Les passions sont-elles toutes bonnes ?
Extrait du document
«
[Nous ne sommes pas responsables de nos passions.
Elles appartiennent à la vie qui nous anime.
Prises
en elles-mêmes, elles ne sont ni bonnes ni mauvaises.
Elles sont nécessaires à la vie, comme les besoins
naturels, et il nous faut les satisfaire.]
Nous subissons nos passions
Nous ne décidons pas d'éprouver une passion pour tel être, tel peintre, telle activité.
La passion n'est pas du
ressort de la raison, de la volonté.
Elle nous vient naturellement, tout comme le besoin de manger, de dormir.
En tant qu'elle est nécessaire à la vie, on peut dire qu'elle est un principe positif.
Les passions sont le moteur de l'action
Ce sont nos passions qui nous poussent à accomplir des actions que nous n aurions jamais accomplies sans
elles.
La passion de la découverte pousse Christophe Colomb à franchir les océans.
La passion pour la beauté
conduit l'artiste à consacrer toute sa vie à son oeuvre.
Les passions poussent l'homme à être un créateur, un
être qui évolue, progresse, invente, combat au nom d'idéaux qu'il veut atteindre.
Les passions font la grandeur de l'homme
Hegel a dit que les passions constituent le moteur de l'Histoire.
Rien de grand ne s'est accompli sans passion.
Les passions donnent à l'homme le courage de vaincre les montagnes.
Elles agitent le coeur et l'esprit.
Elles
motivent l'homme à assumer son propre destin qui est de toujours améliorer sa condition, de toujours dépasser
ses limites.
"Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont
collaboré ; et appelant l'intérêt une passion, en tant que
l'individualité tout entière, en mettant à l'arrière-plan tous les
autres intérêts et fins que l'on a et peut avoir, se projette en un
objet avec toutes les fibres intérieures de son vouloir, concentre
dans cette fin tous ses besoins et toutes ses forces, nous devons
dire d'une façon générale que rien de grand ne s'est accompli
dans le monde sans passion.
[...] La passion est regardée comme une chose qui n'est pas
bonne, qui est plus ou moins mauvaise ; l'homme ne doit pas
avoir de passion.
Passion n'est pas d'ailleurs le mot tout à fait
exact pour ce que je veux désigner ici, j'entends en effet,
ici, d'une manière générale l'activité de l'homme dérivant
d'intérêts particuliers, [...] d'intentions égoïstes, en tant que dans
ces fins il met toute l'énergie de son vouloir et de son caractère
en leur sacrifiant [...
] tout le reste.
[...]
Je dirais donc passion, entendant par là, la détermination
particulière du caractère en tant que ces déterminations du
vouloir n'ont pas un contenu uniquement privé, mais constituent
l'élément moteur et énergique d'actions générales."
Georg W.
E Hegel, Leçons sur la philosophie de l'histoire (1837),
trad.
J.
Gibelin, Vrin
Ce que défend ce texte:
Pourquoi Hegel veut-il donner aux passions une telle valeur ? La réponse tient en ceci : dans les sociétés
organisées, la raison devient « vivante » lorsque les hommes agissent sous l'autorité du droit.
Les règles de
droit, qui substituent aux rapports de violence des principes de coexistence raisonnables et justes, en sont
l'incarnation même.
Or, nous dit Hegel, le droit n'est pas dans l'histoire « l'élément actif de l'ordre du monde ».
Cela signifie que ce
n'est pas lui qui fait avancer cet ordre, mais la force et la violence, expressions des passions humaines,
lesquelles font les révolutions, les coups d'État et instaurent un nouveau droit, exactement comme cela s'est
passé pour la Révolution française, sanglante entre toutes.
Le droit sans la force qui l'instaure n'est rien et ne
lui préexiste pas.
C'est là une évidence rappelée au début de ce texte : « Rien ne s'est fait sans être soutenu
par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré » et, si nous appelons l'intérêt une passion, nous devons alors
reconnaître que « rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion »..
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