l'esprit est-il tranquille ?
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Introduction
-L'esprit, c'est le principe à partir duquel est rendu possible la connaissance et la sensation, en un mot la
conscience.
-La tranquillité constitue un état de stabilité qui ne tolère pas de changement brusque ni de conflits internes.
-L'homme est le seul animal doué d'un esprit développé, c'est-à-dire d'une conscience de soi, à partir de laquelle est
rendue possible la connaissance et la maîtrise du monde environnant.
-La conscience se constitue-t-elle dans l'élément de la stabilité, c'est-à-dire dans le rapport d'identité serein à soi ?
Ou bien la rupture est-elle définitoire de la notion même de conscience ? Un esprit tranquille est-il encore un esprit ?
I.
La tranquillité de l'âme dépend d'une hiérarchie acceptée par ses diverses parties constitutives
(Platon).
-Platon, théorie de l'âme dans le livre IV de la République : la partie rationnelle doit gouverner les deux autres
parties, qui doivent accepter de se soumettre à un principe supérieur qui les gouverne.
-L'âme harmonieuse est une âme dans laquelle chaque partie occupe sa propre fonction sans outrepasser ses limites
légitimes.
La fonction de la partie rationnelle est de diriger l'ensemble de l'âme.
- Il faut savoir être mesuré car l'hybris est destructeur.
Comme le montrait Platon, République IX 580 d : "Puisqu'il y
a trois parties de l'âme, il me paraît qu'il y a aussi trois sortes de désirs propres à chacune d'elle, et aussi trois
sortes de plaisirs et de commandement" : ces trois parties sont la concupiscence (epithumia) à avoir le désir relatif
au plaisir du corps, le courage / coeur (thumos), qui est l'ardeur ou le zèle, et enfin la raison.
Une âme déréglée ne
peut harmoniser ses désirs avec la raison, et l'homme en proie aux dérèglements (c'est-à-dire à la non harmonisation
de ses désirs) est esclave de lui même et comme un pantin tiraillé de toutes parts.
Choisir le juste milieu, c'est
orienter ses désirs par la raison qui perçoit ce qui est juste et bien, le juste étant un équilibre des parties dans
laquelle chacune fait ce qui lui est propre (comme dans une cité où l'harmonie suppose que chacun accomplisse son
action propre et ne quitte donc pas le milieu qui lui convient).
II.
La conscience, par essence, est "conscience malheureuse" (Hegel).
-La conscience constitue le mouvement par lequel le pour-soi se dépasse chaque fois lui-même pour accéder à sa
propre essence, enrichie par l'intégration de l'altérité.
Ce mouvement dialectique empêche toute tranquillité de la
conscience, qui ne deviendra telle que lorsqu'elle se sera abolie comme telle et qu'elle aura réalisé son essence
d'Esprit absolu.
-La conscience pure, c'est le pour-soi, c'est-à-dire l'arrachement à ce qui n'est pas elle, la pure négation ; c'est
pourquoi, dans un premier temps, toute conscience est "malheureuse" d'être séparée de ce qui n'est pas elle et qui,
pourtant, est elle-même mais selon la seule modalité de l'en-soi, encore.
Le mouvement de la conscience consiste à
faire de l'en-soi un pour-soi, ou plus précisément un en-soi-pour-soi.
III.
La conscience est arrachement angoissé à l'être (Sartre).
-Le pour soi est négatisation de l'en soi, il est pure puissance de néantisation.
C'est pourquoi le pour soi "est ce
qu'il n'est pas et n'est pas ce qu'il est".
La conscience se saisit dans ce mouvement de retrait par rapport à l'être en
soi des choses.
-Mais la conscience se fuit elle-même lorsqu'elle se saisit dans l'élément originel de la liberté absolue.
La liberté ne
veut pas se saisir comme telle, c'est pourquoi elle angoisse devant ce néant qu'elle ne cesse de sécréter.
La
conscience qui se saisit dans sa nature propre ne saurait jamais rester dans la "tranquillité"..
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