L'espèce humaine doit-elle faire l'objet d'une sélection ?
Extrait du document
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[ Dans la nature, les individus anormaux ou trop faibles sont éliminés.
L'homme, grâce à ses connaissances en génétique, doit faire de
même.
Il faut empêcher la reproduction des malades et des porteurs de tares héréditaires.]
La nature sélectionne les individus
Les carnassiers se chargent d'éliminer les animaux les plus faibles.
Une gazelle porteuse d'une tare n'a aucune chance de pouvoir la
transmettre.
Elle sera dévorée avant d'avoir atteint la maturité sexuelle.
Ce processus naturel de sélection permet aux espèces de
ne pas dégénérer.
Seuls les individus sains et robustes subsistent et se reproduisent.
La génétique permet une sélection rigoureuse
Mendel a découvert au XIXe siècle les lois de l'hérédité.
Depuis, la génétique a fait d'immenses progrès.
On sait de mieux en mieux
localiser les gènes qui sont à l'origine des maladies héréditaires.
On peut donc interdire à un couple porteur de gènes pathogènes
de faire des enfants.
On peut aussi supprimer l'œuf fécondé dont on sait qu'il donna naissance à un individu anormal.
Par humanisme, l'on doit souhaiter la sélection des individus
L'amour d e l'humanité, le respect de la dignité d e l'homme, doivent conduire à l'instauration d'une sélection génétique
systématique.
On doit souhaiter l'amélioration de l'espèce humaine et donc supprimer ce qui cause sa dégénérescence.
Quant aux
individus tarés, leur existence est une continuelle douleur.
Les éliminer, c'est abréger d'inutiles souffrances.
C'est agir en faveur de
la dignité de la personne.
[On ignore à peu près tout du rôle que joue l'hérédité au niveau de la pensée.
Or, l'homme est avant tout un être pensant.
Un individu
peut être porteur d'une tare héréditaire tout en étant intellectuellement et moralement exceptionnel.]
Les aptitudes intellectuelles ne sont pas transmissibles
Les enfants de Jean-Sébastien Bach ont hérité de son amour pour la musique.
Mais aucun d'eux n'a hérité de son immense génie.
Sans doute, l'écrivain Edmond Rostand a-t-il eu un fils, Jean, qui est devenu un éminent biologiste.
Mais c'est une exception.
Einstein est mort en emportant avec lui ses dons exceptionnels de physicien.
Il faut distinguer le corps et l'esprit
S'en tenir aux seules lois de l'hérédité peut conduire aux pires aberrations.
Un individu dont le père est alcoolique et la mère
tuberculeuse mériterait d'être supprimé.
Voilà qui est fort bien! Mais en ce cas, Beethoven n'aurait jamais pu écrire de Clair de lune,
lui qui était issu de l'union d'un père éthylique et d'une mère pulmonaire.
Les tares génétiques qui concernent le corps ne concernent
pas l'âme.
La sélection naturelle ne repose sur aucun critère scientifique
Concernant l'espèce humaine, les critères de sélection finissent toujours par être idéologiques.
L'eugénisme nazi se fondait sur l'idée
d'une race pure, supérieure aux autres.
Les Aryens, grands, blonds et robustes, devaient rem- placer les races inférieures.
Mais en
quoi un athlète à la peau blanche vaut-il mieux qu'un petit homme à la peau jaune; surtout si ce dernier est l'inventeur de la poudre
à canon?
L'idée de sélection de l'espèce humaine repose sur une contradiction fondamentale.
En effet, l'homme revendique sa position au
sommet de la pyramide de l'évolution.
Il se définit comme étant l'être de la culture, comme étant le seul à posséder une intelligence
consciente d'elle-même.
En cela, il tient à se distinguer radicalement des animaux.
D'un autre côté, et pour justifier sa volonté
d'améliorer sa propre race, il se réfère à ce qui se passe dans la nature: le faible est mangé par le fort, l'individu taré est
impitoyablement éliminé.
Partant de ces considérations, on a bien du mal à savoir si l'homme est un animal soumis à des lois
naturelles, ou s'il est celui qui, grâce à la culture, s'élève au-dessus de son animalité première.
Scientifiquement parlant, parler de
sélection humaine est une totale hérésie.
L'homme se définit avant tout par sa pensée.
Or, le rapport entre génétique et conscience,
culture, intelligence demeure, pour l'instant tout du moins, totalement énigmatique..
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