Les sciences peuvent-elles résoudre tous les problèmes que l'homme se pose ?
Extrait du document
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Définition des termes du sujet
On appelle « sciences » l'ensemble des systèmes rationnels de recherche et de connaissance visant à une
explication des phénomènes observables dans le monde.
Est en question ici l'étendue de l'efficacité et de la pertinence du recours aux sciences pour la résolution de « tous
les problèmes que l'homme se pose » : cette formulation est très large, mais elle a pour particularité de mettre
l'homme au centre du questionnement : il ne s'agit pas de tous les problèmes qui existent de fait, mais de tous les
problèmes que l'homme se pose et peut-être se crée sans justification - des faux problèmes peuvent donc être
comptés au nombre de ces problèmes.
Résoudre un problème, c'est lui apporter une solution efficace, ce n'est pas
seulement le prendre en considération et l'analyser.
Est-il pertinent de s'en remettre aux sciences pour tous les aspects de la vie humaine ? (peut-on répondre à des
problèmes tels que « Dieu existe-t-il ? » ou « quelle est la meilleure forme de gouvernement ?» par des méthodes
scientifiques ?) Ou faut-il au contraire limiter l'objet de la science et choisir d'autres démarches que la démarche
scientifique pour certains objets qui sembleraient étrangers à une approche purement démonstrative ou rationnelle ?
Proposition de plan
I.
Examen de la position selon laquelle la science est pertinente pour tous les types de recherches
On peut commencer par aller dans le sens de la formulation du sujet, et examiner les implications d'une position qui
s'en remettrait aux sciences pour la résolution de tous les types de problèmes, en raison de la rigueur et de la
fiabilité des méthodes scientifiques : peut-on tout appréhender par ces méthodes ? Qu'appelle-t-on alors
« sciences » ? Peut-on passer les affects humains au filtre des méthodes de la mathématique et de la physique, par
exemple ? Cette première partie devrait permettre de dégager les problèmes que pose le choix d'une position
d'accord avec la formulation du sujet.
Husserl
Il n'a pas toujours été vrai que la science comprenne son exigence de vérité rigoureusement fondée au sens de
cette objectivité qui domine méthodologiquement nos sciences positives et qui, déployant son action largement audelà d'elles, procure à un positivisme philosophique, un positivisme en tant que vision du monde, sa ressource et les
moyens de s'étendre partout.
Il n'a pas toujours été vrai que les questions spécifiquement humaines se voient
bannies du domaine de la science et que la relation intrinsèque qu'elles entretiennent avec toutes les sciences, y
compris celles dans lesquelles ce n'est pas l'homme qui fournit le thème (par exemple les sciences de la nature), ait
été placée en dehors de toute considération.
Tant que les choses ne se passèrent pas ainsi, la science put
revendiquer une signification pour cette humanité européenne qui depuis la Renaissance se donne une forme
entièrement nouvelle, et même, comme nous le savons, elle put revendiquer la direction de cette entreprise.
[...] Le
concept positiviste de la science à notre époque est par conséquent, historiquement considéré, un concept
résiduel.
Il a laissé tomber toutes les questions que l'on avait incluses dans le concept de métaphysique, entendu
tantôt de façon plus stricte tantôt de façon plus large, et parmi elles toutes ces questions que l'on appelle avec
assez d'obscurité les questions "ultimes et les plus hautes".
Considérées de plus près, ces questions et toutes celles
que le positivisme a exclues, possèdent leur unité en ceci, qu'elles contiennent soit implicitement soit explicitement
dans leur sens les problèmes de la raison, de la raison dans toutes ses figures particulières.
C'est la raison en effet
qui fournit expressément leur thème aux disciplines de la connaissance (c'est-à-dire de la connaissance vraie et
authentique : de la connaissance rationnelle), à une axiologie vraie et authentique (les véritables valeurs en tant
que valeurs de la raison), au comportement éthique (le bien-agir véritable, c'est-à-dire l'agir à partir de la raison
pratique).
Dans tout ceci la raison est un titre pour des idées et des idéaux "absolus" ; "éternels", "supratemporels"; "inconditionnellement valables".
II.
Les limites de l'objet des sciences
On pourra alors s'intéresser spécifiquement à la question des limites des objets des sciences : qu'est-ce qui
gouverne cette limitation ? Est-ce une insuffisance du point de vue de la résolution des affaires humaines ? Est-ce
une impuissance interne aux sciences elles-mêmes, du point de vue du développement de leurs méthodes, par
exemple ? On pourra alors circonscrire l'objet des sciences, et choisir d'en exclure, ou non, certains des problèmes
que l'homme se pose.
De Broglie
La recherche scientifique a toujours oscillé et oscillera sans doute toujours entre deux tendances : d'une part,
observer avec soin les faits expérimentaux et se borner à les traduire par des formules mathématiques précises ;
d'autre part, partir de conceptions synthétiques posées a priori, auxquelles on pourra toujours reprocher d'avoir un
certain caractère métaphysique, et chercher à en déduire les lois des phénomènes connus et la prévision de
phénomènes nouveaux.
Le progrès de la Science a toujours résulté de continuels compromis entre ces deux
tendances qui furent souvent en lutte ouverte, mais au XVIIe siècle leur conflit fut particulièrement violent.
Les meilleurs esprits scientifiques de ce temps n'étaient pas entièrement affranchis de l'esprit de la Scolastique qui,
pour avoir voulu employer trop exclusivement la seconde méthode, avait piétiné pendant des siècles et s'était le.
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