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Les passions ont-elles joué un rôle dans l'histoire ?

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« Introduction : Si l'historien tente d'expliquer ce qui a motivé les actes des grands hommes, il se trouve embarrassé par le fait que les actions humaines ne sont pas guidées que par des motivations rationnelles.

Comment distinguer ce qui revient à la folie de Néron et ce qui est l'oeuvre de sa lucidité ? Expliquer les actes de quelqu'un est quasiment impossible.

On peut décrire les agissements d'une personne de l'extérieur, mais que peut on dire des raisons qui ont motivé ces actes.

Si on suppose une liberté à l'homme, les motivations de ses actes ne peuvent nous être données de l'extérieur.

On pourrait à la rigueur tenter de reconstruire rationnellement la raison d'un acte, mais c'est souvent la déraison qui guide les actes des hommes.

Les passions poussent généralement à commettre des actes irrationnels, le passionné est celui qui agit sur des coups de tête. L'historien ne pouvant lier les faits que dans une série cohérente ne peut pas comprendre les ruptures irrationnelles introduites par les passions des hommes. D'autre part, le métaphysicien, s'il pense que l'histoire a un sens se trouve bien embarrassé s'il constate que l'histoire est faite par des fous. Deux problèmes se posent donc à nous, d'une part : comment peut-on savoir si les passions ont joué un rôle dans l'histoire ? Et d'autre part : l'histoire a t elle un sens si les passions y ont joué un rôle ? Problématique : Les passions conduisent à des actes irrationnels, comment l'histoire pourrait elle les comprendre ? I : La rationalité de l'histoire. 1) L'histoire rapporte les faits du passé dans une série rationnelle.

L'historien lie les faits entre eux et par là il leur donne un certain sens.

Aussi objectif qu'il soit, le discours historique ne peut pas se passer d'être un récit.

L'histoire décrira donc les actes humains selon un certain sens. 2) L'acte est racontable, il est de l'ordre des faits, en revanche, sa motivation est obscure.

Les hommes n'agissent pas logiquement, comme le dit Edgar Morin, ce qui caractérise l'espèce humaine, c'est sa folie (homo demens).

On pourra expliquer les agissements d'un homme par les buts rationnels qu'il semble suivre, mais qui peut savoir s'il suivait vraiment ces buts, peut être a-t-on reconstruit l'histoire. 3) La passion étant inexplicable rationnellement, elle est incompréhensible à l'historien qui lie les faits logiquement.

L'histoire raconte bien la folie des hommes, mais comment l'historien peut il savoir quelle était précisément cette folie.

Les passions sont le fond obscur des actes humains qu'on peut interpréter, mais jamais prétendre comprendre intégralement, car elles se dérobent à toute logique interprétative univoque.

Ne pouvant les expliquer, on est conduit à se demander :les passions ont-elles joué un rôle dans l'histoire ? II : L'histoire est folle. 1) Bien que l'historien ne puisse pas sonder les profondeurs de l'âme humaine et par là comprendre ses motivations, il peut constater que l'histoire témoigne de la folie humaine. 2) L'homme se sent moins l'auteur que l'acteur (l'instrument ou la victime) de son histoire.

C'est peut être la source de la croyance en un Destin.

Les individus et les peuples seraient les acteurs d'une histoire qui leur échappe, les jouets d'un destin.

Cette conception de l'homme comme acteur de l'histoire donne une place à un « rôle » des passions dans l'histoire. 3) Dans la Grèce antique, l'histoire est considérée comme un grand théâtre où les hommes, comme de simples pantins, se livrent indéfiniment à des combats dont la signification leur échappe.

Pour eux, l'histoire prend la forme d'un « éternel retour », on peut considérer l'éternel retour des passions comme faisant partie intégrante de cette histoire tragique. On pourra étayer cette thèse avec ce texte pessimiste de Schopenhauer:. »

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