Les « nouveaux christianismes » et la question sociale au XIXe
Publié le 12/03/2022
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selle. Si Comte y renonce, il reprend de Saint-Simon l’expression même de science positive. Tous proclament la supériorté de l’ingénieur et de l’homme de sciences sur l’homme politique. On a pu dire que Saint-Simon annonçait davantage une technocratie qu’un socialisme. c) Ils sont convaincus que les institutions religieuses, et particulièrement l’Eglise catholique, ne sont plus, après la Révolution, que des survivances historiquement condamnées. Mais il n’en résulte pas que l’avenir soit à l’irréligion : croyances, rites, symboles sont indispensables à toute société. Saint-Simon et Fourier professent la plus vive admiration pour la morale des Evangiles dont ils prétendent réaliser historiquement les préceptes. Il y aura des églises saint-simoniennes, fouriéristes, positivistes, où se retrouvera plus ou moins le modèle de l’Eglise catholique. Cependant, à l’opposé du traditionalisme, il ne peut s’agir d’expiation et de soumission à un ordre transcendant, mais de réalisation du bonheur de l’humanité. Sans doute un Saint-Simon, un Enfantin, un Charles Fourier, prophètes étranges d’une humanité régénérée ne font guère figure de philosophes selon la représentation traditionnelle. Leurs écrits, parfois extravagants, ont pu même faire douter de leur santé mentale. Pourtant, ils ne révèlent pas seulement les aspirations de l’époque romantique ; ils participent pleinement à la vie intellectuelle du début du xixe siècle, à l’élaboration des concepts de la philosophie de l’histoire et des futures sciences de l’homme. Comment comprendre le positivisme d’Auguste Comte sans le saint-simonisme ? Henri, comte de Saint-Simon (1760-1826) est un petit-cousin du mémorialiste, duc et pair. Appartenant à la haute noblesse d’épée, il part en Amérique participer à la guerre d’indépendance en 1779. Pendant la Révolution, il se livre à des spéculations sur les biens nationaux et mène grande vie sous le Directoire. Mais ruiné par un associé, il vit difficilement sous l’Empire. C’est alors qu’il commence à publier : Introduction aux travaux scientifiques du XIXe siècle (1807-1808). Dès 1814, il publie De la réorganisation de la société européenne avec la collaboration de son secrétaire Augustin Thierry. Il collabore à des journaux libéraux, fonde la revue L’Industrie qui doit unir l’« industrie scientifique et littéraire » avec l’« industrie commerciale et manufacturière » ; et c’est ensuite, après 1819, La Politique, rédigée avec son nouveau secrétaire Auguste Comte. Une parabole fameuse expliquant que la
«
Les « nouveaux christianismes » et la question sociale
Pour réunir des auteurs tels que Fourier, Saint-Simon, Auguste
Comte, l'appellation de « philosophie sociale» est manifeste
ment trop vague : elle devrait englober le traditionalisme.
Celle
de « socialisme utopique», qui n'a guère de sens que par
référence au « socialisme scientifique » de Marx, comporte un
jugement de valeur ajouté à l'anachronisme et à
l'inexactitude du mot socialisme.
L'expression de « nouveau
christianisme», titre d'un ouvrage de Saint-Simon, rend mieux
compte de l'ambition philosophique de ces auteurs et de leur
sens de l'histoire.
a) Comme les libéraux et les traditionalistes, ils veulent tirer
les leçons de la Révolution française et la terminer.
Mais ils
ont une perception très neuve de la révolution industrielle qui
s'accomplit en Europe et interdit tout retour en arrière.
« La
force véritable aujourd'hui réside dans les industriels et la force
spirituelle dans les savants » (Saint-Simon).
Il faut donc une
complète réorganisation économique et sociale.
Mais cela
suffit-il pour parler de socialisme ?
b) Au contraire des traditionalistes, ces auteurs se rattachent
à la philosophie des Lumières : par la confiance dans les progrès
scientifiques et techniques, par l'enthousiasme pour la philoso
phie naturelle de Newton qu'ils veulent généraliser en une phi
losophie de l'homme et de la société, Fourier, Saint-Simon
entendent prolonger, universaliser la loi de la gravitation univer-.
»
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