Les sciences humaines suffisent-elles à connaître l'homme ?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
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Il s'agit ici d'interroger une pluralité de disciplines (les sciences humaines) et de déterminer si elles sont
suffisantes pour établir une connaissance de l'homme, c'est-à-dire si elles sont telles qu'elles n'ont besoin de rien
d'autres, si aucun supplément ne leur est nécessaire.
Ces disciplines = toutes celles qui ont pour objet les comportements humains ; la psychologie, la sociologie, (et
leurs sous-section : la psychanalyse et l'ethnologie), la linguistique, l'histoire, l'anthropologie, l'histoire, et plus
récemment, les Sciences-cognitives (Neurosciences, Intelligence Artificielle, psychologie cognitive, philosophie
analytique …)
La difficulté du sujet tient à ce que « connaître l'homme » = la tâche que ces disciplines se donne explicitement.
Il s'agit donc de voir en quoi leur regroupement sous le terme générique « science » permet cette connaissance
et surtout, si elle remplit bien, c'est-à-dire complètement (ou de façon suffisante au sens de satisfaisante),
cette visée.
En effet, il est permis d'en douter pour autant que l'émergence des sciences humaines (S-H) s'est édifiée sur
l'idée qu'il était nécessaire pour connaître l'homme de recourir aux modèles qui ont réussi dans les sciences de la
nature.
Or peut-on estimer suffisante une connaissance essentiellement naturaliste des phénomènes humains ?
Ainsi, la question de savoir si les S-H suffisent à connaître l'homme a pour enjeu la nature de l'homme : est-elle
un pur produit déterminé pensable objectivement, ou bien, y a-t-il en elle des caractères irréductibles à toute
appréhension sur le modèle des choses physiques ?
Problématique : les sciences humaines postulent qu'il est impossible de connaître l'homme indépendamment de ses
déterminations naturelles, biologiques, physiques, et indépendamment de ses relations avec son milieu ou son
environnement (naturel, social).
Cependant, n'y a-t-il pas une part de l'humain qui leur échappe ici ? Car en effet,
réduire l'humain à des déterminations empiriques (qu'il suffirait de connaître pour connaître l'homme), n'est-ce pas
éluder tout ce qui, en l'homme, se distingue de la nature physique ou sensible (la raison, la morale, l'esthétique, la
liberté) ? Les S-H suffisent-elles à connaître l'homme au sens où toute connaissance digne de ce nom doit
se borner à ce qui est observable, quantifiable, expérimentable, ou bien l'homme déborde-t-il toujours les
cadres posés par elle de sorte qu'elles seront toujours imparfaites, c'est-à-dire partielles, inachevées,
lacunaires, et donc insuffisantes à connaître l'homme ?
1-
L'objectivité des S-H permet une intelligibilité satisfaisante de l'homme comme être naturel
a)
Les S-H étudient l'homme en tant qu'être empirique
Pour reprendre la fameuse distinction kantienne, on peut considérer que les S-H ont pour objet l'homme en tant
qu'être empirique, c'est-à-dire en tant qu'il ne se distingue nullement de la causalité phénoménale.
En effet, le modèle explicite des S-H est celui des Sciences de la nature et en particulier de leur méthodologie.
Puisqu'il s'agit de considérer l'homme, non pas dans son identité individuelle, personnelle — rendre compte non de
Callias, mais de l'humanité, l'universel, présent en lui dirait Aristote, de considérer ce que l'homme comporte de
nécessité (il n'y a en effet de science au sens strict que du nécessaire) —, plusieurs normes ou exigences
fondamentales caractérisent ainsi cette volonté de connaître l'homme, c'est-à-dire d'amener l'homme à une
connaissance positive, objective.
Examinons ces exigences.
b)
L'observation
Les S-H ont pour principe de renoncer d'abord à toute hypothèse préalable concernant leur objet et pour cela,
privilégient l'observation de faits inter-subjectivement observables.
Exemple : le psychologue prend pour point de
départ de son étude des symptômes, soit un ensemble de signes traduisant divers états psychologique et/ou
physiologiques.
Enjeu : réitérer le geste fondateur de la modernité à l'égard de la nature (les phénomènes physiques n'ont pu
entrer dans la science qu'au prix d'un renoncement aux causes finales, c'est-à-dire que s'est opérée une
démythification des phénomènes physiques) : l'homme n'est pas être pourvu d'une âme d'origine divine et
immatérielle (impérissable aussi), mais chacune de ses pensées est explicable soit pour les sciences cognitives, en
vertu de processus fonctionnels émergent de certaines connexions neuronales, soit, pour la psychanalyse, en
termes de mécanismes pulsionnels inconscients.
c)
L'expérimentation
Ainsi, le plus souvent et quand cela est possible, les S-H s'efforcent d'ajouter à l'observation, le recours à
l'expérimentation.
Exemple : l'étude des fonctions cognitives se fait en laboratoire, de même en neurosciences :
l'imagerie cérébrale est un élément indispensable pour la validation de certains présupposés.
Une fois de plus,
l'homme est traité comme une chose (la chose ici = le cerveau, organe physique observables et potentiellement
expérimentable objectivement).
d)
La quantification
La quantification, conformément au modèle des sciences de la nature devient ainsi une exigence fondamentale
et la mesure est à la base de l'objectivité des S-H
Exemple : recours très fréquent aux mathématiques, en particulier aux statistiques en Sociologies (sondages, études
démographiques …)
L'enjeu : atteindre la formulation de « lois » qui prendraient, comme la loi physique, la forme d'une fonction
mathématique où l'homme en tant qu'individu ne serait qu'une variable.
En un mot, effacement de la singularité..
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