Les relations humaines et Internet ?
Extrait du document
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L'intrusion de nouvelles technologies jusque dans les actes les plus anodins de la vie quotidienne transforment les
modes de relations entre les hommes.
Dès lors que nous souhaitons nous interroger sur l'aspect qualitatif de ce
changement, en l'occurrence en terme de progrès, c'est qu'il s'agit d'établir les critères premiers d'une relation
humaine que nous supposons « authentique » et de questionner les modifications que les nouvelles technologies,
dont Internet, ont introduites.
Quel traitement est-il fait de l'humain par l'intermédiaire des nouvelles technologies ? Comment penser le réel et le
virtuel, les rapports de force entre les individus et la valeur du don ?
Les enjeux sont multiples en tant que l'on traitera tant du rapport de l'homme à la technique qu'à autrui, autrui qui
peut devenir son prochain alors qu'il n'est qu'une image sur Internet… - que des modes de connaissance et de leur
transmission.
Des relations humaines tronquées
Dans son essai sur la Question de la Technique, M.
Heidegger souligne que la
manière de se tenir vis-à-vis de la technique repose le plus souvent sur une
volonté d'instrumentalisation : l'homme souhaite par là dominer la Nature par
une maîtrise absolue.
D'une certaine manière, l'utilisation des nouvelles
technologies par le plus grand nombre semblerait aller dans ce sens : par
l'abolition de l'espace et du temps, par la possibilité de nier les barrières
géographiques et de tout apprendre sans limitation de temps, Internet s'avère
avant tout non comme un outil qui privilégie les échanges interhumains mais la
possibilités pour chacun de dominer ce qui par avant lui échappait.
Maître de
son écran, l'individu s'épanouit dans un pseudo pouvoir qu'il pense toutpuissant sur l'information.
Mais cette volonté de domination ne s'arrête pas à l'information à admettre
que le regard d'autrui me transforme et me forge : dans la sillage de MerleauPonty, à considérer mon corps non seulement comme un corps propre mais
aussi comme constituant de mon ouverture perceptive au monde, il irait de
soi que la virtualité introduit un nouveau mode de rapport, car mon corps est
toujours en retrait dans une expérience qui ne l'implique pas dans son
entièreté.
Ainsi les échanges avec autrui se trouvent-ils tronqués par
l'absence de cette communauté corporelle.
Le corps ne peut jamais faire sens
par lui-même, car même dans les échanges d'images en temps réel, ce n'est
pas ma chair qui est impliquée mais l'image transmise par lé médium que
constitue la web-cam, le téléphone, etc.
La virtualité des relations entraîne de nouveaux modes d'échange
Mais il nous faut à présent envisager la spécificité des relations humaines sur Internet, qui ne sont pas inexistantes,
mais semblent s'articuler sur un nouveau mode : celui du réseau.
En d'autres termes, P.
Lévy dans son ouvrage
L'intelligence collective définit les rencontres comme se déroulant entre individus porteurs d'un savoir, et
« l'apprentissage réciproque comme médiation des rapports entre les hommes ».
Ce n'est plus tant l'individu en tant
que tel qui nous intéresse mais la connaissance qu'il porte : la virtualité serait-elle porteuse d'un humanisme
nouveau ?
Car le monde virtuel a développé ses codes propres, synonymes de nouveau déploiement des relations humaines : la
partition entre réalité et virtualité est particulièrement visible si l'on pense l'organisation des nouvelles technologies
de l'information en terme de don.
Si dans les relations humaines « réelles » il est impossible de soutenir la possibilité
du don en tant qu'il implique toujours un sentiment de réciprocité, comme l'a mis en lumière Derrida, dans le monde
virtuel se tiennent « à portée de clic » une somme d'informations dont la connaissance ne dépend d'aucun autre
facteur que la curiosité de celui qui dirige la souris.
Ainsi est-il possible d'envisager un « progrès » dans les relations
humaines si l'on comprend ce terme dans le sens d'un élargissement des possibilités de rencontre de la culture, des
modes de vie, des pensées d'autrui.
Limites de l'apport des nouvelles technologies : vers une « marchandisation » des relations humaines ?
Pour autant, il serait naïf de ne pas considérer les relations qu'entretiennent ces nouvelles formes de rapport humain
et le monde marchand.
Car s'il est possible de consulter gratuitement et d'échanger un grand nombre d'informations,
les nouvelles technologies s'avèrent comme tout support dominés par la contraintes économiques.
Ainsi la
perspective du don que nous évoquions ci-dessous n'est que partielle, et la rencontre entre deux individus ellemême passe le plus souvent par une cotisation des membres d'un site.
Ainsi, les relations humaines sur Internet
rencontrent-elles les mêmes obstacles que dans la « vie réelle » que ce soit en termes de différences sociales ou
économiques.
Il serait illusoire de voir en les nouvelles technologies un espace vierge de tout intérêt extérieur et en
particulier monétaire.
Ainsi au « parce que c'était lui, parce que c'était moi » formulé par Montaigne faudrait-il
ajouter un troisième terme qu'est celui du réseau à l'intérieur duquel la rencontre est possible.
De plus, s'il est établi que les nouvelles technologies facilitent l'accès à l'information, il est difficile de considérer ce
qui fait la valeur réelle de celles-ci : le fait qu'elles se transmettent, non seulement de la machine à l'homme, mais
entre les hommes par dans une sphère non virtuelle mais réelle.
Ce qui fait la richesse d'une relation, c'est la.
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