Les qualités de l'artiste sont-elles celles de l'artisan ?

« Analyse du sujet : Du point de vue conceptuel : «qualités» est un mot à ne surtout pas prendre dans son sens commun (comme on fait l'éloge de quelqu'un en disant qu'il a bien des qualités).

Le mot qualités, au pluriel, est synonyme de caractéristiques ou propriétés.

On parle donc des qualités en tant que qualificatifs d'un être : les qualités d'une substance.

Il s'agit de critères qui permettent de donner la définition d'un être, ou au mois de le différencier d'un autre. «artiste» qualifie un humain qui crée des oeuvres d'art.

C'est un homme qui a une vision du monde contraire à celle du scientifique.

Pour ce dernier, le monde est un perpétuel problème qui doit être mesuré, théorisé, expliqué. L'artiste voit le monde avec étonnement, il récuse les évidences.

Il produit, non des lois scientifiques, mais des oeuvres d'art qui ne sont pas le monde, mais qui en révèle un aspect nouveau, dévoile la vision intime qu'à l'artiste du monde.

Nous allons donc devoir passer par l'art pour qualifier l'artiste : (L'art est une forme d'expression culturelle.

Sa définition est extrêmement difficile, d'autant plus que, si des formes d'art existent dans toute l'humanité, le mort art et ce qu'il désigne n'est présent qu'en occident (c'est un des problèmes qu'on les gérants du Musée du Quai Branly, car si les Africains ont des mots pour désigner la musique, la sculpture ou la peinture, ni leurs langues ni leur pensée ne regroupe ces activités sous un concept capable de traduire le mot : art.) En ancien français, le mot art désigne à la fois l'oeuvre d'art et les objets qui demandent un savoir-faire : c'est tout ce qui tient de l'artifice. En philosophie (occidentale), l'art comprend trois définitions : 1/ Les arts traditionnels, ou «arts premiers» selon l'expression du Quai Branly, sont les arts de toutes les cultures dites «primitives» Leur art est profondément associé à la magie et à la religion, ainsi qu'aux cérémonies rituelles ou aux distinctions sociales (dans bien des cultures, le rang est marqué par la possession d'une sculpture, dont la richesse des pigments fait la valeur).

Selon l'expression de Hegel, on plie le genou devant l'art, car il comporte aussi des idoles, incarnations permanentes ou temporaires de forces divines.

L'art traditionnel se caractérise par sa fonction sociale très importante.

En Grèce antique, on considère que l'art doit montrer l'harmonie du Cosmos.

Que l'art soit agréable est un effet secondaire. 2/ L'art occidental classique, qui se constitue par sa relative séparation de la religion.

Le but de l'art n'est plus d'incarner les dieux ou de représenter l'harmonie du cosmos, mais de rechercher le beau, la notion de goût devient centrale.

Une citation de Nicolas Poussin : «Le but de l'art, c'est la délectation.» Dans ce second, art, il n'y a pas d'idoles (incarnations du Dieu), mais des icônes chrétiennes (figuration de personnages divins tels que la Vierge, le Christ, etc...

dans lesquelles chaque couleur est un symbole).

La distinction idole/icône vient de Jean-Luc Marion, dans le livre L'idole et la distance.

On se sert souvent de l'art pour célébrer Dieu (une citation de Cioran : «Si quelqu'un doit tout à Bach, c'est bien Dieu.») C'est aussi, historiquement, la distinction de l'artiste et de l'artisan, qui étaient autrefois réunis en Corporations d'artisans.

La création de l'Académie des peintres par la monarchie au XVIIIe siècle sépare les artisans et les artistes.

C'est aussi à ce moment qu'intervient l'apparition du rôle du public, l'invention même de ce mot, et la naissance du métier de critique d'art.

En bref, c'est tout l'art du moyen-âge jusqu'au vingtième siècle encore.

C'est généralement un art savant et sacré, mais il n'est pas obligatoirement dédié à la religion (la musique de chambre, ou les suites de danses de J.-S.

Bach sont des musiques savantes, mais non sacrées). NOTE: LA MORT DE L'ART CHEZ HEGEL Que veut dire Hegel lorsqu'il annonce à la fin de son Esthétique la mort de l'art ? Non pas qu'il n'y aura plus aucun artiste pour créer des oeuvres.

Mais, que l'art n'est plus au centre des préoccupations de notre culture, que ce n'est plus lui qui nous fournit nos valeurs d'existence et la conscience que nous avons d'elles.

L'art est mort en ce sens qu'il n'est plus le support substantiel de l'Esprit.

L'art a perdu sa superbe, sa spiritualité.

Aussi, se réfugie-t-il dans la vacuité du formalisme et du subjectivisme.

L'artiste n'est plus un démiurge mais devient un faiseur. 3/ L'art moderne, ou l'art contemporain, qui est pour Hegel la mort de l'art.

Il s'agit d'un art savant séparé de sa dimension sacrée, il n'est plus ni incarnation ni glorification de Dieu.

Mais ce n'est pas seulement cela : c'est un art qui brise les anciennes formes d'expressions.

La «pissotière» de Marcel Duchamp, la musique de Schönberg, le fauvisme, expressionnisme, cubisme, tout cela forme l'art moderne dont l'art contemporain, ou post-moderne, est l'aboutissement : minimalisme, installations, performances, choses qui ne demandent plus un public populaire comme au temps des Salons de l'Académie (expositions publiques de peintures dont Diderot s'est fait le critique d'art de 1759 à 1781), mais des acheteurs, des spectateurs initiés, des cercles d'amis.) «artisan» désigne une personne qui fabrique des objets.

Ceux-ci ne sont pas des oeuvres d'art puisqu'ils peuvent être purement utilitaires : tables, chaises, etc...

L'artisan a pour lui un savoir-faire, la connaissance de la façon dont il faut travailler un matériau ou disposer les pieds d'une chaise pour qu'elle ne s'écroule pas.

Ce savoirfaire demande un apprentissage Du point de vue formel : «sont-elles» : Il s'agit de savoir si les qualités, celles de l'artiste et de l'artisan, sont les mêmes, s'il y a correspondances entre elles.

C'est ce qui ordonnent la question et permet de trouver une problématique. Remarque : Ne pas réduire cette dissertation à quelque chose ressemblant à ceci: «quelles sont les différences entre l'art et les autres objets ?», car si cette question n'est pas inutile pour répondre au sujet, elle ne peut en être le centre.

Passer la dissertation à comparer objet utilitaire et oeuvre d'art serait commettre un hors-sujet! Si on peut recourir à cette comparaison, c'est uniquement considérant ce que l'oeuvre d'art nous apprend sur l'artiste.

Il faut plus s'intéresser à celui-ci qu'à ce qu'il produit.. »