Les outils inventés par l'homme sont-ils supérieurs aux moyens de défense des animaux ?
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«
Les outils inventés par l'homme sont-ils supérieurs aux moyens de défense des animaux ?
La question signifie : la technique a-t-elle rendu l'homme maître de la nature, particulièrement des animaux ?
Que vaut cette maîtrise ?
• La technique a permis de combler la fragilité originaire de l'homme.
Dépourvu de ressources naturelles face à
la nature, donc face aux animaux, l'homme n'a pu survivre que grâce à cet artifice qu'est la technique.
• Mais la question utilise le mot « supérieur ».
Supérieur signifie qui est plus haut, qui est au-dessus, qui vaut
plus.
La technique, chose artificielle, vaut-elle davantage que les moyens de défense naturels des animaux ?
Peut-on comparer l'artificiel et le naturel ?
• Les animaux naissent avec leurs moyens de défense.
Ils ne font aucun effort pour les obtenir.
Par contre,
ces moyens sont limités et immuables.
L'homme naît nu, mais son intelligence lui permet d'inventer les
instruments qui assureront sa défense, d'améliorer ses fabrications.
En ce sens, la technique étant fille de
l'intelligence, les outils inventés par les hommes valent plus que les moyens de défense des animaux.
• L'homme a ainsi conquis la nature.
Il a réalisé la prophétie cartésienne.
Désormais il est « maître et
possesseur de la nature ».
Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » (1637), Descartes met au jour
un projet dont nous sommes les héritiers.
Il s'agit de promouvoir une nouvelle conception
de la science, de la technique et de leurs rapports, apte à nous rendre « comme maître et
possesseurs de la nature ».
Descartes n'inaugure pas seulement l'ère du mécanisme, mais
aussi celle du machinisme, de la domination technicienne du monde.
Si Descartes marque une étape essentielle dans l'histoire de la
philosophie, c'est qu'il rompt de façon radicale et essentielle avec sa
compréhension antérieure.
Dans le « Discours de la méthode »,
Descartes polémique avec la philosophie de son temps et des siècles
passés : la scolastique, que l'on peut définir comme une réappropriation
chrétienne de la doctrine d'Aristote.
Plus précisément, il s'agit dans notre passage de substituer « à la
philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles » une
« philosophie pratique ».
La philosophie spéculative désigne la
scolastique, qui fait prédominer la contemplation sur l'action, le voir sur
l'agir.
Aristote et la tradition grecque faisaient de la science une
activité libre et désintéressée, n'ayant d'autre but que de comprendre le
monde, d'en admirer la beauté.
La vie active est conçue comme coupée
de la vie spéculative, seule digne non seulement des hommes, mais des
dieux.
Descartes subvertit la tradition.
D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie », d'autre part la science
cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance.
Avec le cartésianisme, un idéal d'action,
de maîtrise s'introduit au coeur même de l'activité de connaître.
La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une
« philosophie pratique ».
« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui
feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent,
mais principalement aussi pour la conservation de la santé [...] »
La nature ne se contemple plus, elle se domine.
Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte
à l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».
Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement,
celle de la technique.
Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle
peut s'appliquer dans une technique.
La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient
une science appliquée.
D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de
nos artisans ».
Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».
Il n'est
pas indifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.
On connaît comme on agit ou
on transforme, et dans un même but.
La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action de
l'homme, dans son propre intérêt.
Connaître et fabriquer vont de pair.
D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit
la nature.
La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement,
artificiellement la nature..
»
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