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Les Stades de la sexualité de l'enfant en psychanalyse

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« Si quelqu'un compose un poème sur les malheurs de Niobé, des Pélopides, des Troyens*, ou sur tout autre sujet semblable, il ne faut pas qu'il puisse dire que ces malheurs sont l'œuvre de Dieu, ou, s'il le dit, il doit en rendre raison à peu près comme, maintenant, nous cherchons à le faire.

Il doit dire qu'en cela Dieu n'a rien fait que de juste et de bon, et que ceux qu'il a châtiés en ont tiré profit; mais que les hommes punis aient été malheureux, et Dieu l'auteur de leurs maux, nous ne devons pas laisser le poète libre de le dire.

Par contre, s'il affirme que les méchants avaient besoin de châtiment, étant malheureux, et que Dieu leur fit du bien en les punissant, nous devons le laisser libre.

Dès lors, si l'on prétend que Dieu, qui est bon, est la cause des malheurs de quelqu'un, nous combattrons de tels propos de toutes nos forces, et nous ne permettrons pas qu'ils soient énoncés ou entendus, par les jeunes ou par les vieux, en vers ou en prose, dans une cité qui doit avoir de bonnes lois, parce qu'il serait impie de les émettre, et qu'ils ne sont ni à notre avantage ni d'accord entre eux...

Voilà donc la première règle et-le premier modèle auxquels on devra se conformer dans les discours et dans les compositions poétiques.

Dieu n'est pas la cause de tout, mais seulement du bien.

PLATON, La République. * Comme Job dans la tradition biblique, Niobé, les Pélopides et les Troyens, dans la tradition hellénique, sont des figures de l'humanité malheureuse. éléments d'explication La théorie des arts de Platon est liée à son projet politique : l'établissement d'une Cité idéale ; et son esthétique ne peut être séparée de sa morale.

De manière générale, d'ailleurs, les Grecs, comme plus tard les Latins, ne distinguaient pas très nettement le beau (kalon) du bon, que ce soit le bon moral (le bien) ou le bon utilitaire (l'adapté et l'agréable).

Platon rattache sans ambiguïté la Beauté au Bien (cf. Philèbe, 65 a : « Saisissons-le [le Bien] sous trois Idées : beauté, proportion, vérité »).

La beauté dénote ainsi la perfection, c'est-à-dire à la fois une « complétude » et une autonomie (teleon kaï ikanon).

Elle appartient donc au réellement réel, à l'être vrai, au domaine du Même, c'est-à-dire au monde des Idées, à l'Intelligible.

Dans ces conditions, il ne saurait y avoir de véritable beauté dans le monde sensible, mais seulement un simulacre de beauté, puisque le sensible n'est que le simulacre de l'Intelligible.

Et l'artiste qui, contrairement au philosophe, tourne son regard vers le sensible, et non vers les Idées, ne peut produire qu'un simulacre de simulacre.

De plus, l'artiste ne cherche pas à connaître son objet, se contentant de le représenter non tel qu'il est, mais tel qu'il lui apparaît Ainsi l'art est-il « bien éloigné du vrai » (cf.

République, X, 597 e et suivant) et les artistes ne sont-ils que des illusionnistes (id., 602 c), notamment les peintres et les poètes.

(Remarquons que si Platon s'intéresse tant à la musique, c'est précisément parce que celle-ci n'imite pas le sensible, mais révèle des idéalités, des rapports mathématiques.) Mais si Platon condamne l'art, il veut bien cependant admettre les artistes dans sa Cité idéale à la condition expresse qu'ils jouent un rôle pédagogique en contribuant par leur talent à l'éducation des « gardiens » de cette Cité.

Les poètes en particulier, comme l'explique notre texte, devront donc veiller à ce que leurs œuvres soient toujours morales et vraies, se rapprochant du même coup de la véritable beauté.

On peut noter que la conception platonicienne qui met l'art au service du politique et en fait un moyen d'éducation est fort dangereuse, comme le montrent les totalitarismes contemporains (cf.

la doctrine nazie de l'art ou le « réalisme socialiste » du stalinisme).. »

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