Les origines du langage
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
ORIGINE (n.
f.) 1.
— Commencement réel d'un phénomène, d'une activité, d'une institution ; par ext., point d'où
l'on convient de faire partir une mesure, un repère.
2.
— Source ; ensemble des réalités et des processus à partir
desquels un phénomène a pris naissance : l'origine des espèces.
3.
— Principe, raison d'être de quelque chose.
4.
—
Développement rationnel des étapes idéales par lesquelles une réalité quelconque se constitue et qui permet d'en
expliquer les propriétés actuelles ; en ce sens, l'origine suppose bien un commencement, mais il n'est pas placé dans
un temps historique, dans une chronologie réelle ; c'est en ce sens que l'on parlait, au XVIIIe siècle, de l'origine du
langage, de l'inégalité, etc.
; SYN.
genèse ; l'idée moderne selon laquelle, dans le langage par ex., la totalité est
donnée avant les éléments qui se définissent par leurs relations matérielles, semble exclure cette approche.
5.
—
Original : a) Ce dont autre chose est la copie ou la représentation ; SYN.
modèle.
b) Qui ne ressemble à rien d'autre
; (péjoratif) fantasque.
6.
— Originaire : a) Qui tire son origine de...
b) Qui est l'origine de...
7.
— Originel : qui vient
de l'origine (péché originel).
LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.
2) Tout système de signes, tout système signifiant,
toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).
Le langage désigne aussi la totalité des langues
humaines.
Une naissance énigmatique
• Scientifiquement, la question de la naissance du langage ne peut se résoudre : nous n'avons aucun indice de ce
qu'a pu être une société humaine sans langage.
Il est donc impossible d'observer une telle société dans sa phase
d'acquisition du langage.
• Philosophiquement, le problème de l'origine du langage recouvre une autre question : à quel besoin humain répond
l"'invention" du langage ?
L'hypothèse de Platon
Entretien de Socrate avec Hermogène (385a-427e)
a.
Les noms sont faits pour instruire
Socrate fait d'abord admettre à Hermogène que les choses ont une existence stable, «un certain être permanent qui
n'est ni relatif à nous ni dépendant de nous».
Il en est de même des actes qui, eux aussi, sont une forme
déterminée de réalité.
C'est donc en conformité avec leur propre nature qu'ils se font, et non pas selon notre façon
de voir.
Par exemple, si nous voulons couper, nous devons couper suivant la façon naturelle de couper et en
employant ce qu'il faut pour couper.
Or parler et donc aussi nommer sont des actes et le nom est un instrument qui
sert à instruire et à distinguer la réalité comme la navette fait le tissu.
Il s'ensuit qu'il faut nommer les choses
«suivant la manière et le moyen qu'elles ont naturellement de nommer et d'être nommées» et qu'un bon instructeur
doit user du nom comme il faut, c'est-à-dire de «façon propre à instruire» comme un bon tisserand se sert comme il
faut de la navette, c'est-à-dire de «façon propre au tissage».
b.
Établir les noms est un art pratiqué par les législateurs En second lieu, Socrate convainc Hermogène qu'établir les
noms est un art difficile.
Si la navette est l'oeuvre du menuisier, de quel artisan le nom est-il l'ouvrage ? La réponse
de Socrate paraît étonnante : «N'est-ce pas la loi (l'usage) à ton avis qui les met à notre disposition? –
Apparemment...
– Ainsi Hermogène, ce n'est pas au premier venu qu'il appartient d'établir le nom, mais à un faiseur
de noms ; et celui-là, semble-t-il, est le législateur...» (Commentaire : on sait que dans l'Antiquité, le terme de
nomos désignait la loi aussi bien que l'usage.
Les premières lois, en effet, ne furent que les premiers usages.
Et d'où
vinrent d'abord les usages, si ce n'est des peuples eux-mêmes ? Certains commentateurs voient donc dans cette
notion de législateur le peuple avec ses chefs et c'est lui qui aurait peu à peu créé la langue.
Mais d'autres y voient
un personnage mythique ou un homme doué d'un instinct divin, d'autres enfin les premiers hommes.
Socrate laisse
dans le vague cette notion.)
c.
La tâche du législateur
Selon Socrate, de même que le menuisier qui fabrique une navette pour le tissage a les yeux fixés sur la forme de la
navette (la navette en soi), de même le législateur devrait savoir ce qu'est le «nom en soi», «le nom naturellement
approprié à chaque objet» pour l'imposer aux sons et aux syllabes.
Il y aurait donc pour chaque chose un nom
unique mais qui se trouverait appliqué par le «faiseur de nom» ou le législateur à une matière sonore variable selon
les lieux.
D'où les variétés des langues.
«De même que tous les forgerons n'opèrent pas sur le même fer en
fabriquant pour le même but le même instrument», de même chaque législateur n'opérerait pas sur les mêmes
syllabes chez les Grecs ou les Barbares mais donnerait néanmoins à toutes «la forme du nom requise par chaque
objet».
d.
Le législateur devra être guidé par le dialecticien
Et qui devra diriger et juger ensuite l'ouvrage du législateur ? N'est-ce pas celui même qui s'en servira? Or celui-là
est l'homme qui connaît l'art d'interroger et en même temps celui de répondre, c'est-à-dire le dialecticien.
Ainsi le
nom, ouvrage du législateur, devra, pour être bon, être fait sous la direction du dialecticien ou de la dialectique.
Socrate en conclut que Cratyle a raison de considérer les noms comme justes par nature et non par l'effet d'une.
»
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