Les mythes jouent-ils encore un rôle dans nos société ?
Extrait du document
«
Un mythe est au sens premier un récit, une légende imaginaire.
C'est pourquoi, au regard de la raison, de la
rationalité scientifique, les mythes ont pu longtemps passer pour des représentations illusoires et naïves sans grand
intérêt.
Toutefois, il s'agirait de se demander si les mythes n'ont pas une fonction.
En effet, le rejet des mythes a
tenu au fait que le discours de la raison pouvait s'imposer comme un discours vrai.
C'est donc en opposition au logos
qu'on a pu voir dans le mythe une forme vaguement primitive de la pensée.
Néanmoins, dans sa dimension
imaginaire, le mythe ne peut-il pas être autre chose que l'enfance de la pensée ? Il s'agirait ainsi de se demander si
le mythe ne peut pas avoir une fonction de cohésion sociale.
Sur ce point, nous vous conseillons de lire l'ouvrage de
Barthes, Mythologies.
Lévi-Strauss à son tour a pu montrer que les mythes relevaient d'une logique universelle et
qu'ils étaient alors une autre manifestation de la pensée.
Vous pouvez également analyser la place des mythes dans
leurs rapports avec la pensée rationnelle.
Pensez, par exemple au mythe de la réminiscence dans le Ménon : alors
que le dialogue parvient à une aporie, " comment peut- on apprendre ce qu'on ignore ? ", Socrate qui représente
l'incarnation de la raison, fait appel à un mythe en montrant qu'apprendre c'est se ressouvenir, c'est s'approprier ce
que nous savions déjà.
Interrogez-vous alors sur la fonction du mythe ici.
Ne s'agit-il pas de montrer que le savoir
présuppose une croyance, croire en la possibilité pour l'esprit de savoir ? Dans ces conditions, si le mythe a une
fonction, peut-on s'en passer ? le logos peut- il se substituer toujours au muthos ?
[Notre monde quotidien est peuplé de mythes.
Couvertures de magazine, slogans publicitaires,
spectacles de variétés mystifient la réalité.
Elle est porteuse des valeurs de la petite-bourgeoisie.]
Le moindre fait divers est un mythe
Roland Barthes, à travers cinquante-trois articles consacrés à des sujets d'actualité, cherche à décoder le
sens caché d'un événement apparemment anodin, d'un message publicitaire qui ne semble destiné qu'à
promouvoir un produit.
Parlant d'astrologie, de détergent, de la «nouvelle Citroën», il met en évidence des
mythes exprimant l'idéologie petite-bourgeoise.
Sans le savoir, nous sommes sans cesse mystifiés
Les valeurs morales, esthétiques de la petite-bourgeoisie se terrent derrière ce qui nous apparaît être sans
importance, ou sans conséquence.
Ainsi, il n'est pas innocent de dire que tel détergent «tue la saleté».
Ce
slogan révèle un mythe purificateur.
L'abbé Pierre est en soi un mythe: mythe de la sainteté, du dévouement.
Son visage, sa coupe de cheveux, sa barbe même, incarnent de telles valeurs.
Le réel doit être épuré
Les mythes qui traduisent l'idéologie petite-bourgeoise sont doublement pernicieux.
Premièrement, ils font
circuler des idées sans grandeur et sans originalité.
Deuxièmement, ils accentuent l'écart qu'il y a entre
langage et réalité.
Or, c'est en ayant une véritable connaissance du réel que l'homme peut le maîtriser et, par
conséquent, donner une assise véritable à son besoin de liberté.
[La mort du mythe est contemporaine de la naissance de la philosophie.
Le règne de la raison caractérise
la civilisation occidentale.
La pensée rationnelle s'oppose à la renaissance de la pensée mythique.]
Faiblesse explicative du mythe.
»
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