Les règles du langage sont-elles un obstacle a la communication ?
Extrait du document
«
thèmes de réflexion
• Que va-t-on entendre par « règles du langage » ?
— l'organisation phonologique ?
— les règles syntaxiques ?
— les règles rhétoriques ?
— les règles qui régissent les phénomènes groupés communément sous les termes de « niveaux de langue » et/ou
registres » ?
• Ne pourrait-on soutenir que « les règles du langage » loin d'être un obstacle à la communication (verbale) en sont
la condition nécessaire (sinon suffisante).
Comment pourrait-on « s'entendre » (et communiquer) s'il n'y a pas des règles communes au(x) locuteur(s) et au(x)
récepteur,(s).
Comment pourrait s'effectuer une communication déréglée ?
• Si l'on peut soutenir que « les règles du langage ne sont pas un obstacle à la communication » (au sens
précédent), ne pourrait-on soutenir cependant que certaines règles peuvent être un obstacle à la communication ?
Cf.
la distinction opérée par le linguiste Frédéric François entre norme (règle reconnue et nécessaire pour
communiquer dans une langue donnée) et surnorme.
Toute langue s'impose à ceux qui le parlent, à tous ses niveaux d'organisation (même si on peut apprendre aussi à
combiner ces éléments et à les réutiliser dans des situations nouvelles).
Celui qui s'en écarte systématiquement
n'est pas compris.
La norme désigne cet aspect nécessairement contraignant (et arbitraire) de l'acquisition et du
maniement de toute langue.
Mais on peut refuser aussi le discours de quelqu'un pour d'autres raisons : parce qu'il prononce par exemple « poulet
» avec un é fermé ; parce qu'il utilise un vocabulaire jugé grossier et familier ; parce qu'il juxtapose et se répète au
lieu de coordonner et subordonner syntaxiquement, etc.
La surnorme désigne toutes ces contraintes (et règles) qui
ne sont pas fondées sur les exigences inévitables du processus de communication (dans une langue donnée).
Problème de l'expression et de la communication (verbale) « l'expression » vise à communiquer quelque chose de
personnel, d'individuel, et, dans une certaine mesure d'irréductiblement non-commune.
« La communication » (particulièrement codifiée dans la communication verbale) peut-elle être véhicule adéquat de
« l'expression » de chacun.
N'y aurait-il pas tension entre « l'individuel » et le « collectif » « le personnel » et « le
social » ?
A cet égard, méditer cependant le texte de Merleau-Ponty.
citations
• Labov : « Les fonctions sociales de la langue apparaissent : communication mais aussi distinction, discrimination,
ségrégation, lutte, résistance, bref des fonctions liées à l'ensemble des rapports sociaux dans une société de
classe.
L'enfant n'acquiert pas la langue indépendamment des rapports sociaux qu'elle exprime, des fonctions
sociales qu'elle assume.
Au contraire.
Acquérir la langue, c'est acquérir la connaissance de l'ensemble des règles de
grammaire de la communauté (invariables et variables) inséparablement de la conscience sociale de chacune des
formes qu'elles engendrent, c'est-à-dire la hiérarchie des dialectes ; c'est acquérir aussi une maîtrise inégale de tout
ce savoir, et notamment la seule maîtrise pratique des règles définissant le vernaculaire de la classe d'origine : à la
fois donc le dialecte propre dominé dominant, selon la classe, aux autres dialectes.
» Sociolinguistique, Présentation
de Pierre Encrevé, Éd.
de Minuit, pages 33-34.
• Merleau-Ponty : « Il est vrai que la communication présuppose un système de correspondances tel que celui qui
est donné par le dictionnaire, mais elle va au-delà, et c'est la phrase qui donne son sens à chaque mot, c'est pour
avoir été employé dans différents contextes que le mot peu à peu se charge d'un sens qu'il n'est pas possible de
fixer absolument.
Une parole importante, un bon livre imposent leur sens.
C'est donc d'une certaine manière qu'ils le
portent en eux.
Et quant au sujet qui parle, il faut bien que l'acte d'expression lui permette de dépasser lui aussi ce
qu'il pensait auparavant et qu'il trouve dans ses propres paroles plus qu'il ne pensait y mettre, sans quoi on ne
verrait pas la pensée, même solitaire, chercher l'expression avec tant de persévérance.
La parole est donc cette
opération paradoxale où nous tentons de rejoindre, au moyen de mots dont le sens est donné, et de significations
déjà disponibles, une intention qui par principe va au-delà et modifie, fixe elle-même en dernière analyse le sens des
mots par lesquels elle se traduit.
»
CONSEILS PRATIQUES
Un texte que vous ne pourrez expliquer et décrypter que si vous définissez avec précision le stock de termes
présents : phrase, mot, parole, expression, intention, sons, etc.
Notez bien qu'aux yeux de Merleau-Ponty, c'est la
globalité de l'intention et du langage qui prévaut par rapport aux éléments.
Le tout du langage éclaire la partie.
Introduction :
Le langage, au sens large, désigne tout système de communication et d'expression, qu'il s'agisse de signes vocaux
ou graphiques, tel que le langage des animaux, le langage des arts, le langage gestuel, etc.
Si le langage est
présent dans la nature, ou peut toutefois le penser en tant que capacité humaine, instituée par les hommes en un.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Qu'est-ce qui distingue le langage humain des systèmes de communication des animaux ?
- Le langage n'est-il qu'un moyen de communication ?
- Le langage n'est-il qu'un instrument de communication ?
- Le langage est-il un instrument de communication ?
- Le langage peut-il seul garantir la communication entre les hommes ?