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Les vraies valeurs ne renvoient-elles qu'au passé ?

Extrait du document

« [La raison est piètre juge par rapport au temps.

Ce qui demeure est ce qui est vrai.

Ce que le passé a conservé est aussi ce qui sert de fondement au présent.

Les racines de toute culture sont ancestrales.] N'est vrai que ce qui dure L'expérience montre qu'il en va de la vie organique comme des valeurs humaines: l'une comme les autres sont soumises à un processus de «sélection naturelle» dont le grand ordonnateur est le temps, et lui seul.

Une religion n'est vraie que parce qu'elle est éternelle.

Ce qui prouve la valeur d'une oeuvre d'art, c'est sa faculté de résister à l'épreuve du temps. Le passé est fondateur Louis-Ambroise de Bonald, critiquant la Révolution, lui oppose un système moral, politique, qui a l'éternité pour lui, puisqu'il repose sur la parole divine.

Monarchie absolue, organisation familiale patriarcale sont des réalités vraies, puisqu'elles ne dépendent pas de décisions humaines, mais incarnent une volonté transcendante. Cette volonté, révélée aux origines de la religion, doit être scrupuleusement respectée. Le passé contient toutes les vraies valeurs Les modes passent, les opinions changent.

Ne demeure que ce qui a de la valeur.

Un peuple ne tire sa force, son identité que de son passé.

C'est pourquoi, se respectant lui-même, respectant les grands hommes qui ont fait son histoire, il doit vouloir conserver ce joyau dont la pureté ne tient qu'au temps.

C'est au conservatisme qu'il doit sa grandeur. [Pour que passé il y ait, il a bien fallu que des événements en tissent la trame.

Les valeurs du passé, en leur temps, étaient de nouvelles valeurs.

Créer de nouvelles valeurs, voilà ce qui a vraiment de la valeur.] Sans présent, le passé n'aurait jamais existé Rémy de Gourmont, dans ses Promenades philosophiques, a mille fois raison de poser cette question: «La tradition ? sans doute la tradition.

Mais, ne croyez-vous pas qu'il y ait un commencement à tout, même à la tradition ?» Par là, il montre bien que ce que le conservatisme tend à conserver est précisément le fruit d'audaces faisant fi de la tradition. La vie est, par essence, évolution Le conservatisme repose sur une contradiction essentielle: il admet l'innovation, créatrice des valeurs auxquelles il se réfère et, en même temps, refuse d'admettre que cette même innovation puisse, un jour, nier ses convictions.

Plus fâcheux encore! Il nie cette évidence: la vie, en son ensemble, ne cesse de se transformer, d'évoluer. Conserver, c'est emprisonner Descartes ne décèle dans les coutumes et les traditions aucune vérité certaine.

Les valeurs du passé, à ses yeux, n'ont aucune valeur de vérité, même si l'on doit s'y soumettre, tant que la raison ne les a pas invalidées ou fondées.

Demeurent ce fait et cette exigence: l'oeuvre de connaissance est contraire à toute forme de conservatisme.. »

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