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Les règles de l'art sont-elles d'un type particulier ?

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« Introduction : L'art s'oppose à l'artisanat et à la technique car il consiste en une production désintéressée, qui n'a pas d'autre but que la beauté et le plaisir, tandis que l'artisanat et la technique produisent en vue d'un intérêt pratique, d'une utilité, relativement à un besoin.

L'art semble s'inscrire davantage dans la sphère du loisir et de l'agrément que du travail et de la contrainte.

En ce sens, il apparaît alors paradoxal d'assigner à l'art des règles, donc des contraintes et restrictions, comme il en existe dans la production technique pour garantir du bon fonctionnement de l'objet fabriqué, puisque l'objet de l'art n'a pas à répondre à des critères objectifs techniques, mais est seulement soumis au jugement subjectif du spectateur.

Et pourtant, l'histoire de l'art nous montre que les beaux arts ont constamment fait l'objet de codification et de détermination par des normes académiques.

L'art est-il une simple exécution technique, relevant d'un savoir-faire et de règles comme dans tout savoir-faire pratique, ou possède-t-il des règles spécifiques qui lui permettraient à l'artiste de conserver sa liberté de création et sa capacité d'invention ? Autrement dit, les règles de l'art sont-elles d'un type particulier ? 1ère partie : L'art obéit au même type de règles que toute production et toute action. - L'art, en tant qu'ensemble de moyens mis en œuvre en vue de parvenir à une fin, obéit manifestement à des règles de finalité.

Ces règles correspondraient à ce que Kant désigne dans la Fondation de la métaphysique des moeurs par l'expression « impératif hypothétique d'habileté ».

L'art comme la technique suppose alors le respect de ces règles de bon sens prescrivant les moyens les plus efficaces de parvenir à la fin visée. - La production artistique est régies par des règles : qu'il s'agisse des règles de la métrique définies par Horace dans L'art poétique, des règles de solfège en musique, des règles géométriques de la perspective et de la proportion en peinture (Traité des proportions d'Albrecht Dürer), des règles de la symétrie en architecture (De architectura, de Vitruve), de la règle des trois unité dans la tragédie classique (définie par Aristote dans la Poétique).

Dans tous les cas, le travail artistique s'appuie sur un canon, c'est-à-dire sur un ensemble de normes objectives auxquelles l'artiste accepte de se soumettre en vue de parvenir au résultat esthétique visé. - Les règles du canon peuvent faire l'objet d'une prescription institutionnalisée.

En France, l'institution des Académies au 17ème siècle a pour objet de produire une codification expresse des règles de l'art et de leur conférer une authentique autorité.

Cette institutionnalisation de l'académisme implique que l'application ou la non application des règles puisse être accompagnée de sanctions : glorification publique ou mise au ban d'un artiste.

Les règles de l'art dans cet exemple apparaissent alors comme de véritables lois, au même titre que les lois juridiques établies dans un Etat politique. - L'art fait l'objet d'un jugement critique : des spécialistes instituent une hiérarchie parmi les artistes, en qualifiant les artistes majeurs - les génies - et les artistes mineurs.

On met les œuvres en compétition : dans le cas des Salons de Paris, au 19ème siècle, ou des festivals aujourd'hui, à l'issus desquels on dresse un palmarès des meilleures œuvres (films, romans, peintures…).

Les critiques d'art font le même travail que les critiques gastronomiques, en attribuant un nombre d'« étoiles » qui indique le degré de réussite de l'œuvre.

Si une telle évaluation objective est possible, c'est qu'il existe des critères bien définis, qui permettent de juger si l'œuvre y répond conformément à des règles précises. - Pourtant, on peut penser que la détermination de l'art par des règles se pose différemment dans le cas des beauxarts et dans celui des simples techniques.

Le Corbusier opère ainsi une différence entre la construction définie comme technique soumise à des règles, et l'architecture comprise comme art proprement dit, visant une finalité d'ordre strictement esthétique : « la construction est faite pour tenir, l'architecture est faite pour émouvoir ». 2ème partie : Les règles de l'art sont moins contraignantes que dans la production technique : elles sont indicatives plutôt que prescriptives. - Le critère de l'art est l'originalité.

L'art doit nous surprendre, nous émerveiller, nous édifier, nous choquer.

S'il obéissait strictement à des règles, non seulement il ne nous offrirait plus de surprise, mais encore l'œuvre ne serait pas unique et originale, car toute personne appliquant les règles parviendrait à faire la même chose.

Une œuvre d'art n'est réussie que si elle est originale et non pas conforme au stéréotype édicté par une règle. - Si les règles et les procédés d'un art peuvent se transmettre, ce n'est pas sous la forme de préceptes.

L'art ne s'enseigne pas comme un savoir-faire technique, et il ne suffit pas d'apprendre et d'appliquer des règles pour être artiste. - L'artiste se caractérise par son caractère créateur, sa capacité à inventer, à se détacher de ce qu'il a appris, de ce qui a déjà été fait, pour donner naissance à de nouvelles formes, un nouveau style. - Certes, l'art possède des règles, qui sont utiles à l'artiste, mais celui-ci ne doit s'en servir que pour les dépasser. Les règles de l'art ont ceci de particulier qu'elles semblent faites pour être transgressées.

Les règles de l'art sont indicatives et non prescriptives.

Elles guident l'artiste au départ, mais ce dernier doit s'en affranchir, et s'autonomiser pour devenir vraiment créateur.

L'artiste est libre à l'égard des règles : l'exemple de la « licence. »

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