Les sentiments naturels de l'hommes sont-ils pour la moralité un auxiliaire ou un obstacle
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«
Les sentiments naturels de l'homme sont-ils pour la moralité un auxiliaire ou un obstacle ?
INTRODUCTION.
— La moralité consiste dans la conformité avec l'idéal moral.
Cette conformité est essentiellement
affaire de vouloir; mais les sentiments naturels ou spontanés, comme la sympathie ou l'antipathie, l'amour du travail
ou une prédilection marquée pour le farniente, n'y jouent-ils pas un rôle, et lequel ? Constituent-ils un auxiliaire ou
un obstacle ?
La question peut se poser à propos des sentiments qui détournent du devoir; mais elle se pose plus ordinairement à
propos de ceux qui nous portent vers lui.
C'est au point de vue de ces derniers que nous nous placerons; pour
répondre à la question concernant les premiers, il suffira de prendre le contrepied de la réponse faite pour les
autres.
I.
— OPINIONS EXTRÊMES.
a) Le sens commun répond sans, hésiter : les sentiments naturels qui détournent de ce que la conscience juge être
le devoir constituent un obstacle à la moralité.
L'essentiel, en effet, est de faire pleinement son devoir.
Or, grâce
aux sentiments en question, le devoir est exécuté plus sûrement, plus parfaitement et avec plus de facilité
(exemples).
Comment ne pas voir en eux de précieux auxiliaires et ne pas déplorer d'autres sentiments qui nous font
si souvent manquer à notre devoir ou nous le rendent si difficile ?
b) Pour Kant, au contraire, et pour nombre de penseurs qui s'inspirent de lui,
les sentiments naturels n'ont aucune valeur morale, et ceux qui nous portent
au devoir constituent un obstacle, ou du moins un sérieux
danger pour la moralité.
En effet, nous l'avons dit, c'est de la volonté que
dépend la valeur morale de nos actes; par suite, dans la mesure même où la
volonté a besoin du renfort de mobiles d'ordre affectif, les actes perdent de
leur valeur.
Ou encore : l'idéal est d'agir par devoir, indépendamment de tout
attrait du plaisir.
« La plus grande perfection possible pour l'homme est de
remplir son devoir et par devoir.
Que la loi morale ne soit donc pas seulement
la règle, mais aussi le mobile des actions.».
Les sentiments qui nous orientent vers le devoir nous font agir par plaisir, et
par là altèrent la pure volonté du devoir, ou même se substituent à elle,
diminuant du même coup la valeur morale de nos actes ou même la
supprimant.
Au contraire, les sentiments qui nous détournent du devoir nous contraignent
à agir par pure volonté, et par là constituent de puissants auxiliaires de la
moralité.
Exemple : comparer la valeur morale de la fidélité aux devoirs de piété filiale
chez un enfant qui aime ses parents et chez un enfant qui les déteste..
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