les passions s'opposent-elles à la raison?
Publié le 02/01/2024
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Les passions s’opposent-elles à la raison ?
Introduc)on :
Nous pouvons prendre comme point de départ l’idée selon laquelle les passions se
définissent traditionnellement comme un état de souffrance ou de dépendance, en témoigne en
effet l’étymologie de ce terme qui provient de patior qui signifie pâtir.
Qu’est-ce que les
passions ? Il s’agit d’un moment ou un désir ponctuel se révèle être en capité de se subordonner
à l’ensemble des autres désirs mais aussi qui serait capable d’orienter toute une personnalité.
Les passions serait donc doté d’une telle force que l'homme qui les contient seraient
subordonnés à celles-ci.
Il serait en effet comme mis à distance de la réalité.
Traditionnellement dans l’histoire de la philosophie, les passions sont opposées à ce que l’on
appelle la Raison.
Comment entendre le terme de raison ? il s’agit ici de l’instance du jugement,
c’est-à-dire la capacité à produire ne jugement en accord avec la réalité, mais également la
raison pratique qui est le guide de nos actions.
Les passions semble donc s'opposer à la raison pour plusieurs raisons : premièrement de par
leur irrationalité : en effet, Les passions sont souvent associées à des émotions intenses et
spontanées qui peuvent conduire à des réactions impulsives, irrationnelles et non réfléchies.
Dans cet état émotionnel, il peut être difficile de prendre des décisions basées sur une analyse
rationnelle.
De plus les passions peuvent produire une distorsion de la perception, on entend ici
que les émotions fortes peuvent altérer la perception de la réalité.
Par exemple, une personne
en proie à la colère peut avoir du mal à voir les faits objectifs, car ses émotions teintent sa vision
des événements.
Ensuite, elles apparaissent comme étant un obstacle à la résolution de
problèmes du fait qu’elles peuvent détourner l'attention de la résolution de problèmes
complexes, car elles focalisent l'individu sur ses propres émotions plutôt que sur une réflexion
rationnelle et logique.
Enfin, il semble qu’elles puissent rendre l’individu impulsif, en effet les
passions peuvent inciter à des actions impulsives, sans tenir compte des conséquences à long
terme.
Cette impulsivité peut entraver la prise de décisions rationnelles et prudentes.
Cependant, n’est-il pas concevable que passion et raison ne s’opposent pas nécessairement ? en
effet, nous pouvons penser qu’elles ont une certaines complémentarité, Les émotions pouvant
apporter une profondeur et une signification à nos décisions rationnelles.
Parfois, les émotions
sont nécessaires pour donner de la valeur à nos choix et les rendre plus humains.
Les passions
peuvent également être une source de motivation puissante.
Elles peuvent inspirer les individus
à agir, à persévérer et à atteindre leurs objectifs, ce qui peut être en parfait accord avec des
décisions rationnelles.
Parfois, les émotions peuvent aussi être des formes d'intuition qui
guident vers des choix judicieux.
Enfin, Dans certains cas, les émotions peuvent être essentielles
pour prendre des décisions éthiques.
Elles peuvent nous aider à ressentir de l'empathie, de la
compassion et à agir moralement envers les autres.
On voit donc que cette relation n’est pas
simple à déterminer.
Notre problème sera le suivant : les passions apparaissant comme irrationnel et involontaire
sont-elles nécessairement en conflit avec l’instance rationnelle volontaire de l'homme ?
Pour ce faire, nous verrons dans un premier moment, nous verrons que les passions s’opposent
à la raison en tant qu’elles suspendent le jugement de l’individu.
Dans un second temps, nous verrons que les passions ne sont pas nécessairement en
contradiction avec la raison en tant que toute deux peuvent s’accorder.
Enfin, nous verrons une conception empiriste affirmant que passions et raison ne s’opposent
pas du fait qu’il s’agit de deux domaines séparés.
1
Dans un premier temps, nous allons voir que les passions s’opposent à la raison en tant
qu’elles suspendent le jugement rationnel de l’individu.
pour ce faire, nous allons nous appuie
sur la théorie kantienne des passions.
Pour Kant, la passion s'opposent à la raison, entendue au sens de la faculté de juger.
Ainsi ditil au paragraphe 73 de l’ouvrage anthropologie d’un point de vue pragmatique que "l'inclination
(désir habituel) que la raison du sujet ne peut pas maîtriser ou n'y parvient qu'avec peine est
la passion.
L'émotion est un sentiment d'un plaisir/déplaisir actuel qui ne laisse pas le sujet
parvenir à la réflexion".
