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LES OEUVRES D'ART NOUS ENSEIGNENT-ELLES QUELQUE CHOSE ?

Extrait du document

« Ce que vous savez L'histoire de l'art est enseignée dans les lycées (même si on peut penser qu'elle n'a pas la place qu'elle mériterait), et plus généralement on considère que les connaissances en ce domaine relèvent de la culture générale.

L'oeuvre d'art jouerait donc un rôle éducatif. Cependant, la finalité première d'une oeuvre n'est pas d'instruire, mais de plaire.

Même si ce plaisir se distingue du plaisir des sens (voir à ce sujet le texte de Kant étudié plus loin), il n'en reste pas moins qu'il doit se suffire à luimême, et qu'il n'y a pas à lui chercher une utilité quelconque. L'étude des oeuvres d'art peut apporter de nombreux renseignements, et l'histoire ne saurait s'en passer.

Mais il est évident que ces oeuvres n'ont pas été produites à cette fin.

L'argument est donc de portée extrêmement limitée. Il n'y a pas que l'étude dans la vie.

Juger que l'oeuvre d'art ne nous apprend rien n'est donc pas nécessairement la condamner. Ce qu'il faut comprendre Comme nous venons de le voir, la première finalité de l'art n'est pas de dispenser un enseignement, mais bien de produire du plaisir.

Cependant, ce plaisir paraît enrichissant, et passe quelquefois par un effort préalable : toutes les oeuvres d'art ne sont pas d'accès facile. Ceci doit conduire la réflexion à poser la question du sens.

Un sens s'adresse à une intelligence, et on peut affirmer que tel est le cas d'une oeuvre d'art, qui ne se limite pas à satisfaire des pulsions sensibles.

Si par exemple l'oreille est flattée par une composition musicale, on jugera souvent que c'est au détriment de sa valeur artistique.

Donc, l'oeuvre d'art paraît bien avoir un sens. Mais elle ne peut se traduire conceptuellement sans trahison' Dire d'une oeuvre ce qu'elle veut dire, comme si sa fonction était de transmettre un message, c'est aussi la trahir.

Lorsqu'une oeuvre est perçue comme didactique, lorsque l'on peut la résumer par ses intentions, c'est une oeuvre manquée.

Pour cette raison, le lecteur d'un texte littéraire, par exemple, peut être considéré comme créateur de l'oeuvre qu'il découvre, dans la mesure où celle-ci le laisse libre de ses interprétations.

On peut résumer cela en disant qu'une véritable oeuvre d'art est toujours ouverte, ce qui la rend inépuisable. Ajoutons que l'art, dans la mesure où il s'adresse à la sensibilité, n'exprime pas directement des idées générales, mais présente un aspect particulier du réel ou de l'imaginaire, sans en tirer la leçon â€" libre au spectateur de le faire s'il en éprouve le désir â€" et sans l'intégrer dans un discours argumentatif.

Ce dernier doit obéir à l'exigence de cohérence, et doit être construit de telle sorte qu'un ordre de succession soit donné aux idées qu'il contient.

La magie de l'oeuvre d'art, par contraste, c'est qu'elle peut exprimer plusieurs idées à la fois, sans avoir à considérer comme une faute le fait qu'elles semblent se contredire. Quelle stratégie adopter ? Le risque est d'accumuler les préjugés, surtout si vous n'êtes pas très sûrs de l'étendue de votre culture artistique. Pour y échapper, la première précaution est de faire attention au sujet tel qu'il est libellé, et de ne pas le transformer en un vague « pour ou contre l'art ».

Comme nous l'avons vu, dire que l'oeuvre d'art n'a pas pour fonction de nous enseigner quoi que ce soit n'est pas la condamner. C'est pourquoi la première question à se poser est non pas « qu'est-ce que l'oeuvre d'art ? », question beaucoup trop générale et qui n'aurait d'utilité qu'en fin de devoir, mais bien « qu'est-ce qu'apprendre ? ».

Vous saurez dire sans aucun doute que cela signifie transmettre des connaissances.

Nous avons vu qu'il fallait opposer cette finalité à celle qui est proprement la finalité de l'art, produire un plaisir esthétique. Ce point de vue vous permettra de dénoncer les idées fausses que l'on pourrait se faire à ce sujet.

Non seulement il faudrait préciser que ce que l'oeuvre d'art nous enseigne accidentellement, par exemple comment se vêtaient les puissants au dix-septième siècle, ne permet pas de répondre affirmativement à la question, mais il faudrait même montrer que l'art ne peut servir à donner des leçons de morale sans se dénaturer.

Or, si l'art ne transmet aucun savoir objectif, ni ne permet d'éduquer moralement les mentalités, que reste-t-il comme possibilité d'apprentissage qui pourrait lui être imputée ? La réflexion en viendra alors à s'interroger sur ce que peut être le sens de l'oeuvre d'art.

Il faudra distinguer soigneusement la manière dont ce sens apparaît au spectateur de ce qui se passe dans un discours, comme nous l'avons vu.

Ceci permettra de montrer que l'art peut apporter ce qui manque au discours : celui-ci est contraint de fabriquer une cohérence, quelquefois très artificielle, pour rendre compte du réel.

Il lui faut tendre à ce que la raison de l'auditeur saisisse clairement ce qui est dit, et en maîtrise le sens et les implications.

Ainsi la raison reconstruit la réalité, ce qui lui permet de la modifier.

Or, l'oeuvre d'art, si elle est bien elle aussi une construction de l'esprit humain, se présente comme un donné brut, à l'instar des réalités naturelles, qui laisse libre son spectateur d'y voir ce qui lui apparaît. Peut-être est-ce alors l'essentiel de ce que nous apprenons au contact des oeuvres d'art : à interpréter librement ce qu'un esprit libre a produit, sans le souci d'exactitude ou de conformité qui caractérise normalement la réceptivité de celui qui cherche à apprendre quelque chose.

Il vient un moment où l'élève doit pouvoir se dégager de la parole du maître, et doit cesser de quêter son approbation.

La fréquentation des oeuvres d'art permet d'anticiper ce moment, et donc aide à se découvrir soi-même. Il est fréquent que des reproductions d'oeuvres soient utilisées — dans un ouvrage d'histoire, de littérature, etc.

— à titre de documents: le lecteur est invité à vérifier dans un tableau ou sur une sculpture le costume de l'époque, la. »

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