu, il n'en demeure pas moins que la primauté, le
fondement appartient bien au « tribunal » de la conscience avant celui du « Jugement dernier ».
¨
Pour synthétiser et en termes pascaliens, on peut dire, que la morale sans la religion, et comme le droit
(raison) sans la force.
Et que la religion sans la morale est la force sans le droit (raison).
Dans la préface de la première édition de la « Religion dans les limites de la simple raison », Kant affirme que la
morale n'a nullement besoin de la religion : « La morale, qui est fondée sur le concept de l'homme en tant qu'être
libre, s'obligeant pour cela même, par sa raison, à des lois inconditionnées, n'a besoin ni de l'Idée d'un Etre différent,.
»
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