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Les rêves ont-ils un sens?

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« Nous pouvons souligner, d'une part, l'incohérence et l'irrationalité du rêve. Remarquons, d'autre part, le besoin de sens et d'intelligibilité de l'esprit humain.

La raison humaine cherche, en toutes choses, la marque identificatrice, l'intelligibilité, l'unité, la clarté. Le rêve, dans son irrationalité, est-il susceptible de recevoir la marque rationnelle de l'esprit humain, d'être déchiffré par la raison qui seule apporte intelligibilité ? [Les rêves ont un sens, ils expriment de manière symbolique des désirs inconscients.

FREUD dira que «L'interprétation des rêves est la voie royale de la connaissance de l'inconscient dans la vie psychique.».] Sigmund Freud (1856-1939), en tant que médecin, s'est d'abord spécialisé dans l'anatomie et la physiologie du système nerveux.

Après un séjour scientifique à Paris (auprès de Charcot), puis à Nancy (auprès de Bernheim), il s'oriente davantage vers la psychopathologie (étude des troubles mentaux).

Sa pratique de médecin, à Vienne, l'amène à découvrir l'importance de la vie sexuelle dans la constitution des névroses : phobies, obsessions et angoisses.

Peu à peu, abandonnant l'hypnose, découverte chez Charcot, il met au point une nouvelle méthode d'investigation qui, au lieu d'inciter le patient à dire quelque chose sur un sujet déterminé, l'invite, selon une « règle fondamentale », à s'abandonner à l'association libre des images, sans rien choisir ou omettre de ce qui lui vient à l'esprit, même si cela paraît désagréable à communiquer, dénué d'intérêt, ridicule ou hors de propos. Après une dizaine d'années d'expériences, Freud livre le résultat de ses recherches dans un volumineux travail intitulé Die Traumdetung (traduit initialement, en 1926, par I.

Meyerson, sous le titre : La Science des rêves, puis sous celui de L'Interprétation des rêves, trad.

révisée par Denise Berger, PUF).

C'est dans le dernier chapitre (« Psychologie des processus de rêve ») que Freud affirme : « L'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient dans la vie psychique.

En analysant le rêve, nous pénétrons quelque peu la structure de cet instrument, le plus stupéfiant et le plus mystérieux de tous.

Un peu seulement, il est vrai, mais c'est un commencement.

» En réalité ce livre, de plus de cinq cents pages, passe quasiment inaperçu à sa sortie et n'a, pendant de nombreuses années, aucun succès.

Les psychiatres, dit Freud en s'interrogeant sur cet échec, ne semblent pas avoir pris la peine « de surmonter la stupeur » que leur a causée cette nouvelle approche du rêve.

Et quant aux philosophes, ils ne considèrent le plus souvent le rêve que comme « un appendice des états de conscience ».

Cependant, à peine un an après la publication de L'Interprétation des rêves (1900), Freud confirme la justesse de son approche dans un article beaucoup plus court, Sur le rêve, qui cherche, vainement lui aussi, à populariser ses idées.

Il va devoir encore attendre presque une dizaine d'années pour que se constitue autour de lui un groupe de fidèles qui vont propager la psychanalyse en Europe et aux Étatsunis, par l'intermédiaire de congrès réguliers, de revues et d'une Association internationale. Il est vrai que les rêves apparaissent le plus souvent comme dénués de sens et de clarté, incohérents, obscurs et absurdes, en un mot impossibles à interpréter.

Là aussi, les avis divergent, et comme le signale Freud : les médecins estiment souvent que le rêve est provoqué seulement « par les excitations corporelles et sensorielles qui viennent au dormeur tant du monde extérieur que de ses propres organes internes » tandis que beaucoup de philosophes croient, au contraire, que le rêve «serait une sorte d'ascension de l'âme vers un état supérieur ».

Aussi, la conception la plus juste du rêve est peut-être encore, selon Freud, celle du sentiment populaire, pour qui le rêve a un sens qui renferme une prédiction.

Mais pour dégager cette prédiction du contenu du rêve, qui est trop souvent confus et totalement énigmatique, « il est nécessaire de mettre en oeuvre certains procédés d'interprétation ». Freud, pour sa part, ne retient cependant pas l'idée dominante d'une simple clef des songes (qui traduit le contenu du rêve tel qu'il est resté en mémoire par un autre contenu), ni celle d'une lecture strictement symbolique.

Sa démarche consiste au contraire à employer la même méthode « psychanalytique » que celle qu'il a mise au point pour soigner les névroses.

Il s'agit de demander au patient de renoncer à tout esprit critique à l'égard des associations qui lui viennent à l'esprit, en d'autres termes de dire, dans une sorte de laisser-aller, toutes les pensées ou toutes les images qui peuvent le traverser.

Grâce à ces associations libres « on obtient, dit-il, un matériel psychique en relation directe avec l'idée morbide primitive, qui permet de découvrir les associations existant entre cette idée et la vie psychique du malade et grâce auquel le médecin. »

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