Tout ce qui est de l'ordre de l'affectif, de la sensibilité, comme les
passions, se caractérise par un l'emportement, qui empêche toute réflexion, tout exercice normal
de la raison : "être soumis aux émotions et aux passions, est toujours une maladie de l'âme,
puisque toutes deux excluent la maîtrise de la raison".
C'est un violent déséquilibre, qui fait
qu'on ne s'appartient plus.
L'homme passionné est donc déséquilibré, il n'est pas maître de soi.
Mais la théorie kantienne présente une difficulté : en effet, Kant nous présente la passion comme
opposition à la raison, à la réflexion, au jugement;
mais pourtant, il nous montre aussi que la passion se distingue de l'émotion du fait qu’elle
contient la réflexion : elle est réfléchie, "raisonnée".
N'y a-t-il pas ici une contradiction dans les
termes, un paradoxe?
Nous allons voir que non : en effet le passionné utilise la réflexion, mais, en un sens contraire
à l'exercice normal de la raison.
On considère généralement que le passionné viole, contredit,
les règles élémentaires de logique, celles que tout homme de bon sens, en possession de toute
sa raison, va pouvoir exercer.
Le problème sera que, en même temps, le passionné fait usage de
ces règles, mais en quelque sorte à l'envers...En effet, le passionné fait le contraire de celui qui
utiliserait sa raison : il cherche en effet dans les choses, êtres, ou personnes, les signes de sa
passion : il part de son idée obsessionnelle, et toutes les choses vont être, à partir de là, les
signes du bien-fondé de sa passion.
Par exemple, L'amoureux projette sur sa dulcinée certains
traits, sans interroger l'expérience : la conclusion est posée au départ, il y a une perte du sens
du réel.
On cherche dans les choses et les êtres les signes de réponses préalables, et 2) à défaut,
on se crée des obstacles à ces réponses, bien entendu destinés à être vaincus, afin que soit
confirmée et renforcée l'idée-passion de départ.
on ne peut jamais réfuter ses constructions, c'est
que ses conclusions, au lieu de découler d'un raisonnement, sont posées d'abord.
Les passions s’opposent aussi à la raison pratique comme guide de nos actions, en effet il
apparaît pour Kant, que la morale est issue de la raison.
L'homme qui souffre d'une passion
n'écoute plus que celle-ci; tout le reste lui est indifférent.
Si bien que la raison morale, qui
nous prescrit d'agir en prenant sur nos actions le point de vue de tout homme, ne peut
avoir aucune influence chez le passionné non seulement parce que, d'abord, on ne peut
raisonner normalement, or, en morale, il faut faire usage de sa raison ; et ensuite parce que le
passionné n'a plus en vue que son intérêt particulier, il ne pense qu'à lui et à l'objet de sa passion,
qui par définition lui est particulier.
Il prend donc intérêt à quelque chose qui est loin d'être
nécessaire à l'humanité et à son progrès moral -pire encore, il prend intérêt seulement à luimême, à ses intérêts égoïstes et particuliers seule fin valable.
Au problème initial de l’opposition entre les passions et la raison, la théorie kantienne
nous a permis de répondre que les passions s’opposaient à la raison en tant qu’elles
cristallisaient le jugement, donc était en opposition avec la raison théorique et pratique.
Mais il
reste encore à déterminer si les passions sont toutes mauvaises en soi.
2
Dans un second temps, nous allons voir que passions et raison ne sont pas
nécessairement en opposition puisque toutes deux peuvent s’accorder.
Pour cela, nous allons
nous appuyer sur une théorie hégelienne.
Pour ce faire, il faut comprendre un changement
majeur lié au romantisme qui est le fait que l'homme n’est plus considéré seulement comme
être rationnel mais qu’il se définit surtout par sa sensibilité.
Hegel affirme que les passions sont
le ressort subjectif nécessaire qui entraîne les hommes à accomplir, sans le savoir, les buts de
la raison.
Il écrit dans La Raison dans l’histoire en 1830 : « Nous disons donc que rien ne s'est
fait sans être soutenu par l’intérêt de ceux qui y ont collaboré Cet intérêt, nous l'appelons
passion lorsque, refoulant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette
sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses
forces et tous ses besoins.
En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli
dans le monde sans passion.
» il faut ici entendre les passions dans leur sens étroits il s’agit
d’une tendance dominante et excessive d’un intérêt particulier et égoïste.
Le terme d’intérêt est
très important pour comprendre cette théorie, il s’agit de dire que la passion c'est non seulement
l'intérêt exclusif et excessif pour quelque chose qui ne nous concerne que nous, mais aussi, ce
qui....
»
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